Ce soir-là, Elvira n'avait eu qu'une envie : fermer la brasserie et rentrer se coucher. Jusqu'à ce qu'un groupe d'amis se pointe une heure avant la fermeture et s'installe dans un coin de la salle.
Ce soir-là, Pablo n'avait eu qu'une envie : appren...
Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
Rangeant mon dernier sweat dans ma valise, je refermais mon bagage avant de m'asseoir sur mon lit et perdais mon regard sur le cadre photo qui était posé sur ma table de chevet. C'était un cliché de ma famille que j'avais voulu laissé ici, loin de Barcelone, et ça me faisait mal de me rappeler de la raison.
J'étais la deuxième fille de mes parents, l'enfant du milieu et le dicton ne mentait pas, c'était celui qui se faisait le plus oublier. En plus maintenant que je vivais loin de la maison familiale, j'avais encore plus l'impression d'être une inconnue à chaque fois que je venais ici. Même le copain de ma sœur m'avait l'air plus intégré par rapport à moi.
C'était horrible comme sentiment mais à chaque fois que je franchissais le palier du petit pavillon, j'avais juste envie de rentrer à Barcelone et de retrouver Angelo.
Alors certes ces vacances avaient été un peu cool chez mes parents, mais ça ne valait en rien le confort que représentait mon lieu de vie.
- Ella, on y va dans cinq minutes !
Essuyant mes larmes avec la manche de mon pull, je répondais par l'affirmative à mon père qui venait de m'interpeller, et j'en profitais pour me relever de mon lit et de me changer les idées. Mais la boule dans ma gorge m'empêchait de penser à autre chose qu'au mal-être persistant que je ressentais ici.
Pourtant, ce n'était pas volontaire de la part de mes parents. De ce que je me souvenais de mon enfance, ma grande-sœur, Beatriz, avait été du genre rebelle et elle en avait fait voir de toutes les couleurs à ma mère notamment, qui avait passé plus de temps à faire le gendarme que son rôle de patronne de la maison. Du coup, je m'étais rétribuée perdue au milieu des disputes entre ma frangine et nos paternels durant de longues années, avant qu'ils ne décident de faire un nouvel enfant.
Miguel.
Beatriz s'étant adoucie avec le temps, il y avait plus d'attention à donner au nouveau-né qui découvrait le monde petit à petit. Et dans ce mini océan à vagues, se retrouvait Elvira, complètement abandonnée et livrée à elle-même.
Alors oui, j'abusais un peu, mes parents me payaient une grosse partie de mon loyer à Barcelone, j'avais de quoi faire mes courses toutes les deux semaines, mais ce côté économique ne valait en rien l'affection que j'aurais aimé recevoir. Comme Beatriz ou Miguel avaient eu.
Mais c'était ça, la théorie de l'enfant du milieu.
- Ella ? je me tournais après que mon petit frère de dix ans m'ait appelé, posté à l'entrée de ma chambre.
- Qu'est-ce qu'il y a ? je fronçais les sourcils en voyant son air tristounet qui ne lui ressemblait pas. Miguel ?
- Est-ce que tu m'aimes ?
Mon cœur se brisait instantanément dans ma poitrine, sitôt que je me projetais au travers de mon frère, des années en arrière, quand j'aurais aimé posé cette question à mes parents. Et ça faisait mal.
