Chapitre 17

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"For your eyes only I show you my heart"

If I could fly - One Direction

Gabriel

J'étais tellement préparé mentalement à voir Luc que j'avais oublié la possibilité que Jeremiah pouvait m'ouvrir, pourtant, c'est bien lui. Nous restons tous les deux figés sous le coup de la surprise. L'un de nous finira bien par rompre ce silence.

— Je suppose que tu es venu pour Luc, c'est ça ?

— Évidemment que oui. Je ne suis pas venu en vacances !

Il regarde ses chaussures en ricanant légèrement. Je ne sais pas comment interpréter cette réaction.

— Désolé de te décevoir, mais il n'est pas là. Il est parti au Hyde Park Winter Wonderland, il y a environ une heure.

— C'est encore ouvert à cette période de l'année ?

— Début janvier, le sol avait entièrement gelé, donc ils ont été décalés. C'est le dernier jour.

— Merci, Jeremiah.

Je n'attends pas sa réponse et je pars en courant avant de me rendre compte que je ne sais pas du tout où je vais. Je mets encore une fois mon GPS sur mon portable et je me dirige vers la fête foraine en essayant de profiter du paysage londonien. Mon père vient souvent ici, mais jamais avec moi. Mon grand-père habite en Écosse maintenant donc, à part pour le travail, il n'a plus aucune raison de mettre les pieds dans cette ville encore plus humide que Paris. Je sens dans son regard qu'il n'aime pas ce pays et qu'il n'est pas très attaché à ses origines.

J'arrive bientôt à l'entrée et la nuit tombe déjà. Je n'aurais jamais imaginé que c'était aussi grand. Toutes les lumières m'aveuglent et m'émerveillent en même temps. Je vois toutes ces attractions et je me dis que je ne le trouverai jamais. Il est peut-être même déjà rentré. Pas de temps à perdre, je me faufile entre les gens et déambule partout dans l'espoir de le trouver. En vérité, j'aime beaucoup cet endroit. Il sent la barbe à papa et les rires se font plus entendre que les bruits des attractions.

J'ai toujours adoré ce genre de parc et les pommes d'amour. J'en achète une pour moi et du popcorn au caramel pour Luc. Je vois déjà son sourire quand je vais les lui donner. Si j'étais Luc, vers quelle attraction est-ce que j'irai en premier ? Question facile, il irait à Ice Mountain. Alors, c'est là que je vais aussi.

Je marche en mangeant ma pomme recouverte de caramel rouge d'une main et tenant les popcorn de Luc de l'autre. Une petite musique de parc d'attractions donne une cadence à mes pas. Ma tête se tourne de gauche à droite frénétiquement, plus pour voir les stands que pour chercher Luc.

Les carrousels sont tellement nombreux. J'adorais quand mon père nous emmenait au manège. On se mettait côte à côte dans l'avion et j'attrapais le pompon à tous les coups. Ensuite, Luc célébrait ma victoire, comme si un autre tour de manège était la meilleure chose que je pouvais lui apporter. On aurait pu y rester toute notre vie. Un jour, vers nos huit ans, le gérant a refusé qu'on monte dans l'avion. Il a dit qu'on était trop grand. Ce jour-là, on a su qu'on ne remonterait plus jamais à bord d'un manège, mais on a surtout pleuré parce qu'on ne se souvenait plus de la dernière fois qu'on avait attrapé le pompon.

Le Ice Mountain est vraiment immense. Un grand mur avec un imprimé glacier en fonte se dresse devant moi. Les lumières jaunes projettent l'ombre des rails de ce train contre le mur le rendant presque menaçant. Un wagon s'apprête à partir et Luc n'est pas dedans, pas plus qu'il n'est dans la file d'attente.

Burning RedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant