"Seems you cannot be replaced and I'm the one who will stay"
As It Was - Harry Styles
Luc
Si je prétends assez fort que tout est normal, peut-être que ça finira par devenir vrai. Je tente donc de vivre ma vie de la façon la plus banale possible. Mon père n'est pas là, alors j'ai invité Lana à dormir chez moi. Ça fait tellement longtemps. Elle m'a souvent fait comprendre qu'elle avait besoin qu'on passe plus de temps ensemble ces derniers temps. C'était l'occasion. Après avoir passé la nuit ensemble, je me réveille sous une couverture qui recouvre à peine ma peau nue. Son odeur a déjà imprégné les draps froissés.
Je reste un instant étendu sur le dos, fixant le plafond, pensant à la nuit d'hier. C'est étrange la sensation que ça me fait de me réveiller à côté de Lana. C'est comme si ça m'étonnait qu'elle soit encore là. Lana s'agite à côté de moi et je feins d'être encore endormi. Je la sens se lever et aller chercher un t-shirt dans ma penderie. Ses pas sont discrets, mais en étant concentré sur mon ouïe, on les distingue nettement. Je les entends ensuite claquer contre le carrelage de la salle de bain. L'eau se met à couler et je remarque qu'elle n'a pas fermé la porte. Je suppose qu'elle sait que je ne dors pas et qu'elle veut que je la rejoigne, ce que je ne compte pas faire.
J'écarte la couverture et vais ouvrir les rideaux et les fenêtres. Le soleil se cache tellement souvent derrière les nuages ces temps-ci que quand un rayon réussit à se percer un chemin jusqu'à la Terre, je fais tout pour qu'il atteigne ma peau. Sur le balcon, j'allume une cigarette et pose mes avant-bras sur la rambarde en pierre beige. Elle se consume lentement et quand il ne reste que le filtre, je jette le mégot dans le cendrier. Je reste encore un instant au soleil avant de rentrer, admirant mon jardin et l'odeur de la rosée du matin. La buée lévite entre la salle de bain et ma chambre. Lana chantonne tout bas et je réalise soudain que j'ai passé un long moment dehors. Je toque et rentre après qu'elle m'autorise à la rejoindre. La pièce est embuée et le changement de température est frappant.
Lana est assise dans le lavabo de façon à être plus près du miroir et se maquiller avec plus de facilité. Elle m'arrache un sourire et je m'adosse au mur pour la regarder.
— Tu veux que je te brosse les cheveux ? demandé-je après un moment.
— Si tu en as envie.
Je me faufile derrière elle et attrape sa brosse à cheveux. Je passe ma main sur toute sa tête pour ramener sa chevelure brune mouillée vers l'arrière. Je les sépare en deux pour ne pas lui faire mal. Je passe ensuite la brosse sur chaque mèche avec douceur pour qu'elle ne souffre pas ou la faire bouger pendant qu'elle se maquille. Le parfum de noix de coco remonte jusqu'à mes narines et je hume l'air comme si je savais que cette odeur me rappellerait toujours ce moment.
Elle jette parfois un œil vers moi à travers le miroir et quand je sens son regard se poser sur moi, je ne lui rends qu'un sourire qui lui dit que je sais qu'elle me regarde. Elle baisse alors les yeux vers son propre visage et se retient comme elle peut de me rendre mon sourire.
Elle a les cheveux courts et cela ne me prend donc pas longtemps à les démêler. Je vais alors me doucher pour que l'on puisse partir manger quelque chose. Plusieurs minutes après, je sors propre et parfumé. Je sors de ma chambre, me retrouve dans le couloir et descends ensuite les escaliers. Lana est assise à côté de ma mère et les deux discutent.
Lana charme chaque personne qu'elle croise. Elle fait quelques compliments, trouve un sujet de conversation et voilà. J'ai parfois remarqué qu'elle essaye toujours d'aller dans le même sens que la personne avec qui elle parle, même si cela fait qu'elle tient nombre de doubles discours. Dans le fond, ce n'est pas mon problème tant qu'elle ne joue pas de rôle avec moi, ce dont je doute fortement.
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Burning Red
RomansaGabriel et Luc, deux amis de toujours aux aspirations opposées, s'apprêtent à faire leur entrée en dernière année de lycée et dans le monde adulte. Durant quinze ans d'amitié, ils ont été omniprésent dans la vie l'un de l'autre, sans jamais s'imagi...