Chapitre 29

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"Let the ultraviolet cover me up"

I know the end - Phoebe Bridgers

Luc

Chansons Bonus : Lover, Taylor Swift

Love On, Selena Gomez

BIRDS OF A FEATHER, Billie Eillish

La première chose que je vois en ouvrant mes paupières, c'est la place vide à côté de moi dans le lit. Tout ce qu'il s'est passé hier me remonte et une terreur s'empare de moi : et si je l'avais brusqué et qu'il était parti ? Ce ne serait que le retour du bâton pour toutes ces fois où je me suis éclipsé de la chambre d'une fille ou d'un garçon avant même les premiers rayons du soleil, les laissant seuls le matin avec, pour seule trace de mon passage, ma marque sur eux.

Je lève la tête et je vois mon Gabriel. Les battements de mon cœur se détendent. Je feins d'être encore endormi pour qu'il reste dans cette position. Il est accoudé à la rambarde du minuscule balcon. Ses cheveux sont transpercés par les ultraviolets et sa blondeur enfantine revient, me rappelant sans cesse le jour de notre rencontre. D'ici, j'ai une vue magnifique sur son dos nu, à contre-jour. Il m'apparait comme Apollon qui serait descendu de son char pour me bénir de sa lumière divine.

Je me décide à me lever dans le plus grand des silences. Je m'avance vers mon amant et avant de l'enlacer, j'observe un instant mon ombre sur le mur. Je surgis derrière lui comme un prédateur prêt à fondre sur sa proie. Ça me rappelle le fait qu'il m'a offert son cœur sans retenue et que cette responsabilité m'effraie plus que tout. Je ne sais pas si je suis capable de le garder en sécurité, je suis plutôt du genre maladroit et j'ai peur de lui faire du mal.

Pour chasser cette idée malsaine, je me concentre sur la lumière que dégagent ses cheveux en bataille. Ils forment un halo doré autour de sa tête, comme sur les peintures religieuses du Moyen Âge. Je passe mes bras autour de sa taille, enfin. Il ne cherche pas à se retourner, il pose juste sa grande main délicate par-dessus la mienne. Son odeur embaume mes poumons comme un voile protecteur.

— Comment tu te sens ? murmuré-je au creux de son oreille.

— Je ne me suis jamais senti aussi bien de ma vie, répond-il avec le sourire dans la voix. Et toi ?

— Pareil. C'était...

— Merveilleux ?

— J'essaye de trouver un mot pour rendre justice à cette nuit, mais je crois qu'il n'a pas encore été inventé.

— Va prendre ta douche et on part déjeuner, m'ordonne-t-il en riant.

J'obéis sans réfléchir, car il me dirige à la baguette. Je prends un instant pour sentir l'eau couler de ma tête à mes pieds, emportant toute trace de lui sur son passage. Je n'aime pas ça. En sortant, j'enfile une blouse blanche qui laisse voir la forme de mon corps en transparence avec, en plus, les premiers boutons ouverts. Les cheveux encore mouillés, je le rejoins dans notre chambre. Je me parfume et attrape mes lunettes de soleil.

— Des Versace ? Vraiment, Luc ? Un signe de richesse aussi ostentatoire ne te ressemble pas, dit Gaby en riant.

— Eh, Versace, c'est ma marque préférée ! J'aime leurs vêtements. C'est d'ailleurs la seule chose de valeur que je possède. En plus, c'est ta faute, tu avais une obsession pour l'histoire de Gianni Versace, tu m'as contaminé.

— Oh mon Dieu, tu te souviens de ça !

— Évidemment ! Je sais que tu es plus du genre Vivienne Westwood maintenant, mais n'oublie pas d'où tu viens, Gaby.

Burning RedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant