Moi, baissant les yeux : « Hum.. ça »
Elle : « J'avais pas envie de te saouler avec ça dans la voiture, mais maintenant qu'on est là.. »
Moi : « En vérité, il n'y a rien à dire, c'est comme si j'avais pas eu le choix. Je n'ai pas eu mon mot à dire, juste accepter et me taire »
Elle : « Est-ce que t'as essayé de lui expliquer ce que tu ressentais ? À quel point ce n'était pas une situation évidente pour toi ? C'est vrai ça, ce n'est pas rien de rester deux mois au chevet de quelqu'un. Normal que tu veuilles l'aider jusqu'au bout.. »
Moi : « Hum.. Je ne sais pas s'il arrive à comprendre tout ça. Je passe un peu pour une folle, je ne peux pas le forcer à rester avec moi, tu vois »
Je regarde le lac tout en jouant avec l'herbe que j'avais préalablement arrachée par stress.
Elle, passant sa main dans mon dos : « Allez ! C'est pas grave ma biche, ressaisis-toi, tu as la vie devant toi. Ça passera, tu verras, tout finis toujours par passer grâce à Dieu. Tu es jeune, profite de ce temps précieux ».
Sally avait le don d'être toujours positive. Finalement, elle avait peut-être raison, je devais pas autant m'attarder sur toutes ces choses. Mais qu'en était-il de moi ? Sally ignorait le mal-être que je ressentais au quotidien. Elle ignorait ce que je pensais de cette vie. Elle m'imaginait vieillir et profiter, mais ce n'était pas ma volonté. Elle s'ajoutait sur la liste en plus du prénom de mon frère. Qu'allait-elle penser de ma mort. La comprendra-t-elle ? J'imagine que sa réaction sera différente de celle de Lounès. Il n'y aura pas de colère, mais un douloureux chagrin. Enfin, est-ce que mon absence marquera réellement, finalement tout le monde reprendra sa vie. Tout le monde n'a pas le temps de se soucier des morts. J'espère que je ne lui ferais pas de mal, j'espère qu'elle comprendra.
Après avoir passé l'après-midi au parc, nous décidons de rentrer. Sur le chemin vers chez moi, Sally était beaucoup plus calme. La pluie commence à tomber, s'effondrant sur le pare-brise. De justesse, nous avions échappé à cette averse.
Sally : « Eh ben, à ça et on était sous la flotte ».
Moi, souriant : « Après, tu étais déjà dans le thème avec tes fesses mouillées.. »
Elle : « Ah donc c'est ça, les jeunes ne respectent plus les anciens maintenant ! »
Je rigole grossièrement. Nous arrivons en bas de chez moi. Sally tire le frein à main et se tourne vers moi.
Elle : « Ma petite Ezia, j'étais tellement contente de t'avoir vu aujourd'hui », elle passe sa douce main sur mes cheveux. « J'espère que ça ira, j'espère que tu ne te prendras pas trop la tête. Prend le temps de souffler, tu verras que tout finis par passer avec le temps, ma biche ».
J'aimerais vraiment que ça passe Sally, si tu savais combien de temps, j'attends.
Elle, poursuivant : « Aller, file, ne fait pas trop crier ta mère ».
Je hoche la tête et lui dépose un bisou sur la joue.
Moi, les yeux larmoyants : « Merci Sally.. Merci d'exister.. »
Elle me répond par son chaleureux sourire, celui qui réconforte, celui qui réchauffe mon cœur. Je ferme la portière, puis la regarde partir au loin. Pendant tout cet instant, elle avait agi comme un antidouleur, ma Sally, mon antidouleur. Au moment où elle m'a quitté, tout est revenu, encore plus poignant et froid qu'au début.
Lorsque je rentre, ma mère avait préparé le repas du soir. Elle était assise dans la cuisine, comme si elle m'attendait.
Elle, m'arrêtant : « Alors ? Ça s'est bien passé ? »
Moi, étonnée par sa remarque : « Euh.. Oui, c'était parfait ».
Elle, murmurant : « Tant mieux, alors ».
Je passe dans le couloir pour aller jusqu'à ma chambre.
Elle : « Ezia, attend ! »
Je m'arrête net et fait demi-tour pour savoir ce qu'elle me veut.
Elle : « Est-ce que tu veux bien t'asseoir, je crois qu'on doit discuter ».
Elle était étrange, elle semblait intimidée. Comme si elle se retenait de dire quelque chose. Je déglutis et m'installe timidement autour de la table. Pendant quelques minutes un silence régnait, elle regardait ses mains fermement posées sur la table. Ses joues étaient rouges, et quelques fois, elle mordillait sa lèvre du bas nerveusement.
Elle, brisant le silence : « Tu vois, je sais que toi et moi, c'est compliqué.. »
Je laisse échapper un rire de nerfs. Elle relève la tête et plonge à présent son regard dans le mien. On aurait dit un mélange de culpabilité, de tristesse et de douleur.
Elle : « Je sais qu'à tes yeux le mal est fait, qu'il est quasi impossible de réparer tout ce que j'ai pu te faire. Mais je veux que tu saches une chose.. »
Elle ne dit rien et cherche ses mots. Elle baisse la tête et finir par balbutier.
Elle : « Je.. Je m'en veux Ezia. Je suis désolée pour tout ce que je vous ai fait.. »
Elle relève la tête, cette fois-ci, son visage était inondé de larmes. Ma mère pleurait devant moi, son visage affichait une immense douleur. La dernière fois, elle paraissait désemparée tandis qu'aujourd'hui, elle était peinée. C'était son cœur qui s'exprimait, peut-être que sa fierté ne le voulait pas, mais elle ne semblait pas pouvoir le contrôler. J'avais mal au cœur de voir ma mère pleurer devant moi. Peu importe l'immensité de haine que je ressentais en moi, la voir devant moi dans cet état prouvait qu'elle allait mal. Est-ce que j'étais prête à lui pardonner ? Est-ce que je pouvais vraiment oublier ? Ma mère, cet être froid et distant. Elle restait avant tout ma mère, celle qui m'a mit au monde. Et j'étais consciente qu'elle était à présent mon seul parent. Aujourd'hui, elle me livrait une facette d'elle dont j'ignorai la réaction adéquate à avoir. Je n'avais jamais connu ma mère dans un flot de tristesse. Elle ne pleurait jamais devant nous, elle ne baissait jamais les armes. Pourquoi aujourd'hui en arrivait-elle à ce stade ?
Moi : « Je veux que tu m'expliques »
Elle plonge son regard dans le mien.
Moi : « Si tu veux que je puisse te pardonner un jour, tu dois m'expliquer ton comportement, je ne veux pas rester dans ce mystère et cette colère ».
Elle, reniflant : « Je.. C'est compliqué, Ezia »
Moi, agacée : « Qu'est-ce qui est compliqué ? Comment, ça peut être compliqué, tu ne peux pas me laisser comme ça, sans explication ».
Elle : « Je ne sais pas quoi te dire, à part que je suis désolée.. »
Je me lève. Et reprend mon calme.
Moi : « Tu sais maman, des fois ça ne suffit pas d'être désolé ».
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Ezia - L'âme de mes larmes.
De TodoC'est l'histoire d'Ezia. Elle mène une vie quelque peu banale, rassemblant les petits tracas du quotidien. Arrive ce jour fatidique, qui marque le début de son immense chagrin. Son monde s'écroule, la plongeant dans un flot de solitude. Le chagrin s...