Ce soir-là, Elvira n'avait eu qu'une envie : fermer la brasserie et rentrer se coucher. Jusqu'à ce qu'un groupe d'amis se pointe une heure avant la fermeture et s'installe dans un coin de la salle.
Ce soir-là, Pablo n'avait eu qu'une envie : appren...
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- Putain Ella, regarde la route et pas les pédales !
- Mais si j'appuie sur la mauv-
- Regarde la route !
Ravalant mon ego, je resserrais mes mains autour du volant de la voiture de Pablo tout en prenant soin d'éviter les cris de mon copain, qui ressemblait plus à un tyran qu'à un moniteur d'auto-école. Je ne savais pas ce qui m'avait pris d'accepter sa proposition pour me faire conduire, dans son véhicule personnel mais je la regrettais vraiment.
C'était évidemment un bolide qui valait pas mal d'argent et qui avait une valeur encore plus inestimable aux yeux de mon brun. Je mettais ma main au feu qu'il la préférait à notre relation.
- Tu peux accélérer, y a pers- Mais vas doucement !
- Arrêtes de hurler bordel, Pablo ! m'exclamais-je finalement en freinant d'un coup, ouvrant les mains sur le volant en fixant un point lambda devant moi. T'es en train de me stresser à crier à tout va, c'est pas comme ça que je vais devenir à l'aise pour conduire.
- Pardon. Mais j'ai trop peur que tu me rayes ma voiture. grimaçait le joueur en passant ses doigts sur son tableau de bord, comme si c'était son précieux.
- Alors pourquoi tu as demandé à m'accompagner conduire ?
- Parce-que je pensais que j'allais réussir à te détendre en étant avec toi. Sauf que je suis trop nul comme moniteur. on pouffait de rire en même temps après avoir mutuellement tourné la tête l'un vers l'autre. Je suis désolé, Elvira. Tu sais conduire en plus, c'est ça le pire.
- Ah parce-que tu as cru au contraire ? me moquais-je en enlevant ma main du boîtier de vitesse pour la poser sur le bras de mon petit-ami, dont la paume recouvrait ma cuisse. J'en suis à ma quinzième heure de conduite déjà, je commence à maîtriser un peu.
- T'as pas calé au démarrage, on va dire que c'est déjà ça.
- Il t'a fallu combien d'heures avant de passer le permis, toi ?
- C'est pas la quest-
- Combien ?
- Quarante.
Avec un sourire espiègle sur les lèvres, je me moquais silencieusement de mon copain qui finissait par râler en détournant les yeux sur la campagne qui nous entourait. Pour éviter de gêner les vrais automobilistes, Pablo m'avait emmené dans un coin reculé de Barcelone où c'était totalement désert et où je ne pouvais percuter, dans le pire des cas, qu'une simple fourmilière.
Mes rires s'étouffant peu à peu dans l'habitacle, je laissais tomber ma joue sur l'appuie-tête afin de regarder mon copain qui avait déjà les yeux sur moi, son pouce caressant ma cuisse de manière un peu plus prononcée que tout à l'heure. Par inadvertance, ses prunelles descendaient un instant sur mes lèvres - au moins dix bonnes secondes -, avant de remonter sur le haut de mon visage, et il me souriait.
