... : « Vous comprenez bien madame que ce n'est pas une attitude à avoir au sein de notre établissement et qu'il est de mon ressort de veiller à son bon fonctionnement ».Ma mère hoche la tête silencieusement.
... : « nous nous sommes réunis avec l'ensemble des professeurs et nous avons décidé d'une période d'exclusion de deux semaines. Évidemment s'accompagnera une sanction demandant un travail à fournir et à remettre dans de bref délais. »
Le proviseur pose son regard sur moi.
Lui : « Inutile de préciser que des excuses à justes mesures doivent être présentées. »
Ma mère me regarde à son tour, le regard insistant et les sourcils froncés.
Je hoche la tête et tourne mon regard vers la fenêtre.
Il continue de discuter avec ma mère en veillant à n'omettre aucun détails.
Nous sortons, dans un silence oppressant. Elle marche devant moi d'un pas pressé et rythmé. Elle sort la clé de la voiture de son sac et ouvre violemment la porte. Je la suis en essayant d'être coordonnée avec son rythme pressé. Je m'installe à l'avant, et subitement ma joue se met à chauffer. Ma mère venait de me gifler. Je mets instantanément ma main sur celle-ci pour calmer le crépitement de ma joue enflammée.
Je la regarde et plonge dans ses yeux remplis de colère. Ses joues étaient rouges écrevisses, ses sourcils marquaient terriblement sa ride du lion et enfin son torse se soulevait si rapidement.Elle me menace d'une voix grave : « Comment tu as pu ! Comment tu as pu me foutre une honte pareille Ezia ! Pour qui tu nous fais passer espèce d'idiote, déjà qu'on s'était fait remarquer qu'est-ce que tu crois qu'ils vont penser de nous ? Hein ! Dis-moi ! Mais non toi t'as voulu jouer les rebelles alors qu'on te demande qu'une seule chose » elle soupir d'agacement. « Une seule chose Ezia ! Travailler ! J'en peux plus, je sais pas quoi faire, tu m'épuises. Tu me rends malheureuse, est-ce que tu crois que j'ai demandé tout ce qui m'arrive ! Hein ? »
Plus elle parlait, plus sa voix montait. Elle semblait hors d'elle, elle agitait ses mains dans tous les sens.
Mes larmes montaient. Pas de tristesse, non, de colère.Elle me crie dessus : « J'ai rien demandé moi ! Pourquoi tu nous rajoutes des problèmes encore et encore. Ça te fait rien tout ça ? Tu me fais souffrir pour la mort de ton père ! »
C'en était trop. Je lui hurle de toutes mes tripes.
Moi : « Ne parle pas de mon père ! Tout ça, c'est ta faute, tu vois même pas tout ce que je vis depuis des mois », mes larmes ruissellent à présent sur mes joues. « Tu m'as forcé à aller au lycée, mais m!rde alors qui fait ce genre de chose dis-moi ? Je viens de perdre mon père ! T'en as conscience un peu ! T'es méchante, c'est toi la méchante, c'est toi qui me fais souffrir depuis toujours, tu me gâches la vie, tu ne fais que de me rabaisser, tu montres devant moi que tu préfères Lounès et que tu n'aimes que lui. Depuis que je suis petite, tu fais une différence, depuis petite, c'est à lui que tu fais des câlins, c'est à lui que tu achètes tout, c'est à lui que tu prépares tout. La mort de papa m'a condamné, plus jamais je pourrais recevoir un amour aussi fort qu'il m'a donné. C'était le seul qui arrivait à me faire sentir exister. Grâce à lui, je voyais plus ton manque d'amour. C'était le seul qui me comblait, il aurait tout fait pour moi et maintenant, c'est fini, il n'y a plus personne derrière moi », ma gorge tremble, mes yeux se floutent, j'ai terriblement mal au cœur. « Regarde-nous, tu parles de honte, mais toi alors t'as même pas honte de délaisser tes enfants. Ton fils se drogue dans sa chambre tous les soirs et ça te fait rien. Ça fait des mois que je mange un repas par jours, que je vomis toutes les nuits à force de pleurer », je ne me contrôle plus, j'expulse toute cette colère accumulée. « Tu brises notre famille, parce que t'es égoïste et rien d'autres. T'es tellement égoïste que t'as même pas su me dire que si papa est mort, c'est parce qu'il avait un p!tain de cancer des poumons ! »
J'ouvre violemment la porte de la voiture et me met à courir. Jamais auparavant, j'aurais cru pouvoir faire ça. Jamais j'aurais cru pouvoir déballer tout ce que j'avais sur le cœur à ma mère, cet être froid et fermé.
Je cours en faisant une ligne droite sans trop réfléchir. Je cours sans jamais m'arrêter. Je ne sais même pas où je vais. Je sanglote tous le long parce que je suis terriblement fatiguée. Mon papa me manque terriblement et la situation actuelle empire ma tristesse. Rien ne m'aide à aller mieux et ma vie n'a plus aucun sens. Je n'avais aucune copine proche de moi, je ne sortais avec personne à part mon père. C'était mon confident, il m'aidait pour tout et le conseillait pour tout.Comment j'étais censée faire à présent ?
À ce moment-là, j'ai l'impression de devenir folle. À tel point que je ralentis le pas jusqu'à même m'accroupir au sol pour reprendre mes esprits. Mon cœur bat la chamade, mes joues brûlent et enfin mes yeux me piquent terriblement. Plusieurs minutes passent et j'essaie de retrouver mon calme. Je finis par le lever la tête et me rend compte que je ne sais pas vraiment où je suis. J'avais atterri dans une petite ruelle vide de passage. J'entends que mon téléphone vibre dans le fond de mon sac. Je le prends et l'éteint directement surtout après avoir vu le nombre d'appels manqués.
Je regarde le ciel, désespérée, les larmes ne peuvent pas s'empêcher de couler encore et encore. Comment j'allais bien pouvoir faire calmer cette immense tristesse qui me rongeait tous les jours, à chaque instant, à chaque moment. J'étais perdue dans ce monde et je n'avais désormais plus aucune raison d'exister. Plus rien n'avait de sens et survivre était un cauchemar perpétuel.
De longues minutes sont passées si bien que le ciel s'était assombri entre-temps. Un petit vent frais me fait comprendre qu'il était temps de rentrer. J'essayais de ne pas penser à ce qui allait m'attendre, à ce que j'allais devoir endurer après mes actions d'aujourd'hui. J'avance tristement et essaie tant bien que mal de retrouver mon chemin. Je finis par reconnaître la boulangerie quelques rues près de mon lycée. Je prends le bus, colle mon front sur la vitre et ferme les yeux jusqu'à mon arrêt.
Je sors la clé de mon sac, je la regarde dans ma main et je reste bloquée. Mon ventre se noue, ma gorge se serre. J'avale ma salive malgré le tremblement de mon corps, je tourne la clé dans la serrure et j'ouvre la porte.
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Ezia - L'âme de mes larmes.
RandomC'est l'histoire d'Ezia. Elle mène une vie quelque peu banale, rassemblant les petits tracas du quotidien. Arrive ce jour fatidique, qui marque le début de son immense chagrin. Son monde s'écroule, la plongeant dans un flot de solitude. Le chagrin s...