Chapitre 27

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« Now you hang from my lips like the gardens of Babylon »
Cowboy like me - Taylor Swift

Luc

Chansons Bonus : Margaret, Lana Del Rey ft. Bleachers

Under your spell, Desire

Je n'ai pas dormi de la nuit, mes cernes descendent jusqu'en bas de mes joues. J'ai passé la nuit à faire des aller-retours entre mon horloge et les moulures de mon plafond, sentant les heures passer comme si elles étaient tangibles. Avant que je ne le remarque, le soleil s'était levé et mon réveil retentissait. Je me suis alors levé et habillé, mais il est trop tôt, je ne vais pas sortir de chez moi maintenant, sinon je vais être trop en avance.

Voulant tuer le temps, je m'allume une cigarette sur le balcon, le regard perdu dans le vide. Je la finis en moins de temps qu'il faut pour le dire et m'en allume une autre. Puis une autre. Instinctivement, je veux en prendre une quatrième, pensant que ça calmera mon stress, mais à part me donner un cancer des poumons, ça n'aura absolument aucun effet sur mon corps.

Je concentre donc toute mon attention sur le fait de me retenir de fumer, au moins ça me fait penser à autre chose qu'à Gabriel, même si vouloir ne pas y penser rend cela impossible à oublier. Ça me distrait suffisamment à mon goût. Je sens que mon pied se balance frénétiquement et ça m'agace, alors j'essaye de me calmer. Je ne sais pas comment faire. Plus jeune, j'avais de gros soucis pour gérer mon stress et je me mordais l'intérieur de la joue jusqu'au sang. Rien que le fait d'y penser me donne l'impression que ça me démange. Bon, ça ou la cigarette...

Une fois la fumée de ma quatrième cigarette sortie de mes poumons, je me mets en route, le cœur lourd, vers la place de la Bastille. Tel un automate, je marche sans même voir ce qui se trouve autour de moi. Mes jambes font leur numéro d'équilibriste, défiant la gravité pour me faire avancer sur les trottoirs gondolés faits de pavés usés. Quand mon regard croise celui d'Elios et que je reviens à moi, mon cœur accélère tellement que j'ai l'impression qu'il tente de s'échapper tandis que ma cage thoracique le lui interdit.

Je regarde autour de moi comme si j'étais en crise de paranoïa pour voir si Gaby est déjà là. Aucune trace de ses cheveux châtain clair à l'horizon. Je me calme un peu, même si mon rythme cardiaque reste supérieur à la moyenne. J'avance vers lui, mes pas retentissent comme un décompte annonçant le plus grand moment de ma vie.

J'ai cette affreuse impression que le temps se ralentit pour me torturer un peu plus. Elios s'avance vers moi, laissant Léo là où il est pour me rejoindre.

— Ça va, Luc ? Tu es aussi pâle que Dracula.

— Elios, je suis effrayé.

— Au moins, tu en es conscient. Luc, quand tu as peur de quelque chose, quand tu as peur de sauter le pas, c'est exactement à ce moment-là que tu dois sauter à pied joint sans te retenir. Tu fonces droit devant, la tête baissée, prêt à recevoir les coups et à enfoncer toutes les portes que tu veux franchir. C'est clair ?

— Et si ça se finissait mal entre nous ?

— L'avantage quand on perd l'amour de sa vie, c'est que ça ne peut se produire qu'une fois.

— Ça aurait été plus simple si je n'étais pas amoureux de lui.

— Peut-être, mais si tu choisis de qui tu tombes amoureux, tu ne le fais pas correctement. En plus, est-ce que tu voudrais d'une vie sans Gabriel ?

— Non, avoué-je, mais c'est dur de me sentir aussi faible.

— Sans pluie, pas de fleur. Et Luc, tu n'es pas faible, tu te montres simplement vulnérable.

Burning RedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant