Ce soir-là, Elvira n'avait eu qu'une envie : fermer la brasserie et rentrer se coucher. Jusqu'à ce qu'un groupe d'amis se pointe une heure avant la fermeture et s'installe dans un coin de la salle.
Ce soir-là, Pablo n'avait eu qu'une envie : appren...
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Plusieurs fois je m'étais demandée à quoi pouvait bien ressembler la vie après la mort.
Est-ce qu'on renaissait d'une façon ou l'autre ? En humain, en animal ou en simple plante ?
Si j'avais pu me réincarner en humain, j'aurais sûrement choisi d'être la fille ou le garçon qui naîtrait dans une famille saine et aimante, sans l'ombre d'un orage à l'horizon. Au contraire si on m'avait demandé quel animal aurait été mon totem, j'aurais répondu le dauphin. Je les avais toujours aimé, surtout depuis le jour où papa nous avait emmené à l'aquarium de Valence.
Puis pour la plante, ce serait une anémone, évidemment, une belle anémone aux pétales bleues qui pousserait dans un champ humide d'Europe.
Voilà ce que j'aurais dit si on m'avait posé la question de la réincarnation.
Mais moi, je savais ce qu'il y avait après la mort. On revoyait exactement le moment où on était parti. On revivait exactement les mêmes choses, dans un ordre bien précis, sans interférence entre les secondes. Je pouvais vous l'assurer, je me souvenais très bien de l'accident.
Pablo qui me regardait dans les yeux en souriant. Une voiture qui déboulait à contre-sens, roulant plein gaz face à nous, sûrement pour n'avoir qu'un semblant de cliché réunissant Pablo Gavi et une fille inconnue. Sa copine sûrement, spéculeront les journalistes en cartons qui se pencheront sur l'affaire totalement inintéressante dès le lendemain.
Je me rappelais aussi de l'instant où Pablo avait tenté de dévier notre trajectoire de celle du conducteur fou, reprenant son volant en braquant à droite, exposant sa portière à l'impact et non la mienne. Mais c'était sans compter sur le lampadaire que ma portière à moi avait rencontré, me renvoyant une douleur lancinante dans tout le bras.
Peut-être dingue à dire mais je revoyais encore mon brun essayer de me réveiller, secouant tout mon corps alors que la voiture était retournée sur le toit, nos deux ceintures effectuant un travail colossal pour ne pas lâcher et qu'on ne retombe par sur les débris de verre du pare-brise éclaté.
- Elvi' ! Elvi' réveille-toi putain, je t'en supplie ! avait-il crié quand j'étais dans l'incapacité de lui répondre, mes yeux s'étant fermés pour m'éviter une panique folle. Elvira regarde-moi, regarde-moi bébé, s'il te plaît !
Puis juste après, impossible de me souvenir de quoique ce soit. Mes paupières étaient toujours abaissées, c'était comme si mon corps m'empêchait d'affronter la réalité, de voir que l'on m'avait sûrement amputé le bras meurtri. Que j'avais peut-être une horrible minerve pour me comprimer le cou, ou pourquoi pas un énorme plâtre autour de la jambe qui avait été collée contre ma portière, lors de l'impact.
En attendant, il m'était impossible d'ouvrir les yeux, rien que pour me situer le temps d'une seconde avant de pouvoir les refermer à nouveau. Et pourtant, je me battais pour les ouvrir mes yeux, à peine une fraction de seconde s'il le fallait.
