Mon cœur palpitait. Cette situation me rendait folle. Je découvrais une facette de moi que je ne connaissais pas. Pourquoi j'étais dans cet état-là ? Pourquoi je voulais absolument être lié à lui, voulant à tout pris m'immiscer dans sa vie. Je savais la vérité, je savais pertinemment ce que je n'étais pas censée faire. Cette histoire allait trop loin, j'avais dépassé les limites raisonnables que je m'étais fixée antérieurement, complètement à la merci de mes pulsions incontrôlées. Que se passait-il ? Je perdais le contrôle de cette folie.
Moi : « Je ne comprends pas pourquoi tu décides d'être égoïste. C'est pas à toi de décider ça seul ».
Lui : « Je te l'ai dit Ezia, je suis solitaire, je ne peux pas changer ça ».
Je ne dis rien pendant de longues minutes. Il avait fini par me couper les mots de la bouche. Sa voix était lisse et claire. Il ne mentait pas, c'était ce qu'il voulait, je le ressentais. Il finit par briser ce silence plombant.
Lui : « C'est mieux pour nous, si on ne se voit plus. J'ai demandé à un pote de m'aider pour les courses. C'était une erreur d'accepter ton aide, merci quand même d'avoir proposé ».
Aucun mots ne daigne sortir de ma bouche. Je me contente seulement de prendre le chemin de la sortie. Encore une fois, je repartais d'ici complètement bouleversé, n'entendant que l'écho de ses mots.
J'étais perdue et à présent sans voix.
Un mois qui s'écoulait.
J'attrape ma veste en jean et rabat mes cheveux derrière mes oreilles. Je claque la porte de la chambre et sors vers la porte d'entrée à toute vitesse.Moi, en criant dans l'appartement : « J'y vais, maman ! »
Elle, sa voix se faisant entendre plus loin : « Ok, ne rentre pas tard ! »
J'ouvre grossièrement la porte et me dirige vers les escaliers. Impatiente, je saute les marches, manquant presque de tomber. Arriver devant le bâtiment, je cours vers la petite voiture garée sur le parking en face.
Moi, ouvrant la portière, le sourire aux lèvres : « Sally ! »
Sally m'offre à son tour son plus beau sourire et finis par me serrer contre elle. Je sentais sa douce odeur de vanille contre moi.
Elle : « Oh ma Ezia, tu m'as tellement manquée ! »
Nous nous serrions l'une contre l'autre si fort, comme si l'une de nous avait peur que ce ne soit qu'un rêve.
Moi : « Toi aussi tu m'as tellement manquée, j'ai cru ne jamais te revoir ».
Elle : « Et moi alors ! J'ai l'impression que ça fait des années que je n'avais pas vu cette tête ».
Elle me pince la joue ce qui me fait grimacer.
Elle, ajoutant : « Alors ! Prête pour cette journée entre fille ? »
Je hoche la tête tout en lui souriant. J'étais si contente de la revoir, je ne pouvais pas cacher ma joie. Cela faisait des semaines que nous ne nous étions pas revues. Déjà parce que la routine avait pris place pour chacune d'entre nous. Il faut dire que maintenant que Sally est complètement guérie, elle rattrape le temps perdu avec sa famille et surtout sa fille. Et puis moi avec les cours, la routine m'engloutit sans que je me rende compte.
Elle démarre la voiture et nous prenons la route, le soleil illuminant l'intérieur de la voiture. Pendant le trajet, je regardais la route. Nous étions enfin en automne, cette saison que j'affectionne tant. C'est drôle, mais cet empressement et cette jovialité avec Sally me rappelait les moments avec mon père. J'étais pratiquement toujours en retard lorsque nous devions sortir, ce qui me faisait à chaque fois courir après lui. C'était des moments incroyables, mais je crois qu'à ce moment, je l'ignorais. J'aurais aimé savoir tout ce qui allait arriver, juste pour profiter davantage.
Sally avait allumé l'autoradio, elle avait mis ses lunettes de soleil noir et chantait à tue-tête. Lorsque nous nous arrêtions à chaque feu rouge, elle en profitait pour mimer quelques gestes de danses. Je la regardais faire et la voir se dandiner me faisait beaucoup rire. Sa compagnie agissait comme un pansement. Sally avait toujours les bons mots pour me soutenir. Sally me faisait constamment voir les bons côtés de la vie. Hélas, quand elle n'était plus à mes côtés, tout retombait. Comme un pansement qu'on arrache, la plaie finit par se rouvrir en attendant l'arrivée du nouveau pansement. Elle avait finalement conquis une place importante dans ma petite vie, sans que je m'en rende compte. Tout s'était fait rapidement, mais si naturellement. C'était sincère et authentique et sa présence était devenue comme une source d'oxygène. Elle me procurait des shots de bonheur, bien qu'ils ne soient que de courte durée. Avec elle, tout était plus beau, tout était plus simple. Finalement, avec son vécu, elle savait relativiser mieux que quiconque. Le fait qu'elle ait frôlé la mort à cause de sa maladie, la faisait voir le monde complètement différemment. Rien n'était un problème, chaque seconde était importante et valaient la peine d'être vécue. Je ne savais pas comment elle faisait, je ne savais comment elle arrivait à trouver la force d'être aussi positive malgré tout son chemin. Au final, elle me rappelait à quel point j'étais faible dans cette vie. À quel point d'autre avait, eux aussi, leurs propres douleurs, mais réussissait malgré tout à aller de l'avant. Qu'est-ce qui clochait avec moi ? J'avais beau essayé, mes idées noires revenaient dans les moments de faiblesses. Là, assise sur ce toit, elles savaient très bien quand il fallait rappliquer. Je n'avais toujours pas réussi à me débarrasser d'elles, enfin faudrait-il que je ne le veuille.
Nous arrivons dans un grand parc. L'automne teintait le paysage d'orange et marron. Nous nous approchons près du lac tandis que Sally étant la grande nappe quadrillée sur la pelouse.
Sally : « Mince, le sol est humide. J'espère que nos fesses ne seront pas toutes mouillées ! »
Moi, moqueuse : « Moi mon pantalon est noir, toi tout le monde pensera que tu as eu un petit accident.. »
Sally : « Regardez là celle-là, toujours obligé de faire des blagues foireuses.. Ça y est, t'as fini de rigoler ? Je te rappelle que tu as dix-huit ans dans une semaine, il est grand temps de grandir ».
Moi, ricanant : « Cesse de me rappeler que je vieillis, tu plombes l'ambiance ».
Elle rigole à son tour. Elle sort de son petit panier le goûter qu'elle avait soigneusement préparé. Une tarte à la pomme, ma préféré.
Sally : « Alors ? »
Moi, la bouche pleine : « Délicieux ! »
Sally : « Non, pas ça. Tu sais bien, l'autre chose ».
Je plonge mon regard dans le sien. J'aurais aimé qu'elle ne pose pas la question. Mais elle savait mieux que quiconque ce qui avait le dont de me tracasser la tête et mon visage, comme à chaque fois semblait me trahir.
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Ezia - L'âme de mes larmes.
De TodoC'est l'histoire d'Ezia. Elle mène une vie quelque peu banale, rassemblant les petits tracas du quotidien. Arrive ce jour fatidique, qui marque le début de son immense chagrin. Son monde s'écroule, la plongeant dans un flot de solitude. Le chagrin s...