Yaz affichait une mine tendue tandis que Sofiye s'étouffait au sol dans ses rires. Mes joues étaient brûlantes, j'étais tellement gênée.
Yaz : « Ezia, viens là ».
Je me lève et le suis dans sa chambre.
Moi : « Qu'est-ce que t'as ? »
Lui : « Assieds-toi, on doit parler ».
Moi, ricanant légèrement : « Hein ? Mais, qu'est ce que tu racontes, c'est quoi cet air.. »
Il me coupe brusquement la parole.
Lui : « Arrête de rigoler, je suis très sérieux Ezia. C'est quoi cette histoire de trousse ? Tu m'expliques ? »
Moi, m'asseyant enfin sur la chaise de bureau : « Ah ça.. C'est rien, j'étais énervée et il m'a cherché aussi ».
Lui : « Il t'a cherché ? Dis-moi si je me trompe, mais ça te ressemble pas ce genre de comportement. Je sais que tu me caches quelque chose, dis-moi ce qui se passe ».
Moi : « Rien, vraiment. Tu veux qu'il y ait quoi dis-moi ? ».
Je le regarde dans les yeux, il semblait perdu fasse à mon comportement. Fidèle à lui-même, il savait pertinemment qu'il n'y avait pas rien. Mais, il voulait me l'entendre le dire.
Lui : « Ezia ».
Moi, en me levant spontanément : « Quoi ! Y'a rien Yaz, c'est bon, je me suis juste emporté, qu'est-ce que tu veux que je te dise de plus ? Ah oui, mon père est mort, mais ça tu le sais déjà ».
Un blanc s'installe. Il ne parle plus, il plonge son regard dans le mien, ses yeux remplis de pitié. Je sens la chaleur parcourir mon corps. Qu'est-ce qui m'a pris de dire ça. Moi qui essayais tant bien que mal de cacher ça au mieux, je venais de me trahir toute seule. Et ça, ça ne pouvait pas échapper à Yaz. Il s'approche très lentement de moi. J'étais déboussolée, déçue de ne pas avoir réussi à tenir plus ce que j'avais sur le cœur. Je passe frénétiquement ma main dans mes longs cheveux, car le stress commençait à me ronger. Yaz s'approche de moi et dépose ses mains sur chacune de mes épaules. Je ne dis rien et m'efforce de contenir ce qui ruminait en moi. Il passe sa main de géant sur le côté droit de ma tête et caresse doucement mes cheveux.
Yaz : « Je suis désolé pour toi Ezia, je sais que ça ne va pas. »
Ezia, je t'en supplie ne craque pas. C'était si dur de ne rien exprimer, je savais pertinemment que mon visage me trahissait et ça même depuis le moment où il était venu me chercher à la gare. Yaz ne pouvait pas s'empêcher de veiller sur moi et de jouer son rôle qu'il arborait depuis toujours, mon deuxième grand frère.
C'était étrange mais, il faut croire que ça m'avait manqué. Lounès étant en perdition totale, son rôle fraternel me manquait terriblement. Je n'avais plus que lui, mais il m'abandonnait à son tour, lui qui m'apaisait pourtant si bien sans même devoir parler.Yaz, de sa voix basse : « Arrête de tout garder, je te connais, toi et Lounès, vous êtes les mêmes. Pas besoin de faire semblant. »
Moi, la voix tremblotante : « Lai.. Laisse-moi ».
Il me regarde aussi intensément qu'au début. Comme s'il lisait en moi. Et, pour ne rien arranger, une de mes larmes, pourtant si bien gardée, roule sur ma joue rosée, me trahissant alors coûte que coûte.
Il approche sa main de ma joue et essuie de son pouce la larme qui venait de me dénoncer. En quelques secondes, la douleur de mon cœur s'éparpille dans le reste de mon corps, provoquant une marée de larmes s'inondant sur mes joues. Je recouvre instinctivement mes yeux de mes mains, et me noie dans mon chagrin. J'avais honte d'être aussi fragile et vulnérable. Honte de ne pas pouvoir me contenir et laisser ma tristesse ressurgir. Je ne voulais pas lui montrer cette face-là de moi, et je ne voulais la montrer à personne d'ailleurs.Je m'accroupis au sol, sanglotant ma douleur. J'étais épuisée d'avoir mal, épuisée de vivre sans mon père.
Yaz se met à ma hauteur et m'enlace fermement. Au bout de quelques minutes, je pose à mon tour mes mains sur son dos et me repose sur lui, tentant de me calmer.
Finalement, je réussis à reprendre mes esprits plus rapidement que les autres fois. Je me sentais si seule depuis des mois, j'avais l'impression d'être soutenue l'espace d'un instant. Après m'être calmée, une discussion a commencé entre lui et moi. Au début, il m'a sermonné pour l'école en me disant que ce n'est pas en me faisant exclure que tout allait s'arranger. Malgré ça il m'a quand même comprise quand je lui ai fait part des remarques de mon professeur et de l'habitude de ma mère vis-à-vis de l'école. Je lui ai parlé de ce que je pouvais ressentir ces derniers mois. Je lui racontais comment je vivais tout ça ou du moins comment je supportais tout ça. Je ne lui disais pas tout, mais je lui disais l'essentiel. Il ne disait rien et m'écoutait attentivement. Arriva la question de Lounès. À ce moment-là, je ne voulais pas aller plus loin. Je ne voulais pas que notre famille sache à quel point il était tombé bas, à quel point il était désormais méconnaissable. Yaz serait hors de lui s'il l'apprenait et au fond de moi, j'espérais toujours désespérément qu'il ne s'agisse que d'une passade. Alors, je me tus et gardai cette souffrance dans mon cœur. On avait finalement beaucoup parlé et je crois que je préférai que ça se fasse maintenant plutôt que de devoir me contenir autant pendant tout mon séjour. Dorénavant, je savais qu'en cas de coup de mou, il connaissait à présent la raison de mes humeurs et mes agissements. Même si je gardais ça pour moi, je pense qu'une partie de moi était soulagée de pouvoir se reposer un peu fasse au brouhaha de mes émotions.Le chemin s'annonçait dur. Chaque jour était un supplice pour moi. Je ne comprends pas ce que je dois faire de ma vie ni ce que je dois devenir. Plus rien n'a de goût et de passion. J'allais alors devoir trouver un sens à ma vie et surtout, par-dessus tout commencer à accepter que mon précieux bijou s'était envolé.
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Ezia - L'âme de mes larmes.
De TodoC'est l'histoire d'Ezia. Elle mène une vie quelque peu banale, rassemblant les petits tracas du quotidien. Arrive ce jour fatidique, qui marque le début de son immense chagrin. Son monde s'écroule, la plongeant dans un flot de solitude. Le chagrin s...