Chapitre 14

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"I wanna brainwash you into loving me forever"

Paris - Taylor Swift

Gabriel

Chanson Bonus : Ribs, Lorde

La nuit a été longue, je n'ai pas fermé l'œil une seule minute. J'ai surveillé Luc, je ne savais pas quelle drogue il avait pris. J'étais tellement effrayé, j'avais peur de ne plus voir sa poitrine se lever. Quand le soleil s'est levé, j'ai compris qu'il allait bien et je me suis dit que j'allais préparer un bon brunch pour le remettre sur pied.

Ma cuisine est sous ma chambre, alors quand il se lève, j'entends immédiatement ses pas. Luc a toujours eu un pas grave, comme un soldat partant à la guerre. Les marches des escaliers grincent à cause de ça. J'avais prévu d'être en colère aujourd'hui, mais quand je l'ai vu, j'ai su que ce ne serait pas possible. Il a sa mine fatiguée et je suppose que ce qu'il a vécu hier a dû être difficile. Alors maintenant, ma priorité n'est pas aux leçons de morale, mais plutôt de le faire manger pour qu'il reprenne des forces.

Il me sourit en arrivant et vient m'aider à cuire les œufs. Je ne suis pas un très bon cuisinier, mais lui n'est pas vraiment meilleur que moi. Je lui dis de s'asseoir pendant que je mets la table. Il tient sa tête entre ses mains, je lui sers de l'eau pour qu'il élimine plus vite toutes les toxines.

— Alors, c'était quoi la drogue que tu as prise hier ?

— Je ne sais pas. Il ne m'avait pas prévenu que ce n'était pas un joint classique.

— Il t'a drogué ?

Ma poitrine chauffe intensément. J'ai envie de retrouver ce type et de lui faire payer ce qu'il a fait. Rapidement, ma colère se transforme en peur. Qu'est-ce qu'il lui a fait d'autre ?

— Je vais bien, dit-il en devinant mon angoisse.

— Luc, je te jure que s'il a osé poser ses mains sur toi...

— Gabriel. Calme-toi. Je te promets que je vais bien.

— Tu me le jures ?

— Sur tout ce que j'ai de plus cher.

Il y a toujours une part de non-dits dans un silence. Des mots qui flottent entre deux personnes, des mots qu'on a peur de prononcer. Certains silences sont plus douloureux que ces mots-là. Je pense que je n'aurai jamais la certitude qu'il dit la vérité et je pense sincèrement que même lui ne sait pas s'il me dit la vérité. Finalement, la vérité est quelque part entre mon illusion et ses souvenirs.

J'ai préparé des œufs, des fruits coupés, du café et du jus fraîchement pressé ainsi que des pancakes. Il étale du chocolat sur certains, du miel sur d'autres. Je vois son visage reprendre des couleurs.

Salem est enfin sorti de la chambre de mon père. Lui aussi à le droit à ses croquettes. Après qu'il a mangé, il vient sur les genoux de Luc. Ces deux-là sont étonnement fusionnels. Et dire que Luc avait peur des chats au début. Salem vient rarement dans ma chambre, il préfère mon père et me le fait savoir. Quand mon père n'est pas là, il vient dormir sur mon lit pour se sentir moins seul. Le reste du temps, je l'oublie presque. Mon père le nourrit, il ne me miaule pas et ne vient pas dans ma chambre, mais quand Luc est là, on le voit réapparaître et il nous suit partout.

Luc ne le caresse pas et continue de manger. De temps en temps, il regarde le chat noir dormir sur lui avec un sourire au coin des lèvres. C'est dingue la façon dont tout le monde aime Luc et même les animaux. Existe-t-il une seule personne sur toute cette planète qui ne l'apprécie pas ? Il me parle et son sourire dévoile ses canines pointues à côté de ses incisives imperceptiblement plus longues que ses autres dents.

Burning RedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant