J'ai très peu dormi. Non pas parce que Sofiye ronflait librement, mais surtout parce que la soirée d'hier m'avait fait réfléchir toute une partie de la nuit. J'avais constamment l'impression que mes sentiments étaient éparpillés dans tous les sens et qu'il m'était quasiment impossible d'y mettre ne serait-ce qu'un minimum d'ordre.
Je repensais à ma mère et à sa "punition". Qu'attendait-elle de moi à travers ce séjour. Est-ce qu'elle voulait secrètement s'éloigner de moi ? Est-ce qu'elle en était arrivée à un ras-le-bol ? C'est fou, mais je n'ai jamais réellement réussi à la comprendre, à savoir ce qu'elle pensait. Elle était si contradictoire, parfois, elle semblait m'aimer, mais quasi souvent, elle me rejetait. Je me demandais terriblement ce que j'avais pu faire pour la rendre comme ça. Quel pouvait être mon problème.
Aujourd'hui, ma tante a demandé à Yaz de nous amener Sofiye et moi au centre commercial de la ville pour que l'on puisse se changer les idées et manger là-bas pour le déjeuner. Ça faisait une éternité que je n'y avais pas mis les pieds. Quand j'étais enfant, j'y allais habituellement avec mon père. À chaque course qu'il voulait faire, je le suppliais pour qu'il me prenne avec lui. Il y avait un manège au milieu du centre. Chacune des fois, il me laissait faire un tour ce qui me comblait considérablement de joie. Je me souviens qu'il me disait très fermement, de tout son sérieux « Ezia un seul tour d'accord ». Et, puis pendant mon tour, au moment où je passais devant lui, je lui criais « Un tour papa ! Un tour hein ! » et il rigolait de son beau sourire réconfortant. C'était mon père, mon précieux bonheur. Sur la route, j'avais un petit pincement au cœur, repensant à tous les souvenirs que la ville faisait ressurgir. J'ai beaucoup aimé grandir ici avec ma famille, quand nous avons déménagé, ça a été dur de quitter tout ce que je connaissais. Au final, j'avais en quelque sorte l'impression de laisser une partie de mon enfance ici.
Yaz : « Sofiye, aucune dépense inutile, j'te préviens ».
Sofiye : « Oh ! Ça va, laisse-moi un peu. Et, puis il y a pas que moi, tu oublies Ezia ».
Moi, ricanant : « T'en fais pas pour moi vraiment, je vais réussir à me tenir ».
Yaz, en me regardant dans le rétroviseur intérieur : « J'ai plus confiance en Ezia qu'en toi. Et, puis Sofiye je dois te rappeler ce qui s'est passé il y a deux semaines avec tes copines.. »
Sofiye, l'interrompant : « Ça va ! C'était pas fait exprès ! Tu saoules Yaz, tais-toi un peu ! »
Moi : « Quoi ? Il s'est passé quoi, il y a deux semaines ».
Yaz, l'air moqueur : « Figure-toi qu'elle et ses copines.. »
Sofiye : « Rien ! Moi et mes copines rien du tout ! Fermes là Yaz ! ».
Il se met à rire, tandis que Sofiye fronçait les sourcils et murmurait des menaces d'agacement.
Yaz : « Elles ont dépensé plus de quatre cents euros chacune, et Sofiye a pris la carte de ma mère. »
Je pousse un léger cri abasourdi et pose instinctivement ma main sur ma bouche. Yaz se met à rire après avoir vu ma réaction. Sofiye s'énerve contre lui et se met à lui taper l'épaule pendant qu'il conduisait.
Sofiye : « Yaz ! T'es énervant vraiment ». Elle me regarde à présent. « Ça va-toi, fais pas la choquée ! Et, puis c'était un accident, j'ai pas vu le montant total, c'est tout ».
Yaz : « Ouais à d'autre ! En attendant, elle s'est fait punir par mes parents, t'imagine pas dans quel état ils étaient. Ma mère la forcée à aller tout rendre au magasin, c'était une sacrée honte avec tous ses sacs. Elle a pleuré quand elle a dû se séparer de tout ce qu'elle avait trouvé ».
VOUS LISEZ
Ezia - L'âme de mes larmes.
De TodoC'est l'histoire d'Ezia. Elle mène une vie quelque peu banale, rassemblant les petits tracas du quotidien. Arrive ce jour fatidique, qui marque le début de son immense chagrin. Son monde s'écroule, la plongeant dans un flot de solitude. Le chagrin s...