Ce soir-là, Elvira n'avait eu qu'une envie : fermer la brasserie et rentrer se coucher. Jusqu'à ce qu'un groupe d'amis se pointe une heure avant la fermeture et s'installe dans un coin de la salle.
Ce soir-là, Pablo n'avait eu qu'une envie : appren...
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Un petit sourire mesquin au coin des lèvres, je levais mon pouce en l'air en direction de Pedro qui avait le visage crispé de stress et d'appréhension, une main dans le bas du dos de sa copine alors qu'ils quittaient la brasserie. Ça y est, c'était le grand soir, il allait enfin faire sa demande à Enola.
Le barcelonais avait passé une soirée entière à la maison la semaine dernière, nous faisant part à Pablo et moi de ses craintes vis-à-vis du mariage. Il savait qu'Enola n'était pas forcément une fan de ce genre de cérémonie et il angoissait à l'idée qu'elle refuse et qu'elle le laisse en plan. Honnêtement, j'avais été la seule à soutenir le pauvre Pedro puisque Pablo n'avait rien trouvé de mieux que de se moquer de son ami et de sa timidité.
C'était un peu sa façon de se venger de Pedro quand ce dernier s'amusait à rire de son état à chaque fois qu'il me voyait, à nos débuts. Je ne pouvais pas lui enlever cette petite victoire mine de rien.
- Il va tellement se pisser dessus, ricanait d'ailleurs Pablo, un bras autour de ma taille tandis que l'on suivait le couple qui sortait de la brasserie.
- T'es pas sympa avec Pedro, il stresse vraiment.
- Ouais, comme moi avec toi mais ça l'a pas empêché de se foutre de ma tronche. Alors je vais pas me gêner.
Levant les yeux au ciel, je laissais Pablo m'embrasser à plusieurs reprises sur le bout des lèvres avant de le repousser en arrière sous son sourire bêta et son regard brillant. Cela faisait deux ans qu'il avait eu l'honneur de me donner son nom de famille à la suite de mon prénom et je pouvais vous dire que ce n'était pas pour autant que le mariage l'avait assagi.
Je passais encore tous mes week-ends à me ronger les ongles en le voyant foncer tête baissée - littéralement - sur chaque ballon pendant ses matchs. Certaines femmes pleuraient le départ de leurs maris quand ils partaient en mission commando et je pouvais vous assurer que j'étais dans le même état à chaque fois que Pablo m'embrassait le front en me prévenant qu'il y allait.
- Encore dix petites minutes et ce sera bon.
Sortant des cuisines, Angelo se frottait les mains avec un torchon avant de nous sourire et de nous remercier une énième fois pour le ramener chez lui. Sa voiture l'avait lâché il y avait trois jours de ça et vu qu'Alizée était partie voir de la famille avec leur fils, mon meilleur ami depuis toujours avait sollicité les talents de pilote de mon mari pour se déplacer.
J'étais prête à mettre ma main au feu et à jurer qu'une fois, j'avais retrouvé des traces d'ongles enfoncés sur le tissu de la portière arrière, où était assis Angelo. En même temps, l'âge n'avait clairement pas eu d'effet sur la méthode de conduite de Pablo, c'était toujours un aussi gros danger public sur la route qu'avant.
Je me rappelais encore de la première fois où il était venu me chercher en voiture, pour notre rendez-vous qui s'était fini par une proposition de sortir ensemble, et je me souvenais ne pas avoir été super à l'aise en tant que passagère de la place du mort.
