Chapitre 22

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"And I've been meaning to tell you, I think your house is haunted. Your dad is always mad and that must be why. And I think you should come live with me and we could be pirates then you won't have to cry or hide in a closet."

seven- Taylor Swift

Gabriel

Luc est puni aujourd'hui. Privé de sortie. J'avoue n'avoir pas tout compris quand il m'a appelé au téléphone puisque notre échange s'est surtout résumé à lui qui me demandait de venir et sans poser trop de question, je l'ai fait. Je le fais toujours.

En arrivant devant l'énorme bâtisse qu'est la maison de Luc, je me dis que quelque chose cloche. Le silence quasi absolu donne des airs de maison abandonnée dans laquelle on ne mettrait les pieds pour rien au monde. Je sonne pour entrer et Charles vient m'ouvrir.

— Bonjour Charles, comment allez-vous ?

— Je vais bien, et vous, Gabriel ?

— Très bien. Dites-moi, vous ne trouvez pas que quelque chose est étrange ?

— Il me semble avoir entendu des cris fuser entre monsieur Vallois et son fils. Vous devriez probablement monter le voir au plus vite.

— Merci, dis-je en me dirigeant vers les escaliers.

— Oh, pendant que j'y pense, pourriez-vous souhaiter de vives félicitations à votre père pour sa pièce de théâtre. Je l'ai trouvée vraiment brillante, mais je ne voudrais pas l'importuner avec un appel vu tout ce qui se passe récemment.

— Je lui dirai, mais Charles, vous pouvez l'appeler sans problème. Vous êtes un ami de la famille.

Il sourit et je crois presque le voir rougir, mais je me retourne pour monter les marches trop rapidement. Je me remets donc à gravir les escaliers en direction de la chambre de Luc.

J'entre dans la pièce et cherche Luc sans le voir. J'avance et me retrouve au milieu de la chambre et là, je l'aperçois enfin. Sa silhouette se dessine derrière le voilage qui sépare sa chambre du balcon. Il est assis sur la rambarde de pierre épaisse, le dos courbé, un joint à la main. L'odeur me parvient quand je franchis cette frontière et que je pénètre sur le balcon. Le printemps va bientôt refaire surface donc le temps est plutôt clément.

— Ça ne va pas, Luc ?

— Je crois que je suis pris au piège, dit-il comme s'il répondait à ses propres pensées plutôt qu'à ma question.

En m'approchant, je remarque que ses yeux sont injectés de sang. Est-ce à cause de la drogue ou des larmes ?

— Comment ça ? je l'interroge en attrapant le joint dans sa main pour le porter à ma bouche.

— J'étais censé aller en manifestation avec Léo et Elios mais mon père m'a menacé. Il m'a dit que si j'y allais, je le regretterais. Il m'a dit, je cite, "tes conneries de révolutionnaire, c'est fini."

— Ce qui m'étonne, c'est que tu l'as écouté et que tu n'as pas fait le mur.

— J'ai passé un marché avec lui, il me tient.

— Un marché ?

Je vois un air de panique dans ses yeux et je sens qu'il s'apprête à me déballer un mensonge. J'ai l'habitude, il ne veut jamais réellement dire ce qu'il se passe dans sa famille pour me protéger. J'ai vraiment l'impression que son père est constamment en guerre avec lui et je suis intimement convaincu que je ne sais qu'une infime partie de tout ce qu'il se passe entre eux.

Burning RedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant