Chapitre 44

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"I made you think that I will always stay, I said some things that I should never say"

Save Your Tears - The Weeknd

Luc

Chansons Bonus : making the bed, Olivia Rodrigo

8 (circle), Bon Iver

Je suis tellement au plus bas dans ma vie depuis que je ne suis plus avec Gabriel et qu'il ne m'adresse plus la parole qu'il devient difficile de ne pas sombrer définitivement dans l'alcoolisme. Pour me changer les idées, je passe toutes mes journées chez les seules personnes que je n'ai encore jamais déçues, du moins pas encore, Léo et Elios.

J'ai promis à Gabriel de ne plus rien consommer, et je m'y tiens pour l'instant. Si je peux éviter de le décevoir encore plus, ça me rassurerait. Je comptais lui avouer que tout était faux quand il sera parti, mais je ne suis pas sûr qu'il arrête de me détester un jour. Je m'en suis rendu compte quand j'étais assis sur le balcon. C'est là que j'ai pris la pilule. Je me suis retrouvé pendant une heure sur le sol, léthargique. Après, j'ai pris de l'ecstasy pour compenser. Quand je suis redescendu, je me suis dégouté. Gabriel a raison sur tout ce qu'il m'a dit, c'est à se demander s'il ne transmettrait pas la parole divine.

Le problème avec la tristesse, c'est qu'on a l'impression qu'elle va durer pour toujours, exactement comme le bonheur. On sombre en elle comme dans un lac calme. Parfois, on tente de se débattre, parfois on se laisse couler, mais dans les deux cas, on arrête de se débattre quand l'eau entre dans nos poumons parce qu'on se sent libéré de la souffrance. Quand on accepte la tristesse comme étant presque apaisante, on entre dans un schéma dangereux, car on ne fait plus rien pour essayer d'être heureux.

Pour ma part, j'ai l'impression de n'avoir sécrété aucune sérotonine depuis des siècles. Le problème, c'est que je me souviens encore de la chaleur qu'elle produisait dans mes veines maintenant que ma peau est aussi glaciale qu'un cadavre. Aussi froide que mon lit quand Gabriel n'est pas là. Malheureusement, mon cerveau n'est pas gelé et je continue de réfléchir.

J'aurais dû trouver une solution. J'aurais dû trouver un moyen pour qu'il parte sans le perdre. J'aurais dû. Conjuguer ce verbe à ce temps me fait encore plus de mal. Je continue de revoir les images de ce que l'on aurait pu vivre. À présent, je ne sais même plus si ça l'importe que je sois dans sa vie, que je revienne encore. Je suis déjà allé chez lui pour m'excuser quand j'étais sous drogue, je ne peux pas le faire à nouveau. Je dois le laisser guérir de moi jusqu'à ce que je trouve une solution pour qu'on soit ensemble. En attendant, je supporte le manque qui règne à présent dans ma vie. Il faut arrêter de dire que si nous manquions réellement à une personne, elle serait revenue vers nous. En réalité, c'est souvent quand la personne nous manque le plus qu'on ne revient pas. Par peur du rejet ou pour ne pas faire encore plus de dégâts dans la vie de celle-ci que l'on en a déjà fait.

Donc, ces derniers temps, je mange sans rien savourer, je vois sans rien admirer, je vis sans couleurs. Tout me parait fade. Les jours gris sont de retour. Je déteste les jours gris. Je ne peux même pas dire que je suis triste, ce serait trop simple de réduire les jours gris à ça. Non, je préférais même que je sois simplement triste. Les jours gris, c'est un degré de chagrin tellement haut que je deviens un apathique frôlant la neurasthénie.

Pour tenter de panser mes plaies intérieures, Elios tente de me raconter comment la famille de Léo a tenté de les séparer. Comment ils ont failli réussir et comment ils ont réussi pendant un temps. Ils me mentent aussi parfois. Ils me disent que Gab me pardonnera peut-être, mais ils ne savent pas que ça ne résoudra pas le problème.

Je ne peux même pas parler de ça parce que seul un secret gardé par une seule personne ne parvient pas aux oreilles de la personne dont on veut le cacher.

Donc, je tente de faire comme si j'allais un peu mieux chaque jour, alors que c'est l'inverse. Ma poitrine se comprime un peu plus à chaque seconde. Mes poumons respirent cet air acide un peu plus difficilement à chaque minute. Mon cœur pulse mon sang un peu moins fort à chaque heure. Je meurs lentement.

Ils se sont dits que, comme je ne pouvais pas m'aider moi-même, je pouvais tenter d'aider les autres pour me sentir mieux, alors ils m'ont emmené en manifestation, chose qui a auparavant animé mon être de la flamme la plus vive, mais rien ne s'est passé. Pas même une étincelle. Au contraire, je suis rentré encore plus désespéré qu'avant. Rien ne m'aidera à aller mieux. Inquiets, ils m'ont emmené faire un basket, puis au skatepark, on a fait des tags. Tous les tags poétiques parlaient de lui. Ça m'a fait mal de penser à lui, mais au moins, j'ai ressenti quelque chose. On avait des marqueurs et des bombes de peinture. La seule chose que j'ai écrite, c'est "se perdre pour mieux se retrouver". Je crois qu'ils sont rentrés encore plus déprimés que moi.

Ils en sont arrivés à la conclusion que moi seul pouvait décider de me reprendre et d'aller mieux, mais que je n'étais pas prêt de le faire. 

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