La dame : « D'accord, suivez-moi, c'est par ici ».
Je la suis silencieusement. Ça y est, c'était actée. J'avais, une fois de plus, porté le poids d'un mensonge sur mon dos. Ils s'entassaient et j'ignorais jusqu'où j'allais pouvoir supporter tout ça. Mais c'était bizarre, je ne voulais pas l'abandonner. Je ne voulais pas le laisser là même après tout ça. Peut-être que c'était une manière de m'excuser, une manière d'alléger un peu ma culpabilité.
La dame, toujours en marchant d'un pas décidé : « On ignore encore, si votre cousin va s'en sortir. D'après le médecin, il aura plusieurs séquelles même s'il s'en sort ! »
Je ne dis rien, mais je l'écoute attentivement comme si la vie de mon frère était en jeu.
Elle, poursuivant : « On ne sait pas encore les circonstances du choc qu'il a subi, mais puisqu'il a été découvert sur la route, on imagine qu'il a dû être renversé. »
Mon sang se glace. J'ai des sueurs froides en repassant à tous ses événements.
Elle, toquant à une porte : « Voilà, c'est ici. Comme nous sommes surchargés, il ne reste que des chambres double. »
Elle ouvre la porte, après qu'une petite voix se soit manifestée. La pièce était illuminée par une petite lampe de chevet. La télévision était allumée et projetait tout un tas de lumières. Une jeune femme était allongée sur l'un des deux lits. Des dessins tapissaient les murs, sa table de chevets était rempli de bouquins et son lit était couvert d'une belle couverture à poils. Elle était allongée, les yeux légèrement plissés, un foulard couvrait sa tête. Elle se redresse dans son lit, ajustant son grand oreiller derrière elle lorsqu'elle nous voit.
La dame s'approche de son lit tandis que je reste immobile devant l'encadrement de la porte.
La dame : « Bonsoir Sally ! Comment tu vas ce soir ? »
Sally, en rigolant : « Ah ! Comme tous les jours, hein. Je me sens bien grâce à Dieu »
La dame : « Désolé de te l'annoncer, tu vas encore une fois devoir partager ta chambre ! »
Elle se décale légèrement et pose son regard sur moi. J'étais assez embarrassée et je ne savais pas vraiment comment me comporter.
Sally, souriant : « C'est pas grave, j'ai l'habitude, et puis ça me fait de la compagnie ».
La dame : « Un ange tombé du ciel cette Sally ! Allez-moi, je dois y aller, j'ai du travail », elle se tourne vers moi. « Entrez madame, votre cousin viendra au moment venu, ne vous inquiétez pas ! »
Moi, en bégayant : « Euh.. D'accord merci beaucoup ». Je m'avance dans le fond de la pièce et m'installe sur le siège à côté du lit vide.
La dame, en refermant la porte : « Ah, j'oubliais, vous aurez sûrement la visite de la police pour décrire votre version concernant les circonstances de l'accident puisque vous y étiez ».
Je déglutis légèrement, à la fois mal à l'aise face au regard persistant de la jeune femme, mais aussi stressée à l'entente du mot "police". La dame finit par fermer la porte nous laissant toutes les deux dans la petite pièce. Elle me regardait toujours, tandis que moi, je posais mon regard sur mes mains que j'avais rassemblées conjointement.
Elle : « Ça ne te dérange pas, le son de la télé ? »
Je lève les yeux vers elle, étonnée de l'entendre me parler.
Moi : « Euh, non pas du tout ! Fais comme chez toi, enfin euh.. Je veux dire, tu étais là avant moi, ne te gêne pas pour moi vraiment.. »
J'étais donc vouée au ridicule quand la gêne s'emparait de moi.
Elle se met à rire avec un rire d'enfant. Sa voix était douce, son rire était comme réconfortant. Ça me faisait penser à mon enfance, à l'innocence, au bon vieux temps.
Elle, le sourire aux lèvres : « Je suis Sally, enchantée ».
Moi, lui souriant comme je peux : « Moi, c'est Ezia ».
Elle : « J'ai cru comprendre que j'allais partager ma chambre avec ton cousin, c'est ça ? »
J'étais terriblement gênée de devoir assumer jusqu'au bout le poids de mon mensonge.
Moi : « Hum.. Oui, c'est ça ».
Elle : « Ah, je vois, on sera sûrement amenée à se revoir alors Ezia ! »
Moi : « Oui, c'est possible. Enfin, je n'ai pas encore de nouvelle sur son état, donc je ne sais même pas combien de temps, je serai là.. »
Elle : « Oui, c'est vrai, excuse-moi. Avec le temps passé ici, j'ai tendance à essayer de ressortir la positivité de cet endroit. J'imagine que ça ne doit pas être facile pour toi, je suis désolée d'avoir été maladroite, j'espère que ton cousin va vite se rétablir et qu'il s'en sortira indemne. »
Malgré la fatigue qui se lisait sur son visage, elle était si belle, si douce et rassurante. Sa voix entrait en moi et se déposait sur mes blessures. Elle me berçait, me rassurait. J'avais envie de l'entendre parler, encore et encore. C'était comme si de la lumière jaillissait derrière elle quand elle parlait. J'avais l'impression d'être folle, de ne plus voir correctement avec cette fatigue accumulée et toutes les émotions de ce soir.
Sally semblait avoir passé un moment dans cet endroit d'après sa manière de parler. J'imagine qu'elle doit être malade, mais malgré ça elle fait tout pour que ça ne se remarque pas.Moi, timidement : « Merci, c'est gentil ».
Elle me fait un grand sourire et se replonge dans son émission. Je pose la sacoche que je tenais fermement entre mes mains jusqu'à maintenant sur la petite table de chevet. Je sors à nouveau mon téléphone, et compose un numéro. Avant, d'appuyer sur la touche pour l'appeler, je lève les yeux vers Sally. Elle venait de s'endormir. J'imagine que nous l'avions réveillée, et que par politesse, elle avait tenu à échanger avec moi. Je marche délicatement vers la sortie pour ne pas la réveiller. En passant, je m'approche de sa table de chevet et éteins la petite lampe allumée. Juste à côté se trouve un cadre, avec une photo d'elle avec une petite fille dans les bras. Elles se ressemblaient énormément, c'était impressionnant. Je souris inconsciemment, face à leur sourire heureux. Même si je ne connaissais pas Sally, ni les raisons de sa présence dans cet hôpital. Je pensais à elle et sa famille qui devait partager cette épreuve.
Je me dirige vers la porte et la referme soigneusement pour ne pas la réveiller. Une fois dans le couloir, j'appuie sur le numéro et patiente dans ce couloir frais.Moi : « Allo, Lounès ? »
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Ezia - L'âme de mes larmes.
RandomC'est l'histoire d'Ezia. Elle mène une vie quelque peu banale, rassemblant les petits tracas du quotidien. Arrive ce jour fatidique, qui marque le début de son immense chagrin. Son monde s'écroule, la plongeant dans un flot de solitude. Le chagrin s...