Épilogue

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"I think it's nice that we share the same sky"

Aftersun - movie by Charlotte Wells

Gabriel

Huit heures plus tard, je pose le pied dans l'aéroport de New York. Mon trajet a été rempli de questionnements. Il y a tellement de choses que j'aurais dû dire à Luc quand il était devant moi. Maintenant, je les dis au ciel en espérant que le vent les emmène vers lui. Je les dis à Dieu, espérant qu'il implante ça dans sa tête. J'espère surtout qu'il a déjà tout deviné.

Je ne peux même pas parler avec lui par message, car si son père l'apprend, il me coupera les vivres. Le pire, c'est ce qu'il pourrait faire à Luc. Nous sommes tous les deux d'accord pour ne pas prendre de risque. On se plie aux petits caractères de notre contrat.

Un taxi m'emmène dans l'appartement que me paye le père de Luc. Il ne s'est pas moqué de moi, c'est absolument magnifique. Il se situe à Bedford Street dans le quartier de Greenwich Village.

Le propriétaire vient me donner les clés et m'amène au premier étage. C'est spacieux, lumineux, avec de grandes fenêtres. Tout est meublé. J'ai même un bureau !

Cette nouvelle me met du baume au cœur sans effacer ma peine. Je ne veux pas arrêter de souffrir. La peine est la seule chose qui me relie encore physiquement avec Luc, alors je ne compte pas la laisser partir comme ça.

La chambre beige est ornée d'un lit king size avec deux penderies. D'ici, j'ai une vue sur l'extérieur tout en n'ayant aucune nuisance sonore grâce au double vitrage. J'ouvre la valise et commence à ranger mes vêtements. Je retire mes t-shirts puis mes pantalons quand soudain, j'aperçois un objet noir.

Je le tire et me rends compte que je tiens entre les mains un carnet noir en cuir d'une qualité magnifique. Je l'ouvre et parcours de mes doigts toutes ces pages lignées vierges. Quand j'arrive à la première page, je découvre, glissée là, la dernière photo qu'on a prise en format A5. Je suis sûr que Luc a demandé à Charles de l'imprimer et qu'il l'a mis là quand je dormais.

Je prends la photo dans mes mains pour l'observer de plus près. Dans cet angle, la lumière la traverse et je découvre que quelque chose est écrit au dos.

"J'espère que tu passeras les meilleures années de ta vie. N'oublie pas que je suis près de toi. À chaque fois que tu auras besoin de me parler, tu pourras m'écrire dans ce carnet. En revanche, tu as l'obligation de me rendre visite sur ces pages chaque 7 juillet.

À ta nouvelle vie !

Avec tout mon amour,

Lucian"

Burning RedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant