Burning Red

Chapitre 10

"Everybody knows my past now, like my house was always made of glass"

Lonely- Justin Bieber ft. Benny Blanco

Luc

Il y a certains jours où tout est gris. Pas noir. Juste gris. Je préférais qu'ils soient noirs, je pourrais me dire que demain est un autre jour et que tout ira mieux. Mais non, c'est gris. Même pas un gris assez foncé pour que je puisse m'en plaindre en plus. Je dois juste attendre que ce gris devienne plus foncé, ou plus clair pour que ma vie me paraisse moins maussade.

C'est le cas aujourd'hui.

Une journée gris de fer.

Je suis censé rejoindre ma sœur pour parler avec elle. J'ai demandé à Charles de la conduire sur un banc près de la Seine. Je ne voulais pas marcher ou manger avec elle, alors c'était la meilleure solution. J'ai choisi un endroit assez proche du pont de l'Alma, j'aime la sculpture.

Je reste assis sans bouger rien d'autre que mes paupières. J'appréhende tellement que je n'arrive plus à bouger. Son parfum est la chose que je reconnaît en premier alors qu'elle s'assoie à mes côtés.

— Tu sais, je t'ai envoyé une trentaine de cartes postales. Dès que j'allais quelque part, je t'en envoyais une. J'attendais les tiennes. Chaque jour, j'ouvrais ma boîte aux lettres, espérant voir une photo de Paris avec ton nom au dos. Tu ne m'as jamais répondu.

— Te répondre quoi ? "Hey Danny ! Je suis content que tu m'aies abandonné pour vivre le rêve de papa et maman. D'ailleurs, en parlant d'eux, c'est toujours aussi horrible ici, mais ne t'en fais pas, je survivrai, peut-être."

— Ça aurait été mieux que rien, fait-elle en baissant la tête.

J'attends qu'elle me présente ses excuses. Ou peut-être juste qu'elle parle, mais elle ne dit rien.

— Tu ne vas rien dire pendant longtemps, dis-je finalement.

— C'est toi qui m'as dit de venir, c'est à toi de me parler. Je ne sais même pas ce que tu me reproches dans le fond. On s'entendait tellement bien, et du jour au lendemain, pouf, plus rien.

— À qui la faute ? Tu veux que je te fasse une liste, peut-être ? dis-je avec le plus grand des sarcasmes.

— Pourquoi pas.

Les réponses de Danaé, typiquement tout ce que je déteste. Des phrases courtes, condescendantes, à la limite de l'insolence. Comme si elle ne savait pas ce qu'il s'est passé entre nous.

— On était proche avant. On subissait ensemble la tyrannie de papa. Et du jour au lendemain, tu t'es ligué avec eux contre moi. Tu t'es inscrite en médecine alors que tu voulais faire du commerce. Sans parler de tes piques constantes et de noël dernier. Tu m'as rabaissé et humilié devant tout le monde. Tu as balancé ma cachette à herbe et à cause de toi, ils m'ont envoyé faire une cure de désintox ! Deux semaines là-bas, juste parce que je fumais de l'herbe ! Mais sérieusement !

— Tu y es allé parce qu'ils te voyaient plus souvent bourré ou drogué que sobre ! Entre l'herbe, l'alcool et les pilules, c'était trop ! Au moins, ça t'as rafraîchi les idées avant que tu ne sombres pour de bon. Tu es revenu et tu as levé le pied au moins. Ça t'a été bénéfique.

Je la fusille du regard. Elle fait sa moue dramatique. C'était les deux semaines les plus longues de ma vie. Je n'ai même pas fait les 70 jours puisque je n'étais addict a rien. Je me sentais comme un prisonnier. Je n'avais même pas le droit d'avoir des lacets !