Chapitre 47

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"Coming back as we are"

The Scientist - Coldplay

Luc

Chanson Bonus : Ever Since New York, Harry Styles

Une semaine de plus est passée. Tout me paraît faux. Je n'ai même plus la notion du temps. Je suis allé au lycée, mais j'ai gardé le regard dans le vide à chaque cours. Je devais faire peur à voir.

Gabriel ne vient pas à nos cours communs. Je le croise parfois au détour d'un couloir. Je reste sans voix et lui me toise sans rien laisser transparaître de ce qu'il pense. Je sens juste au fond de moi qu'il me hait. À chaque fois que je l'apercevais, une sueur froide s'emparait de moi, m'électrisant de la tête aux pieds, faisant se hérisser mes poils. Ma respiration accélérait et mes yeux se remplissaient de larmes.

Croiser Lana ou Diana ne me faisait incontestablement pas cet effet-là. Jade quant à elle, ne vient même plus en cours.

Je ne tiens plus. Je suis absolument prêt à tout pour pouvoir lui parler et lui faire comprendre que je veux son bien. Tout.

J'ai erré dans les rues, de jour comme de nuit, tentant de retrouver une raison de vivre. J'ai essayé de dormir pour passer les heures plus vite, mais rien n'y fait. Je ressens dans mon corps chaque seconde comme étant une agonie. Une torture qui ne prendra jamais fin.

Après la journée interminable d'aujourd'hui, je rentre chez moi. Scruter le plafond est ma seule occupation depuis que Gabriel refuse de me parler. Ces derniers temps, je lutte contre le sommeil. À chaque fois que je m'endors, je ne peux voir que son visage. J'aimais ça au début, mais petit à petit, chaque réveil est devenu encore plus difficile que la veille.

Je me suis mis à la prière. Seule une force mystique peut m'aider maintenant. Je me mets à genoux sur mon balcon et me jure d'arrêter uniquement quand ils saigneront. Je prie que Gabriel daigne seulement répondre au téléphone, que je puisse lui parler. Qu'il arrête de me regarder avec ces yeux.

C'est décidé, je l'appelle. Je colle la vitre froide de mon téléphone contre mon visage chaud de stress. Ma main tremble un peu. Trois sonneries passent et je me fais à l'idée qu'il ne répondra pas. Cette sonnerie devient ma rengaine horrifique. Mon pire cauchemar.

Je m'apprête à raccrocher le téléphone pour ne pas avoir le supplice d'écouter pour la énième fois le message de sa boîte vocale et sa voix aussi froide que le plus grand glacier. Mais là, il parle de l'autre bout du fil.

— Allo ?

Mon cœur s'arrête de battre avant de recommencer à une vitesse inimaginable. Ma bouche s'assèche et je déglutis difficilement. Je suis presque sûr que mes yeux sont écarquillés comme dans un dessin animé.

— Luc ? répète-t-il.

— Gabriel, rétorqué-je instinctivement.

— Oui, tu m'as appelé.

— Gabriel, laisse-moi venir te voir et te parler. Je t'en prie.

— Non, c'est fini, Lucian.

— Tu ne m'aimes plus ? Tu me détestes ?

— Je ne veux pas le dire, je ne veux pas dire quelque chose qui te briserait.

— Si tu ne dis rien, c'est pire.

— Les deux sentiments cohabitent en moi. Ce n'est pas facile à apprivoiser.

— Moi, je t'aime encore. Personne ne sait à quel point. Personne ne sait ce qu'on a partagé. S'ils le savaient, ils seraient jaloux.

Je l'entends soupirer.

— Tu es important pour moi, continué-je. La façon dont tu poses ta tête dans le creux de mon épaule, la chaleur précise de ta main, l'odeur que tu laisses en passant devant moi, ton air naïf sont importants pour moi. Mais aussi, ton bâillement du matin, te voir regarder la télé d'un seul œil parce que tu ne veux pas être celui qui demande à aller se coucher, ton lever vers quatre heures du matin pour boire de l'eau, tous les détails qui font ta personne me manquent.

— Pourquoi je devrais te laisser me parler après ce que tu as fait.

— Parce que je t'aime.

— Ce n'est pas suffisant.

— Je ferai n'importe quoi pour que tu me laisses te parler, je promets.

— Tu en es sûr ?

— Tout ce que tu voudras.

L'espoir sèche les gouttes d'eau tombant de mes yeux. Mon cœur se gonfle et mon esprit commence à être stimulé.

— Très bien, si nos problèmes ont été rendus publics, je veux que tes excuses le soient aussi. Tu vas me prouver que tu t'en veux vraiment.

— Comment ?

— Je ne sais pas, je veux des preuves d'amour. Peut-être un poème écrit en prose et lu en place publique, je n'en sais rien, mais fais quelque chose de courageux et de dangereux. Prend un risque. Essaye quelque chose. Perds quelque chose, prouve-moi que je peux te croire. Montre-moi que j'ai quelque chose en quoi croire et là, je te parlerai. Reviens vers moi quand tu l'auras fait.

Il raccroche. Je me mets instantanément à réfléchir. Je pourrais hurler que je l'aime dans la rue, mais il s'en ficherait. Tous nos amis sont au courant. Ma mère est au courant, ma sœur aussi. Qui ne sait pas ?

Mon père.

Non, je ne peux pas faire ça. Qui sait ce qu'il serait capable de me faire.

Mes jambes peinent à porter mon corps. Je ne sais pas si j'en suis capable. D'un autre côté, je ne peux pas le perdre sans avoir rien fait.

N'ai-je pas toujours dit que je ferai tout pour lui ? Même mourir ? Oui, sans hésitation. Aller voir mon père ? S'il le faut, je lui avouerai tout. Après ça, Gabriel verra à quel point je l'aime.

C'est décidé. Je vais avouer à mon père que je suis amoureux d'un homme.



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