Venimus : an alien romance

Chapitre 1

J'ouvre les yeux, en sueur à cause de la chaleur étouffante de l'été. Je repousse les draps et me dirige vers la baie vitrée qui donne sur la clairière où les chevaux broutent paisiblement. Les sapins des montagnes du Montana forment une barrière protectrice naturelle nous protégeant du monde extérieur. J'inspire l'odeur rassurante des pins et des fleurs qui pousse allègrement dans les nombreux hectares qui se tiennent devant moi. Difficile à croire qu'en dehors c'est le chaos. Je m'habille, attrape Morty dans son terrarium puis descends au rez-de-chaussée pour prendre un petit-déjeuner, instinctivement j'allume la télévision qui est réglée sur une chaîne info. 

_ Minneapolis vient de tomber. Impossible de chiffrer les pertes humaines...

Ce n'était qu'une question de temps, désormais ils ne sont plus très loin d'ici et ils avancent vite. Un an depuis leur arrivée et la Chine fut conquis en premier, le reste de l'Asie suivit, puis la Russie et ensuite l'Europe. Depuis quelques semaines ils sont arrivés aux États-Unis, semant mort et chaos sur leur passage. Mais je ne suis pas en colère. Nous avions une porte de sortie. Un moyen d'éviter tout ça et nous avons craché dessus avec dédain. L'espèce humaine peut bien s'éteindre, je m'en cogne royalement. Depuis la nuit des temps nous avons peur de ce qui est différent, les guerres interraciales et les guerres de religions en sont la preuve. Il était inévitable qu'en cas d'arrivée d'une espèce intelligente, une guerre éclaterait. C'est pour ça que ça fait un an que j'ai quitté la civilisation, cloîtrée dans mon chalet dans les montagnes. Je suis neutre dans ce conflit et je ne crains pas la mort qui s'approche à grand pas. J'ai toujours plus apprécié les animaux que les humains donc je ne ressens aucune pitié pour toutes ces morts, ni pour celles qui suivront. 

Ils n'avaient pas vu qu'ils faisaient face à une espèce guerrière, entraînée et ayant l'avantage de la force. Ils n'étaient que dix mille mais ils ont conquis presque le monde entier, un Venimus ayant la force et la résistance d'une centaine d'hommes. S'ajoute à cela une technologie développée, nous n'avions aucune chance. Morty grimpe sur mon épaule et se réfugie dans mes cheveux longs, je le caresse affectueusement. 

_ Ne t'inquiète pas, soufflé-je. Toi tu survivras à tout ça. 

Je termine mon repas puis je me dirige vers la clinique qui est la plus grande partie de ce chalet. Matériel dernier cri, une salle d'opération, je ne me suis rien refusée. Mon seul pensionnaire du moment est un hibou avec une aile cassée. Je le sors de la cage et inspecte l'attelle que je lui ai fabriquée pour que ses os se ressoudent correctement, tout est en place, je le remets dans sa cage et le nourris. Il a de l'appétit, c'est bon signe. Je suis peut-être isolée mais je n'ai pas cessé mon travail pour autant. Désormais je soigne les animaux de la forêt, au revoir clients richissimes, je travaille gratuit maintenant et c'est beaucoup plus gratifiant comme ça. Je dresse l'inventaire de mes stocks et je dois me ravitailler en grande quantité puisque les aliens se dirigent par ici. Je vais aller faire un tour en ville, j'ai besoin de vivres également. Prenant la direction de la clairière, je siffle entre mes doigts et les chevaux relèvent la tête, attirés par le bruit. Le troupeau rapplique au galop et se stoppe juste avant la barrière. Un licol en main, je me dirige vers une jument mustang à la robe café au lait et les crins noirs. Ses yeux noisette expriment une telle douceur qu'elle fait fondre mon cœur. 

_ Salut Freedom, dis-je en caressant la jument.

Je la sors et l'attache aux écuries, je la brosse puis la harnache avec des gestes que je connais par cœur depuis mon enfance. Je vérifie que Morty est bien à l'abri dans ma brassière de sport puis je me mets en selle. Les rênes dans une seule main, je guide ma monture à travers la forêt qui apporte un peu de fraîcheur par cette fournaise. Mon jean me colle à la peau et me tient beaucoup trop chaud mais je peux difficilement monter dans une autre tenue. Je ne prends pas la route principale mais je coupe par les petits sentiers pour arriver plus rapidement. Au pied des montagnes se trouve mon village natal, Springhill. Environs deux cents habitants, pour la plupart propriétaires de ranchs. Des petits commerces de premières nécessités font vivre un peu cette bourgade, Bozeman, une des plus grosses villes du Montana n'est qu'à une vingtaine de kilomètres. Je rejoins une route goudronnée en arrivant en ville, les voitures me dépassent tranquillement, personne n'est pressé, loin de l'euphorie de Los Angeles qui me manque pourtant parfois. Je m'arrête devant le grossiste, je mets pied à terre et attache ma jument à la barre d'attache devant la boutique. Lorsque je passe la porte, je suis accueillie par un sourire chaleureux, Ray, le propriétaire me connaît depuis mon plus jeune âge.