"You see, it's hard to find an end to something that you keep beginning, over and over again. I promise that the ending always stays the same "
Memories - Conan Gray
Luc
J'entre dans l'appartement et suis Lana jusque dans son canapé rouge bordeaux. Elle est glamour dans son peignoir de soie noir avec de la dentelle en bas. Sa tenue ainsi que son maquillage me laissent penser qu'elle s'attend à une discussion puis à une réconciliation sur l'oreiller. C'est évident, puisque c'est comme ça qu'on fonctionnait, elle et moi. À la différence que j'en suis physiquement incapable maintenant. Son parfum n'est plus un appel à l'érotisme comme il l'était autrefois. Elle n'est pas Gabriel et ça me suffit pour ne pas la désirer.
De toute façon, je l'ai toujours aimée, même sans avoir besoin de la désirer. J'ai un profond respect pour elle, que je ne montre pas toujours, mais c'est la pure vérité.
Elle s'étend sur le divan et appuie sa tête contre sa main. De haut en bas, elle me toise. Comme si elle avait flairé un changement en moi sans parvenir à le trouver.
— Alors, tu étais où pendant deux semaines ?
— Au lycée.
— Tu sais très bien ce que je veux dire, commence-t-elle en me montrant son agacement. Je parle des vacances là.
— On est allé sur la côte et à Amsterdam.
— Pourquoi tu ne m'as pas prévenu ?
— Tu n'es pas ma mère, dis-je en haussant progressivement le ton.
Son côté castrateur est quelque chose que j'ai toujours détesté en elle. Elle peut tout faire sans que je n'ai le droit de lui poser aucune question, alors qu'à l'inverse, elle doit tout savoir dans les détails. Et puis, pourquoi j'aurais besoin de lui demander la permission ? Merde quoi ! Je suis majeur, je ne dois de compte qu'à moi-même !
— Je suis ta copine, j'estime avoir le droit de savoir où tu es !
— Et bien maintenant, tu sais ! Fin de la conversation.
— Tu es tellement pathétique quand tu es comme ça ! Tu te drogues à la moindre petite émotion négative et tu insultes les mêmes personnes que tu appelles quand tu te sens mal ! C'est ridicule, tu te comportes toujours comme un enfant.
— Lana, je te le redis encore une fois, tu n'es la mère de personne. Ce n'est pas parce que tu gères ta sœur et que tu détestes ça que tu dois défouler tes frustrations sur moi. Moi, je m'occupe de moi. Je n'ai pas besoin de toi pour me dire ce que je dois faire.
— Ne mêle pas ma sœur là-dedans, je te préviens, Luc !
Je soupire et tente de reprendre le contrôle de mon corps. Je dois être celui qui tempère l'autre aujourd'hui ou des mots vont dépasser notre pensée. J'essaye de ré acquérir un état de lucidité suffisant pour choisir mes mots avec minutie. Lana, en face de moi, respire tellement fort qu'elle me fait penser à un taureau prêt à foncer sur son attaquant.
— Je suis désolé. Je n'aurais pas dû parler de ta sœur. Je sais que tu l'aimes. Je sais aussi que ce n'est pas facile pour toi de déjà devoir faire des sacrifices dans ta jeunesse pour elle.
— Ce n'est pas grave. Je te pardonne. Ça va mieux maintenant, entre moi et mes parents. Je sors moins le soir de toute façon, donc quand je sors l'après-midi, je l'emmène avec moi. Tout le monde me demande toujours si c'est ma fille.
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Burning Red
RomanceGabriel et Luc, deux amis de toujours aux aspirations opposées, s'apprêtent à faire leur entrée en dernière année de lycée et dans le monde adulte. Durant quinze ans d'amitié, ils ont été omniprésent dans la vie l'un de l'autre, sans jamais s'imagi...