Chapitre 4

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"We'll be a fine line. We'll be alright."

Fine Line - Harry Styles

Luc

Mon téléphone sonne. C'est probablement Lana. Elle m'envoie beaucoup de messages en ce moment. L'écran illumine la pièce et me brûle les rétines. Il est midi passé et je suis toujours dans mon lit. Mes parents doivent savoir que j'ai encore séché. J'ai un marteau qui me frappe en dessous des tempes d'avance.

C'est Elios. S'il m'appelle, ça doit être urgent. J'appuie sur la touche appeler et je n'attends pas longtemps avant qu'il décroche.

— Allo ?

— Allo, ça va, mec ? commence-je.

— Tranquille, et toi ?

— J'ai un peu la gueule de bois, mais ça va passer. J'ai vu ton appel, il y a un problème ?

— Tu as oublié ! J'en reviens pas. C'est pas cool, mec. Tu fais une soirée alors que le lendemain, on a besoin de toi et après, tu nous plantes.

— Attends, on est déjà mardi ?

— Tu sais même plus quel jour on est ? Tu devrais vraiment faire attention, Luc. La pente de descente est rapide mais celle pour remonter est longue et difficile.

— Je suis vraiment désolé. Je m'habille et j'arrive.

— Bon, dépêche-toi. On part à 14 heures.

— Ça marche, à tout à l'heure.

Dès qu'il raccroche, je saute du lit. J'ouvre les rideaux, le ciel est aussi gris que du métal. J'aime le ciel chargé de nuages gonflés de pluie. Je m'autorise quelques secondes à profiter de l'air humide qui s'engouffre dans ma chambre. Je n'ai pas une éternité à perdre donc je cours presque chercher des vêtements et je saute dans la douche.

L'eau ruisselle de mes cheveux à mes pieds. Elle est froide, elle me débarrasse de mon mal de tête en l'emportant avec elle dans le siphon. Quand je sors, une odeur de savon domine la salle de bain. Je prends à peine le temps de me sécher que je suis déjà habillé. Je mets aussi mon bonnet et un genre d'écharpe utile si le gaz est lancé.

J'entends le son étouffé de gens qui parlent, qui crient plutôt. Ma mère se dispute avec mon père. Je n'essaye pas de deviner pourquoi. Les raisons peuvent être tellement différentes. Je ne sais même pas pourquoi ils n'ont pas divorcé. Je ne veux pas rajouter de l'huile sur le feu donc deux possibilités s'offrent à moi : soit je sors par la porte en toute discrétion (risque de se faire prendre évalué à 70%), soit je saute par la fenêtre (risque de se blesser estimé à 50%).

Comme j'ai déjà fait le mur beaucoup de fois depuis cinq ans, je sais comment sauter en évitant de me blesser. Je me rappelle que la première fois, je me suis cassé la cheville. J'ai dû expliquer comment je suis tombé par la fenêtre pour ne pas avouer ma bêtise. Ce que j'avais oublié, c'est qu'on a des caméras de surveillance. Erreur fatale, je me suis fait cramer. J'ai été privé de sortie un bon moment pour ça.

Je ne veux pas penser à ça. Il faut être concentré pour glisser le long de la gouttière. Ma chambre est au premier étage mais les plafonds sont hauts chez moi. Le premier est donc plus haut qu'un étage classique. Je me concentre et je sors mes jambes en premier. Tandis que je suis assis sur l'appui de fenêtre, mes jambes dans le vide, je tends les bras pour attraper la gouttière.

Je sais que je dois faire vite. Mon père vient me chercher quand je ne vais pas en cours ou que je sors en douce. Mais là, je n'ai pas le temps de m'engueuler avec lui, je suis en retard. Il a demandé au gardien de la propriété de surveiller les caméras et de lui dire si je sors, mais la tâche est difficile car des caméras d'extérieur, il y en a dans notre quartier sécurisé.

Burning RedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant