Chapitre 5 - Amour immortel.

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Mes yeux étaient fermés. Je n'arrivais pas à les ouvrir, je réfléchissais. Je crois que mon cerveau cherchait comment faire rapidement. Je ne devais pas le laisser s'échapper, même si j'étais perdue, je ne pouvais pas le laisser partir aussi facilement et prendre le risque de ne plus le retrouver.

Moi : « J'arrive ».

Je passe par la salle de bain et me débarbouille le visage. Je regarde le petit miroir en face de moi, mon visage me semblait difforme. C'était comme si tout ce que j'avais dans la tête se déposait littéralement sur mon visage. Tout ce brouhaha mental envahissait tout mon être. Je soupire désespérément. J'essaie d'arranger mes cheveux, qui partaient dans tous les sens. Je fais une queue de cheval haute. En relevant mes cheveux et en serrant l'élastique bien haut, j'avais l'impression d'être prête à affronter les choses. Même si le moral n'y était pas, je devais agir malgré moi. Je prends mes clés et me dirige vers la porte d'entrée. Ma mère était au salon et regardait sa série. Il était environ dix-sept heures, j'espérais qu'elle ne me fasse aucune réflexion.

Moi : « Je dois sortir chez une fille de ma classe, elle va me passer les cours que j'ai ratées cette semaine ».

Elle : « Tu y vas que maintenant, t'avais toute la journée pour le faire, non ? »

Moi : « Hum.. »

Je n'essayais même pas de batailler. Ce n'était pas le moment d'avoir une ultime dispute avec elle.

Je ne dis rien d'autre et fuis vers la porte d'entrée. J'entrouvre la porte tandis qu'elle crie derrière moi.

Elle : « Ne rentre pas tard ! »

Je referme la porte encore une fois silencieuse. L'ambiance de la maison était déprimante. L'absence de Lounès était pesante, mais j'essaie de m'accrocher malgré tout.

J'arrive à l'hôpital, je passe par ce chemin que je connais si bien. Le même ascenseur, le même couloir, la même porte. Je frappe et entre comme à chaque fois. Sally est dans son lit et me fais signe de m'approcher près d'elle.

Elle, en chuchotant : « Il est dans la salle de bain.. Le médecin lui a dit qu'il pouvait sortir ce soir ».

Moi, chuchotant à mon tour : « Quoi ? Mais c'est encore tôt non ? »

Elle : « C'est lui qui a insisté, il ne voulait plus rester ici. Apparemment, il a trop de chose à faire dehors.. Il semblait grave impatient.. »

Moi : « Il est vraiment inconscient. C'est n'importe quoi. Et, ses blessures, comment il va ? »

Elle, grimaçant légèrement : « Bah ça.. Justement.. »

Moi : « Hein ? Qu'est-ce qu'il y a Sally ? »

Elle ne dit rien et fixe la salle de bain. Je me retourne et le vois sortir, assis sur un fauteuil roulant. Au début, il ne m'avait pas encore vu, mais quand il remarqua ma présence, il détourna directement son regard comme pour me montrer à quel point ma présence l'importait peu. Je ne comprenais pas, pourquoi était-il en fauteuil roulant. Aucune de ses blessures ne mentionnait ses jambes. Je m'approche de son lit directement pour tenter d'en savoir plus. C'était plus fort que moi, mon instinct me poussait à me soucier de son état.

Moi : « Qu'est-ce qui s'est passé ? C'est quoi ce fauteuil ? »

Il ne me répond pas et m'ignore complètement. Il remplissait des papiers qui étaient posés sur son lit.

Moi : « Yumes ! Réponds-moi ».

Lui, d'un ton très sec : « Tu parles à qui ? Au gros tocard égoïste ? »

Moi : « Arrête, tu ne sais pas être sérieux deux minutes ? »

Lui, en soufflant : « Tu peux me dire ce que tu fais encore là ? Ça y est, j'ai terminé mon petit séjour à l'hôpital. Fini la charité, on en a déjà parlé non ».

Il aimait tellement me piquer. Il réutilisait chacune de mes phrases contre moi. Il me montrait qu'il dirigeait toujours la conversation.

Moi, agacée : « Tu dis vraiment n'importe quoi. T'as quel âge, sérieux ? »

Lui, d'un air enfantin : « Dix-neuf ans ». Il me sourit niaisement.

Moi : « Bref, c'est quoi ces histoires, comment ça tu veux sortir ? »

Lui : « Bah ouais, tu crois que je vais rester enfermé ici éternellement. J'ai une vie moi, je te l'ai déjà dit, j'ai perdu beaucoup trop de temps à cause de cet enfo!ré qui m'a renversé ».

La chaleur monte à mes joues. Ça y est, j'étais gênée. La situation devenait embarrassante, j'allais bientôt être perturbée si je ne me ressaisissais pas. Je devais prendre sur moi et faire comme si de rien était.

Moi, bégayant : « Je.. J'suis désolée pour toi.. »

Lui, plongeant son regard dans le mien : « T'es bizarre, c'est pas ta faute gogole ».

J'étais complètement figée. C'était si dur de devoir garder le contrôle de ma personne.

Lui : « Bref, si t'as fini, tu peux sortir. J'aimerais bien pouvoir partir d'ici au plus vite ».

Moi, déglutissant : « Et, comment tu vas.. Je veux dire qui va te récupérer ? »

Lui : « T'inquiète ».

Moi : « Arrête, personne n'est venu ici jusqu'à présent. Je sais que t'es tout seul, laisse-moi t'emmener ».

Il rigole de sa voix grave.

Lui : « Nan mais ça y est t'as fini de faire l'auxiliaire de vie ? », il rigole une nouvelle fois nerveusement. « Et c'est pas une gamine comme toi qui risque de m'amener quelque part ».

Moi : « Tu peux marcher ? »

Lui, marmonnant : « Non, le médecin a dit qu'avec le choc de l'accident et l'alitement, ça pouvait être normal ».

Moi : « Bah voilà, tu ne peux rien faire alors. Laisse-moi t'aider, tu n'as pas le choix ».

Je me dirige vers sa table de chevet et commence à rassembler ses affaires. Je range en tas tous les papiers éparpillés.

Lui : « Eh, qu'est-ce que t'es entrain de faire là ? J'tai dis que j'ai pas besoin de ton aide, ne commence pas à me saouler, je vais pas rigoler ».

Je l'ignore et continue de ranger le petit désordre.

Lui, en élevant la voix : « Je crois que t'as pas bien compris qui j'étais. Évite de jouer avec moi, tu risques de le regretter amèrement Ezia ».

Moi, d'un sourire provocateur : « Est-ce que ce sont des menaces ? »

Je le regardais du coin de l'œil. Je ne pouvais pas m'empêcher de rire. C'était incontrôlable, c'était nerveux. Bien que sa voix imposante et le ton sérieux qu'il employait pouvait faire frissonner. Je crois que j'étais tellement fatiguée de tous ces événements que je ne mesurais plus la réalité des choses. Il ne m'intimidait pas, où peut-être que les menaces ne m'effrayait plus. Je n'avais plus rien à perdre dans cette vie, plus rien ne me retenais. Et mourir n'était plus un drame à mes yeux, mais plutôt une délivrance. Alors tout le mal qu'on pouvait me faire n'existait pas, rien ne pouvait surpasser ce qui me faisait aussi mal en moi.

Lui : « Fait ta maligne, le jour où je pourrais marcher, tu regretteras. En vrai nan, tu sais quoi, je n'ai pas le temps pour les gamines, retourne à l'école avec ton petit cartable et arrête de m'enm!rder ».

Je ne dis rien et prends toutes ses affaires. Je me dirige vers lui, pose tout sur ses jambes et commence à le pousser vers la porte.

Lui, s'agitant : « Oh ! Tu fais quoi là ? »

Moi : « Arrête de parler ».

Je continue de le pousser jusque dans le couloir de l'hôpital.

Lui, criant : « Mais lâche-moi, je n'ai pas besoin de toi ! Tu veux quoi à la fin ? »

Il avait crié tellement fort que tout le monde nous dévisageait. J'étais terriblement gênée, je détestais tous ces regards persistants.

Moi, à voix basse : « Je veux juste être ton amie ».

Ezia - L'âme de mes larmes.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant