Burning Red

Chapitre 46

"Those eyes add insult to injury"

Exile - Taylor Swift ft Bon Iver

Luc

Chansons Bonus : I Love You So, The Walters

I miss you, I'm sorry, Gracie Abrams

Le rouge est peut-être la couleur de la passion et de l'amour, elle n'en reste pas moins celle de la colère, de la violence et de la jalousie. C'est exactement la façon dont toutes mes relations ont fini par évoluer. Et souvent par ma faute.

Aujourd'hui, c'est mon sang qui va couler. Lana m'a envoyé un message. Elle veut que je la retrouve dans un parc près de chez elle pour discuter. Je n'ai pas l'audace de dire non. Je lui dois bien des excuses en bonne et due forme.

J'ai essayé de me rendre présentable pour qu'elle voit que je ne prends pas ça à la légère, mais pas trop pour qu'elle ne pense pas que je suis heureux d'avoir cette discussion.

Je m'y rends en avance, je stresse trop pour rester chez moi à regarder l'heure défiler. Je prends le temps de faire le tour du parc une ou deux fois en écoutant de la musique pour me détendre le plus possible. Cinderella de Mac Miller passe soudain dans ma playlist. Je n'ai jamais réellement adoré cette chanson, mais Gabriel l'aime, alors je l'écoute. Elle me fait me sentir proche de lui. Elle est la première chanson de la liste de celles que je ne peux plus écouter sans penser à Gabriel.

On dit que si c'est hors de notre contrôle, ça devrait être hors de nos pensées, mais comment mettre Gabriel hors de mes pensées ? Parfois, j'aimerais qu'il existe un manuel pour comprendre ce que je dois faire.

L'heure de notre rendez-vous approche, alors, je m'avance vers l'endroit où elle est censée me rejoindre. Je m'assois sur le banc et guette les entrées du parc frénétiquement. Mon cœur loupe un battement quand elle franchit la grille. Elle me repère et vient droit vers moi.

Sans me dire bonjour, elle s'assoit à côté de moi. Sa respiration est rapide et son visage fermé. Je n'ose pas parler, par peur qu'elle me foudroie sur place. Je préfère la laisser décider de quand elle me parlera.

— Je ne vais pas passer par quatre chemins, commence-t-elle. Je t'adresse la parole une dernière fois, et après, je te dis adieu. Depuis quand tu me trompes ?

— Depuis les dernières vacances.

— Et émotionnellement ?

— Je dirai, Nouvel An.

— Tu m'as aimé un jour ?

— Oui, évidemment. J'étais fou de toi au début. Je pense que c'est passé et que je me suis accroché à une nostalgie.

— Je n'arrive plus à me souvenir de pourquoi je me suis battue pour nous, lâche-t-elle avec un léger mépris dans la voix. Tu étais tellement dur avec moi, sous prétexte d'être honnête.

— Je suis désolé de t'avoir fait du mal.

— Tu es comme ton père. Aucune empathie.

Je voudrais m'énerver, hurler, casser de la vaisselle, balancer mes affaires pour me défouler. Or, je ne suis pas en position d'être en colère. Je n'avais pas réalisé à quel point je lui avais fait du mal avant de la voir comme ça. Sa bouche s'étire, mais ses yeux ne me sourient pas. Je vois à quel point elle me méprise et le dédain qu'elle ressent envers moi. Pour elle, je dois être l'être humain le plus misérable n'ayant jamais foulé la surface de la terre.

— Tu veux savoir ce que je pense, Luc ? Je pense que tu ne m'as jamais aimé.

— Pourquoi tu dis ça ? rétorqué-je sincèrement curieux.

— À mon anniversaire, à mes dix-sept ans, ça faisait deux ans qu'on était ensemble, pourtant, tu m'as offert des boucles d'oreilles dorées. J'aurais aimé apprécier ce cadeau pour ce qu'il était, mais ça m'est toujours resté dans un coin de la tête.

— Je ne vois pas où tu veux en venir.

— Si tu m'avais regardé comme tu regardes Gabriel, tu aurais remarqué que je ne porte que de l'argent. Ça montre que tu ne t'es jamais intéressé à moi, je le comprends maintenant.

— Lana, tu es vraiment en train de remettre notre relation en cause pour une couleur de boucle d'oreille ?

— Évidemment, les détails sont les choses les plus importantes. Tu n'as pas fait cette erreur quand tu as acheté ton "matching necklace" avec Gabriel. Tu te fichais de moi. Je ne te servais que pour les apparences. Ou peut-être que l'amour t'a rendu aveugle de façon littérale. En tout cas, pour moi, t'aimer a été le pire des fléaux.

— L'amour ne rend pas aveugle. En tout cas, pas mon amour pour Gabriel. Quand j'ai accepté que je l'aimais, au contraire, j'y voyais clair. Je vois à présent à quel point j'ai été mauvais avec toi. Je t'ai traité comme un problème dans ma vie. Je t'ai trompé de trop nombreuses fois et je t'ai menti encore plus de fois. Je m'en veux sincèrement. Je ne me rendais pas compte du mal que je te faisais parce que j'étais trop préoccupé par le mal que je ressentais déjà en moi. Et parce que je regrette ce que je t'ai fait subir, je te présente mes excuses. Pas dans le but que tu les acceptes, mais dans le but que tu vois que mon repentir est sincère et que je m'en veux de t'avoir fait vivre ça.

— Luc, je me fiche de toi, maintenant. Tu m'indiffères littéralement. Je venais juste mettre ça au clair. Considères-toi comme pardonné si ça aide ta conscience mais sache qu'en réalité, tu es oublié. Adieu, Lucian.

J'ai perdu toute confiance en moi après cette journée. J'ai bien compris le mal que je fais aux personnes qui m'entourent et ça me fait du mal. Si seulement j'avais été plus attentif aux sentiments des autres. Il faut toujours attendre que ça nous arrive pour réaliser.

J'envoie un énième message à Gaby pour savoir s'il se sent prêt à avoir une dernière conversation avec moi. Je verrais bien s'il me répond ou s'il me laisse sans nouvelles comme depuis le début de la semaine dernière.

Je retourne sur mon balcon. Je ne dors presque plus. Je n'y arrive plus. Ce soir, quelques gouttes heurtent mon visage. Ou peut-être sont-ce des larmes. De toute façon, il pleut plus la nuit que le jour.

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