"Every tear's a rain parade from hell"
Ghostin - Ariana Grande
Gabriel
Chansons Bonus :Good Luck, Babe!, Chappell Roan
I know it won't work, Gracie Abrams
J'ai un mauvais pressentiment. Ce doit être l'électricité dans l'air. Je sens que cette journée sera lourde. Entre mes parents, une tension règne. J'ai vite compris. La salle de bain était parfaitement rangée, ce qui n'est plus le cas depuis l'arrivée de ma mère. Elle va partir aujourd'hui. Je suppose que mon père se doute qu'elle lui prépare un coup fourré, la question c'est : est-ce qu'il sait ?
Il est huit heures du matin, il va bientôt partir trois jours à Londres pour la première de sa pièce. Quand il reviendra, il pourra de nouveau dormir dans son lit. J'espère qu'il se sentira enfin autorisé à ramener une nouvelle femme dedans.
Il part, valise à la main, et je le salue à la porte. Je me retourne et monte les marches deux à deux pour la découvrir, fermant sa valise dans la chambre de mon père.
— Tu nous quittes déjà ?
— Gabriel ! se retourne-t-elle en sursaut.
Elle plaque une main sur son cœur volé comme si je lui avais fait peur.
— Pourquoi tu ne nous l'as pas dit ? Tu aurais pu nous faire un adieu digne de ce nom, alors pourquoi tu fuis comme si on était des pestiférés.
— Je...
J'attends qu'elle finisse sa phrase, mais elle ne le fait pas. Je n'ai plus envie de crier, de pleurer ou de ruminer. J'ai juste envie qu'elle parte une bonne fois pour toutes.
Parfois, on sait quand un événement va être gravé dans notre cerveau à l'encre de Chine. D'autres fois, on n'a aucune idée de pourquoi on se souvient d'un moment précis, comme si on le revivait encore et encore. Cette scène fait partie de la première catégorie. Je prends une profonde inspiration et observe les murs beige et marron de la chambre. Le lit à moitié fait. Sa valise ouverte, les vêtements dans tous les sens. Ma mère en robe longue, les cheveux lâchés. Son teint toujours gris, les joues rosies par le maquillage. Ses boucles d'oreilles pendantes. La lumière tapant dans son dos. Son odeur de vanille.
Étonnamment, assimiler que je la vois pour la dernière fois m'apaise. Je pourrais enfin clôturer ce chapitre de ma vie et je me sens en paix avec des démons. Je ne lui en veux plus d'être partie et je ne lui en veux même plus d'être revenue.
— Si tu pars, cette fois-ci, ne reviens pas.
Des larmes pleines de mascara se mettent à couler comme une rivière sur ses joues, emportant son maquillage sur leur passage.
— Pourquoi tu pleures ? je demande sans aucune émotion dans la voix.
— C'est ton regard. C'est le même que le jour où je suis partie.
— Pourquoi tu ne dis pas au revoir à papa ?
— Parce que je ne veux pas revoir le regard qu'il avait ce jour-là. Je n'en ai pas la force. Tu sais, Gabriel, je ne voulais pas vous déranger dans votre vie. C'est l'hôpital qui a appelé ton père parce que, légalement, on est encore mariés.
— Alors divorce !
— J'espère que tu comprendras un jour, Gabriel. J'ai laissé une lettre pour ton père sur sa table de nuit.
Je lui tourne le dos et regagne ma chambre. Je m'allonge sur le dos, regardant le plafond en silence. J'attends d'entendre la porte claquer et quand c'est le cas, je dévale les escaliers en trombe et je la regarde monter dans son taxi en restant derrière les rideaux. Je vais chercher un verre d'eau dans la cuisine pour digérer cette dernière vision d'elle partant loin de nous. J'ai fraîchement dix-huit ans et c'est la dernière fois que je vois ma mère. C'est triste dit comme ça. Arrivant devant la porte du frigo, un post-it m'interpelle.
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Burning Red
RomanceGabriel et Luc, deux amis de toujours aux aspirations opposées, s'apprêtent à faire leur entrée en dernière année de lycée et dans le monde adulte. Durant quinze ans d'amitié, ils ont été omniprésent dans la vie l'un de l'autre, sans jamais s'imagi...