Chapitre 6 - Le cœur a ses raisons.

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Lounès était enfin de retour parmi nous. Je crois qu'il avait eu une discussion avec ma mère, car je lui avais brièvement demandé ce qu'il en était et m'avais assuré que tout allait mieux à présent. Je ne voulais pas plus de détails, pas que je n'en ai pas envie, mais surtout parce que mon état m'en empêchait. Lounès était arrivé au bon moment parce que mon corps allait presque lâché si je ne me nourrissais pas. Je n'arrivais néanmoins pas à quitter ma chambre ni même avoir une conversation avec qui que ce soit, autre que Lounès. Dans ces moments là j'avais juste besoin d'être seule et de survivre face à mon chagrin.

Lounès : « Tu ne vas pas sortir prendre l'air ? »

Moi : « Hum.. non ».

Lui : « Il ne faut pas que tu restes autant enfermée, ce n'est pas bon pour toi ».

Moi, murmurant : « Je suis en vacances »

Lui : « Ce n'est pas comme ça qu'on profite de ses vacances, sors et profite ».

À ces mots, les souvenirs me reviennent. Je me rappel ô combien j'étais contente de pouvoir appeler Sally pour lui raconter à quel point ma journée à la patinoire c'était bien passée. J'étais tellement triste qu'elle n'ai jamais eu de retour à ce sujet. Car c'était elle qui m'avais poussée à lâcher prise, elle m'avait aidée à ne plus penser et profiter de l'instant présent. Pourtant le même jour, elle s'éteignait loin de moi.

Je ne lui répond pas et attrape mon téléphone sur ma table de chevet. Je ne l'avais pas allumé depuis tout ce temps. Je branche le chargeur et attends quelques instants qu'il s'allume. Je saisis la tasse de soupe que Lounès m'avait mise de côté et bois quelques gorgées. Il me regarde du coin de l'œil et souris comme en signe de victoire.

Le téléphone s'allume. J'aperçois que Yumes ma laissé une tonne de message et d'appels. Chaque jours il semblait prendre de mes nouvelles.

Yumes : « Je sais ce que tu vis
actuellement. Je suis désolé
pour toi, j'aimerais que tu
n'ai pas à vivre ça ».

« J'imagine que tu ne verras
pas mes messages, mais si tu as
besoin de moi alors appels moi »

« Est-ce que tu vas mieux ? »

« Tu as besoin de quelque
chose à manger ?
Tu manges j'espère ? »

« Je suis passé devant
la fête foraine, ils sont partis.
J'ai repensé à ce soir là, ça m'a fait
du bien de sortir avec quelqu'un
pour une fois. J'espère que ça va,
j'ose pas venir devant chez toi,
envoie moi un msg ».

« Et si je venais ?
Est-ce que tu dors ? »

« J'attends quelque jours,
et je viendrais. Je me ferais
passer pour le livreur »

Après la lecture de quelques messages, je me rends compte que j'étais entrain de sourire bêtement le nez plein de morve et les yeux rouges presque fermés.

Lounès, me remarquant : « Pourquoi est-ce que tu souris ? Tu vas un peu mieux alors ? »

Je hoche la tête doucement. Je ne pouvais pas nier que penser à Yumes et lire tous ces messages me procurais une sorte de sensation très chaude et réconfortante au niveau de ma poitrine. Je m'interdisais de penser à lui car je savais au fond de moi tout le réconfort qu'il me procurait. Quand je lisais chaque message, j'entendais sa voix grave résonner dans ma tête. Je revoyais chacune de ses expressions, qui me divertissais temps. Je ne pouvais pas nier tout ce que je ressentais bien que je ne sache pas pourquoi je me sentais aussi proche de lui. Notre connaissance avait débuté d'une manière plus qu'atypique, et aujourd'hui encore je lui cachais l'inavouable. Cependant, il y avait ce truc entre nous qui ne cessait de grandir encore et encore. Il n'étais plus qu'un simple inconnu, malgré que le temps de notre rencontre soit court. J'avais patienté deux mois à son chevet à l'hôpital, me posant milles questions sur sa vie et en essayant de m'occuper de lui au mieux. Il était seul à ce moment là et n'avait que moi. Et d'une certaine manière j'étais aussi seule que lui. Nos solitude se rejoignaient sans qu'on ne se parle et moi je semblais m'attacher à sa personne sans même que je m'en rende compte. Son réveil était étrange pour moi, puisqu'il prenait forme. Il s'animait, me dévoilant chacune de ses facettes, renforçant alors le lien qui semblait nous unir. Sauf que je n'osais pas me l'admettre, je me l'interdisais formellement. Je ne pouvais pas risquer de le fréquenter alors que je savais l'infâme lâcheté qui me rongeait et par fidélité envers mon frère je devais trouver de multiples excuses. J'aurais aimé lui dire toute la vérité, les circonstances de son accident. Lui, qui semblait enragé d'avoir perdu le précieux temps de sa vie, volé par les douloureuse circonstances de ma famille. J'aurais aimé ne pas vivre cet accident et le voir au sol inconscient. Je m'en voulais de lui mentir et de le fréquenter aussi naturellement. J'aurais voulu lui dire tout ce que j'avais traversé et lui expliquer chacune de mes larmes qui coulaient.

Après ça j'ai voulu m'assurer qu'il aille bien, je me suis menti à moi même en disant vouloir m'assurer qu'il aille bien, mais je mentais. Je voulais juste être près de lui, savoir chacune de ses pensées et confessions. Je cultivais une curiosité maladive qui me poussait à risquer ma couverture. Mais pourtant, aujourd'hui, c'était lui qui voulait entrer dans mon monde. Cette chose que je désirais secrètement depuis le début. Sauf que je l'ignorais, rien en moi ne semblait comprendre à quel point mon attachement prenait de l'importance. Il poussait désormais la porte de mon monde, me considérait jours après jours. Veillait à me comprendre moi et toutes mes faiblesses. Il utilisait les bons mots, enregistrait toutes mes réactions. Il avait compris en si peu de temps celle que j'étais. Il avait lui aussi compris que quelque chose nous rapprochait même quand nous décidions de nous éloigner. Malgré le fait qu'il lutte pour ne pas me fréquenter, il avait finis par abdiquer. Et aujourd'hui, il se présentait à moi, tandis que je comprenais enfin, je réalisais ce que j'avais décidé d'ignorer tout ce temps.

Je me redresse dans mon lit me met lentement sur mes deux pieds. Le sol était froid. Je trouve la force de me lever et attrape les premiers vêtements qui me viennent sous la main. Je marche vers la salle de bain et me débarbouille délicatement. Mon corps était encore plus faible qu'avant, ma maigreur s'était intensifié. J'avais dépassé le stade du complexe, je ne me regardais presque plus tellement que mon image me rendait mal. Seule ma chevelure demeurait intacte. J'avais l'impression qu'elle gardait toutes les traces de mes souffrances et sa longueur enveloppait tout le haut de mon corps comme pour me protéger et réceptionner ces épreuves.
Une fois habillée, je croise Lounès dans le couloir.

Moi, d'une petite voix : « Tu as raison, je vais prendre l'air ».

Il sourit timidement et passe sa main sur mon épaule en signe de compassion.

J'enfile mon manteau et mon écharpe et sors affronter le froid hivernal.
Dehors, la neige était encore beaucoup présente et les flocons se logeaient dans mes cheveux. Je marche difficilement vers ma voiture et démarre rapidement.
J'avais une sensation étrange en moi comme une poussée d'adrénaline. Je savais ce que je devais faire et où je devais aller, c'était plus fort que moi.

Arrivée dans son quartier, la neige avait recouvert chaque bâtiment et quasiment toutes les aires de jeux. La neige donnait un aspect encore plus délabrée aux lieux négligés.

Dans l'ascenseur, ma respiration c'était intensifiée. Revenir ici, me procurait une sensation étrange, je me souvenais des premières fois et de toutes les sensations qui m'animais.
J'arrive devant sa porte, lève la main et après avoir inspirer, frappe vigoureusement.

Quelques minutes après, la porte s'ouvre. Mon cœur palpite intensément, la chaleur m'anime dans tout mon corps et dans une forte impulsion, je passe mes bras autour de sa taille pour retrouver le précieux bercement de son cœur.

Ezia - L'âme de mes larmes.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant