Chapitre 5 - Amour immortel.

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Il me regarde, tandis que j'essayais par tous les moyens de fuir cette situation dans laquelle je m'étais mise seule. Mais rien n'y faisait, j'étais face à lui, complètement immobile et coincée dans cette question piège. J'avais balbutié quelques mots, mais je me sentais ridicule d'avoir précédemment sorti ces mots de ma bouche.

Je baisse les yeux, sentant que mes joues commençaient à se réchauffer.

Lui, concluant : « Bref ».

Je relève la tête et plonge à nouveau mon regard dans le sien. Il avait un air très sérieux, mais à la fois, j'avais l'impression que lui aussi ne savait pas. Il ne savait que dire et ne savait surtout que faire de mes propos incohérents. Mais je voyais essentiellement qu'il ne me jugeait pas. Qu'il n'attendait pas que je sache quoique ce soit, comme s'il me laissait me préoccuper de lui, bien qu'il soutienne que nous ne pouvions nous fréquenter. Était-ce parce qu'il avait de la compassion pour les moments où j'avais manifesté l'envie de l'aider, ainsi que tout ce temps passé à l'hôpital à son chevet ? Essayais-il, d'une manière, de me rendre l'appareil avec une fine compassion ?
Il ne devait pas. Ça me rendrait malade de savoir qu'il veuille me rendre quoique ce soit. Je ne méritais rien, je devais simplement m'assurer que sa vie à lui aille bien. Et puis, à quoi bon ? Il l'ignorait, mais je n'avais rien à faire de cette vie, je ne me souciais pas de la qualité de celle-ci. Je ne voulais pas qu'il se sente redevable de quelque chose que j'avais inconsciemment causé. Quelque chose dont j'étais impliquée et que j'avais décidé de lui cacher jusqu'à présent.

Lui, d'une voix beaucoup plus calme : « Écoute, je sais que là-dedans », il pointe le haut de ma tête. « Ça cogite beaucoup trop. Mais ça ne sert à rien, profite de l'instant. Tu feras ta vie de ton côté, je ferais la mienne. Mais là, maintenant, profite et arrête de penser. Oui, je suis infréquentable, que tu le veuilles ou non, je sais ce que je fais et de quoi je suis capable. Ma compagnie ne t'apportera rien de positif et ne cherche pas à savoir pourquoi ».

Moi : « Mai.. »

Lui, me coupant : « Non, stop ! On est là pour faire des manèges et rien de plus. Arrête de vouloir tout comprendre Ezia. Profite, je te rappelle que tu as fugué pour être ici ».

Il décroche un léger sourire moqueur tout en levant ses sourcils. Subitement, il attrape fermement ma main énergiquement. Il enferme chacun de ses doigts entre les miens, tandis que par surprise, j'avais fait un léger bond en arrière, le regardant, pleine d'incompréhension. Mes yeux étaient grands ouverts, je le fixais en essayant d'avoir une explication à cette action soudaine, mais il ne disait rien, il agissait simplement, serrant ma main contre la sienne. Elle le tirait vers moi, puisque je m'étais légèrement reculée, mais il l'agrippait à la fois si vigoureusement et gracieusement. Elle s'était rapidement accompagnée d'une chaleur que je ressentais de sa paume. Ma main s'était réchauffée instantanément, parmi le froid qui nous entourait. J'entends les battements de mon cœur s'accélérer, j'avais d'ailleurs peur qu'il puisse les entendre vibrer dans ma main tellement ils faisaient écho en moi. Je n'étais pas habituée à ce genre de contact, et lui, l'avais fait si naturellement que je n'avais pas eu le temps de réagir. Il finit par m'entraîner dans un mouvement de joie, vers les vives lumières des attractions.

Lui : « Allez ! Dépêche-toi ! Tu vas bientôt rentrer ».

Sans aucun mot, je suis entraînée par sa main et me retrouve à trottiner à son allure. J'étais toujours aussi étonnée, mais étrangement je n'éprouvais pas l'envie de fuir. Je n'avais pas ces rougeurs qui me prenaient le cou, rien ne me donnait le tournis ou ne me faisait ressentir un malaise. Je ressentais seulement cette chaleur qui émanait de sa main. Cette poignée ferme qui me disait de me taire et d'ouvrir les yeux sur ce qu'il y avait devant moi. De simplement le suivre et ne penser à rien. Ces doigts fermement agrippés, qui m'empêchaient de tomber et qui semblaient vouloir me protéger. Cette main qui me guidait, celle de Yumes, qui m'empêchait de trop réfléchir, de me tourmenter et de me faire du mal. Ce soir, j'avais envie d'oublier mes pensées, de les faire taire juste un moment.

Ezia - L'âme de mes larmes.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant