Chapitre 3

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"Same old empty feeling in your heart"

Let her go - Passenger


Gabriel

Un mois est passé depuis ma rencontre avec Jade. Je ressens quelque chose que je n'avais pas ressenti depuis longtemps. Une sensation de chaleur dans mes joues quand elle me regarde, ma colonne vertébrale qui se redresse quand elle se place près de moi et aussi cette envie irrépressible de sourire quand elle me parle. Elle égaye ma vie, j'ai l'impression d'être plus joyeux dans mon quotidien. Sauf que je sens un "mais" en moi, inexplicablement.

J'arrive devant ma salle d'histoire et je vois Luc. C'est assez rare de le voir en cours, il a tendance à beaucoup sécher.

Au fond de mon cœur, je sais que l'embrasser à cette soirée n'était pas l'idée du siècle. J'avais déjà embrassé plusieurs amis dans l'euphorie, mais là, c'est différent. C'est évidemment différent puisque c'est Luc. Embrasser ses amis, ça a quelque chose de malsain. Après notre premier baiser, j'ai essayé de faire comme si je n'étais pas chamboulé pour ne pas le mettre mal à l'aise. J'ai attendu que la tornade des pensées de Luc passe. J'ai découvert à ce moment que le genre n'a aucune influence sur mes désirs, lui et moi avons ça en commun.

J'ai l'excuse d'avoir trop bu ce jour-là. J'ai presque remercié le ciel d'avoir eu une gueule de bois. Je peux affirmer que je ne me souviens pas des choses gênantes que j'ai faites. Je pense que Luc préfère parler de tout sans tabou et mettre les choses à plat, mais moi, je préfère les refouler jusqu'à ce qu'elles soient si profondément enfouies en moi que j'oublie qu'elles existent.

Je ne demande pas grand-chose, seulement de continuer à avancer sans polémiquer sur cet événement.

La prof commence son cours sur l'après première guerre mondiale. Je sais que la période des guerres passionne sincèrement Luc. Je pense comprendre cette obsession. Le passé est peut-être voué à se reproduire comme une boucle sans fin et se rappeler des atrocités qui se sont produites pourraient l'éviter. "Qui ne connaît pas son histoire est condamné à la revivre" a écrit George Santayana.

En tout cas, ça me fait plaisir que Luc participe en cours. Il est vraiment intelligent et déterminé et vu le compte en banque de ses parents, il peut clairement faire ce qu'il veut dans la vie, c'est pour ça que ça me tue qu'il gâche ses chances par son inactivité. Parfois, je le jalouse, je sais que mes rêves seront plus durs à atteindre simplement parce que je ne suis pas riche.

On dit que l'ennui mène au vice, dans mon cas, il mène au sommeil. Les cours me sont de moins en moins supportables donc pour compenser, le soir, dessine, je couds ou je fume selon l'humeur. Donc en règle générale, je récupère mes heures de sommeil en cours. Quand la sonnerie me réveille, il est midi.

Je n'ai pas faim, je veux juste jouer un peu au basket pendant ma pause pour me détendre. J'appelle Abel pour lui dire que j'arrive au terrain. Milo est là aussi. Le ballon atterrit presque instantanément dans mes mains quand j'arrive près d'eux, donc je commence à dribbler et à feinter pour m'approcher du panier et marquer.

— Tu triches, s'écrie Milo, tu dois pas dépasser la ligne pour tirer !

— C'est pas de la triche, dans les vraies règles, j'ai le droit.

— Tu touches le panier en levant les bras ! C'est ce qu'on s'était dit, pas plus près que ce trait, Gab !

— Les paniers sont plus bas que la normale, donc théoriquement, tu as le droit de dépasser la ligne, mais le fait pas Gaby, m'enfonce un peu plus Abel.

Burning RedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant