C'est le choc. Entendre ce prénom à haute voix me paralyse. C'était comme si le stress s'était entièrement emparé de moi, je ne ressens rien d'autre que des frissons d'angoisses. Mon cerveau commence à s'agiter et me repasse chacune des scènes traumatisantes. Lounès est toujours là, planté devant moi, son téléphone portable à la main. Et moi, je subis le contrôle de mon corps. Je suis emprisonnée, dans cette inaction, je ne peux rien faire, ni même protester. Mon corps refuse de faire autre chose que subir. Ma respiration s'intensifie tandis que Lounès tapote à présent sur son portable. Mes yeux suivent du regard sa main qui s'approche de son oreille. J'étais si mal, à ce moment-là, je pourrais jurer qu'une goutte de transpiration était en train de s'écouler le long de ma tempe. Quelques secondes passent tandis qu'il lance de sa voix rauque.
Lui : « Yaz, ça va mon frère ! »
C'est le silence absolu. On croirait entendre les battements de mon cœur sur haut-parleur.
Lui : « Ouais ça va, ça va, la routine quoi... Ouais, je t'appelle pour savoir un p'tit truc. Dis-moi, il s'est passé quelque chose avec Ezia quand elle est venue ? »
La bombe était lancée. Je suis désemparée, je me rends compte que Lounès est en train de parler à celui qui est responsable de mes cauchemars. Comme si de rien était, il lui parlait sans savoir tout ce qui avait pu se passer. Il n'en croirait pas un mot, c'est juste inimaginable venant de son cousin. Et pourtant, c'était réel, en tout cas moi, je le ressentais assez pour vouloir quitter ce monde. En quelques instants, je me demande la réponse de Yaz, je voulais l'entendre mentir à son cousin, celui qu'il chérissait tant. Au fond, je me dis aussi que l'état de Yaz n'est qu'une leçon pour tirer Lounès de toutes ces addictions. Je le sais très bien, qu'il ne supporterait pas de tomber si bas, il ne s'en remettrait jamais.
Lounès : « Ah bah attend parce que c'est pas ce qu'elle me dit, je te la passe ».
Je me fais couper dans mes pensées. Lounès me tend le téléphone et me regarde avec insistance. Je plonge mon regard dans le sien, j'ai ce sentiment d'être prise au piège. Je ne sais même pas quoi dire ni quoi faire. Je n'arrive même pas à mettre ne serait-ce qu'un minimum de force dans mon bras. Et alors dire quelque chose, c'est inimaginable. Je suis tétanisée, d'un autre côté, je sais pertinemment que ma réaction est surveillée. Ne pas bouger, ou ne rien dire serait suspect aux yeux de Lounès. Pourtant, je dois nier jusqu'au bout, je dois faire comme s'il n'y avait rien.
Je trouve la force de lever mon bras jusqu'à sa main. J'essaie de me retenir de trembler, j'essaie de calmer la visibilité de mon anxiété. J'attrape fermement le portable froid dans la paume de ma main. Je jette un œil sur l'écran et vois le prénom de Yaz inscrit. Je déglutis. Toutes mes actions ont l'air si lentes tant la difficulté est élevée pour moi, néanmoins je dois m'efforcer de paraître normal. J'approche désormais le téléphone près de mon oreille. Je regarde Lounès qui semble attendre une constatation. Il me teste, alors avec toute la force que je trouve, je lance.
Moi : « Yaz, ça va ? »
Je brûlais intérieurement, je débordais littéralement de haine et de tristesse. J'avais envie d'exploser rien qu'en sachant qu'il avait ou entendre ma voix. Je le détestais, comme si mon cousin n'avait jamais existé. J'avais tout oublié à son sujet, sa gentillesse, son réconfort et même sa beauté. Il était devenu l'un de mon plus grand cauchemar et son acte l'avait enlaidie à jamais. Les scènes repassent, je le revois à batifoler dans ce misérable centre commercial puis enfin me toucher de la même manière. L'envie de vomir me prend, mais je dois me contenir devant le regard soupçonneux de Lounès.
Yaz : « Ezia.. »
Entendre sa voix. Sa voix qui rassemblait un semblant de pitié à mon égard. Il me donne la nausée. Tout refait surface et tout me pousse à le détester encore plus.
Moi : « Oui, ça va très bien, merci ! Non il y a rien t'inquiète pas. Tu connais Lounès il se fait souvent des films. »
Je ne veux même pas entendre ce qu'il a à dire. Je n'ai aucun temps à lui accorder et je ne veux même pas qu'il croit que je me soucie de lui. De toute manière, bientôt quand je partirai, il aura enfin de quoi avoir pitié pour moi. Il sera enfermé pour toujours avec ce qu'il a fait.
Yaz : « Arrête Ezia, je sais que tu m'entends. Tu lui as dit quelque chose ? »
Oh non. Il mettait encore plus de haine en moi. Il jetait de l'huile sur le feu, c'est un véritable cauchemar.
Moi, en rigolant nerveusement : « De toute manière, si tu m'avais fait quelque chose, il l'aurait su et on ne serait pas là en train de parler ! » je me force à rire bruyamment en regardant Lounès. Je lui fais un clin d'œil.
Moi : « Allez, moi, j'ai des trucs à faire donc je vais te laisser. Ne m'appelle pas trop surtout, je suis très occupée », je souris à Lounès et lui rends son téléphone.
Je pense avoir été assez bonne comédienne. Je ne pouvais pas me louper, je pensais à Lounès et je devais le préserver de toutes ces histoires.
Lounès, au téléphone : « Mouais, vas-y on se verra un de ces quatre. »
Il raccroche et me fixe.
Lui : « Si tu mentais, inscris-toi au théâtre, tu es bonne comédienne ».
Il quitte la pièce en croquant dans son sandwich, me laissant seule après cette scène cauchemardesque.
Si tu savais, Lounès, que je fais tout ça pour toi, mon frère.
VOUS LISEZ
Ezia - L'âme de mes larmes.
AléatoireC'est l'histoire d'Ezia. Elle mène une vie quelque peu banale, rassemblant les petits tracas du quotidien. Arrive ce jour fatidique, qui marque le début de son immense chagrin. Son monde s'écroule, la plongeant dans un flot de solitude. Le chagrin s...