Ce soir-là, j'étais restée sous la douche à me frotter encore et encore. Le stress revenait me causant de multiples plaques rouge sur le corps. Je me frottais la peau de sorte à ne plus ressentir cette douleur et tous ces souvenirs. Ma tête allait exploser ce qui me pousse à prendre un médicament pour faire taire tout ce remue-méninges. Allongée dans mon lit, la couverture soigneusement rabattue sur mon corps fragile. Les yeux fermés, je me remets à penser. Je réalisais que si Yumes n'étais pas intervenu, je ne serais pas là dans ce lit confortablement bordée prête à rejoindre les bras de Morphée. Peut-être qu'il ne le réalisait pas, mais il venait en quelque sorte d'allonger ma vie pour quelque temps. Hélas, je ne crois pas que ça puisse suffire pour m'ôter ces idées noires préalablement installées depuis des mois. Je ne sais pas quand partir, je crois que j'attends le jour venu. J'étais sûrement persuadée qu'il y aurait un jour où je me réveillerais avec la ferme conviction qu'il s'agirait de mon dernier réveil dans ce monde. Je crois que ce jour venu, je ne me poserai plus de question, tout sera clair et évident quant à mes choix. Pas que je ne doute, au contraire, je ne crois pas qu'il existe meilleur repos qu'auprès de mon père. Mais, disons que mes réactions humaines m'empêchent de passer à l'acte. Mes sentiments sont encore trop vifs, je me sens encore attachées à des choses et tant que je ne me détacherais pas complètement, ce jour ne pourra pas arriver. J'imagine que c'est psychologique. Une part de moi ne peut pas accepter cet égoïsme. Bien que je souffre, je n'arrive certainement pas à m'adapter à ce nouveau trait. Mais je sais que je ne pourrais pas souffrir éternellement, je ne le supporterai pas encore longtemps et mon corps me le faisait clairement comprendre.
Je m'endors, après des minutes passées à réfléchir. Tout se mélangeait. Je réfléchissais beaucoup à Yumes et à chacune de ses actions. D'une part, j'avais du mal à comprendre ce qui était en train de m'arriver. J'étais initialement sortie de ce petit garage pour une seule raison. J'étais troublée, apparemment troublée par Yumes. Mon corps me faisait ressentir des choses simplement parce que je le regardais, j'entendais ses rires et percevais chacune de ses mimiques. Mais je ne comprenais pas pourquoi, je ne comprenais pas ces réactions en moi. Il me perturbait. Pourquoi sa personne avait un effet sur la mienne ? Pourquoi, d'ailleurs, étions-nous si naturellement connectés ? Il m'avait pris dans ses bras, si simplement sans se poser de question, comme s'il savait que c'était l'unique et meilleure solution pour ce moment-là. Alors que lui comme moi, sommes finalement que des inconnus qui semblent garder beaucoup de leurs secrets. Mais il y avait ce truc inexplicable qui, depuis cette chambre d'hôpital, faisait que nous arrivions à nous lier si facilement.
D'autre part, je ne pouvais pas oublier l'origine de tout ça. Mon frère, cet accident, cette culpabilité présente depuis toujours. Malgré l'omniprésence de ma curiosité, je ne pouvais pas nier que dans certains moments, je repensais à tous ces secrets, je repensais à toutes ces choses qui m'avaient poussée à me préoccuper de lui. Il ne connaissait pas la vérité, il ne savait pas pourquoi j'étais dans sa vie. Pourtant, il y avait toujours cette variable mystérieuse. Nous nous étions séparés, chacun prenant des chemins respectifs, mais la vie nous avait réunis. Dans un profond hasard, il m'avait retrouvé et s'était installé dans mes pensées plus encore qu'au début. Et aujourd'hui, voilà où nous en sommes. Je suis face à lui, rongée par une curiosité maladive, condamnée à un secret inavouable. Tandis que depuis ce soir, il m'accueillait enfin, dans sa vie, cette chose que je voulais initialement pour me rassurer et atténuer ma culpabilité, mais une chose est sûre, c'est qu'à présent, il n'était rien de tout ça. Mais j'ignorais encore de quoi il s'agissait mais cela semblait me faire rester auprès de lui.
Moi : « C'est dommage que tu ne sois pas libre. J'aurais vraiment aimé pouvoir te parler.. »
J'arrache le pétale de la plante séchée sur le petit rebord de ma fenêtre, tandis que mon autre main soutient le lourd téléphone près de mon oreille. Le vent parcourt mes cheveux et entre dans ma petite chambre. Je mords ma lèvre inférieure, légèrement frigorifiée par le froid.
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Ezia - L'âme de mes larmes.
RandomC'est l'histoire d'Ezia. Elle mène une vie quelque peu banale, rassemblant les petits tracas du quotidien. Arrive ce jour fatidique, qui marque le début de son immense chagrin. Son monde s'écroule, la plongeant dans un flot de solitude. Le chagrin s...