Chapitre 5 - Amour immortel.

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Son pull était désormais recouvert de mes perles salées. J'avais évacué tout ce que mon cœur contenait dans mes pleurs. J'étais fatiguée et je ne sais même pas si mes yeux allaient pouvoir rester ouverts. Je sens qu'il essaie de dégager, par ses doigts chauds, les mèches de mes cheveux qui recouvraient mon visage. Il agissait avec délicatesse et douceur, ce qui ne me faisait ressentir aucun désagrément. Pourtant, il était un homme, et ma haine était toujours aussi grande. Mais avec Yumes, je ressentais sa bienveillance à l'égard des femmes. Même si son apparence extérieure était fermée et dure, il regorgeait de petits gestes précieux qu'il fallait prendre soin de remarquer. Quelque fois ça me faisait penser à mon père et toute ses mimiques parfaites. J'en apprenais sur lui, et le connaître davantage semblait étrangement me convenir.

Après avoir suffisamment reniflé, je passe ma main tremblotante près de mes yeux. Je les essuie du revers de celle-ci et soupire de fatigue. Il était temps de cesser ces larmes et d'affronter le monde extérieur. Toutefois, si j'avais pu, je serais restée là, si près de sa chaleur, bercée par le rythme de son cœur et cajolée par sa main remplie de tendresse. Je me redresse, tandis qu'il m'accompagne dans mes gestes. Aucun de nous ne désirait parler, peut-être parce que tout semblait avoir déjà été dit. En me redressant, je ressens les douleurs physiques sur mon corps. Je devais sûrement être remplie d'hématomes, à force de recevoir ces coups violents.
Yumes se redresse à son tour et se lève vers ma voiture. Il range les outils éparpillés autour et retourne près de moi.

Lui, calmement : « Ezia, il faut que tu rentres chez toi ».

Je lève tristement ma tête vers lui à l'entente de mon prénom. J'étais barbouillée et il avait raison, j'avais envie d'être chez moi. J'acquiesce de la tête, il passe sa main dans mon dos et me soulève à moitié pour me mettre debout. Mon maigre corps était vidé de force et avait pris cher. J'arrive à me hisser dans la voiture, puis toujours avec une main tremblotante, attache ma ceinture. Je ferme les yeux et soupire. Yumes s'installe du côté conducteur puis démarre la voiture.
Pendant quelques minutes, le silence régnait, mais les événements passés s'encombraient dans ma tête, alors je brise ce silence.

Moi, d'une petite voix hésitante : « Yumes ? »

Il se tourne vers moi, étonné d'entendre le son de ma voix.

Moi, poursuivant : « Le gars, là.. Tu lui as fait quoi ? »

Il retourne immédiatement sa tête vers la route. Sa mâchoire se contractait et son regard fixait droit devant lui, j'avais presque l'impression qu'il ne clignait pas des yeux.

Lui, grommelant : « Ce qu'il méritait ».

Sa voix était différente de tout à l'heure, elle était plus grave et sèche. Je voyais qu'il ne voulait pas en discuter davantage, alors je décide de ne pas insister.

Moi, balbutiant : « Et.. Comment tu as su ? »

Il passe sa main sur son menton, tandis que l'autre agrippait le volant.

Lui, avec un sourire timide et le visage à nouveau décontracté : « Comment ne pas entendre ta grosse voix ? »

Il tourne son regard vers le mien, je lui souris timidement et mes joues commencent à se réchauffer. Je crois que je commençais à réaliser ce qu'il venait de se passer. Je réalisais surtout ce qui semblait nous avoir maladroitement rapprochés. Bien qu'à ce moment, je n'étais pas consciente, à présent, je réalisais à quel point Yumes avait été attentionné envers moi et m'avais surtout sauvée d'un véritable cauchemar. Là maintenant, dans la voiture, les images défilaient une à une. D'un point de vue extérieur, on aurait pu croire que nous avions l'habitude d'être aussi proches. Pourtant, ça n'était jamais arrivé et ce n'était quasiment pas envisageable. Néanmoins, lui comme moi ne nous étions posés de questions, et nous avions agi parfaitement naturellement. Comme si c'était évident. Comme s'il comprenait, sans que je parle, l'attitude à avoir. Lui comme moi ignorions le passé de chacun, pourtant tout s'établissait comme si nous nous connaissions. Il y avait ce désir de prendre soin de l'autre, de ne pas l'abandonner dans ses souffrances.

Ezia - L'âme de mes larmes.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant