Chapitre 45

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Se murer dans le silence est devenu si naturel que je me rappelle a peine le son de ma propre voix. Presque deux semaines que je suis ici et je suis pratiquement guérie au grand étonnement des médecins qui m'auscultent quotidiennement. Allan est le seul qui me montre de la sympathie, les autres me regardent avec dédain. J'entends leurs conversations derrière ce simple rideau, "la salope qui baise des aliens" est ce qui revient le plus souvent. Le pire c'est que ça ne me blesse même pas, ils ont raison, j'ai fais un choix, un très mauvais choix en tombant amoureuse de Nox. J'en paye les conséquences aujourd'hui, je me sens trahie certes mais avant toute chose je me déteste pour ma propre naïveté. Je savais ce qui allait se passer quand il serait las d'attendre que je tombe enceinte mais j'ai quand même plongé avec lui, priant pour un miracle. Et on sait désormais que les miracles, ça n'existe pas. 
Allan traverse le rideau avec un plateau repas, des toasts beurrés, des oeufs brouillés et des fruits pour le petit déjeuner, l'odeur m'assaille immédiatement, je fronce le nez et mon estomac proteste en désaccord. Un haut le coeur me prend et je saute du lit pour me diriger vers la servante où se trouve une petite poubelle pour les pansements. J'y rend le contenu de mon estomac, c'est a dire pas grand chose hormis de la bile. Ça fait mal, mon ventre se creuse pour expulser son contenu. D'un coup je sens une main dans mon dos, je m'écarte vivement dès que j'ai terminé de vomir. Son regard est concerné, ses sourcils cuivrés sont froncés. 

_ Je crois qu'on doit vous surveiller un peu plus, vous n'êtes pas autant remise que ce que je pensais. Les vomissements sont un signe d'infection. 

Il sort son thermomètre auriculaire de sa poche et il le tend vers mon oreille. Je le laisse faire à contre-coeur. 

_ Vous n'avez pas de fièvre, ce qui n'est pas très cohérent, continue-t-il. 

_ Je vous signale que j'ai fais sept années de médecine, vous n'avez pas besoin de m'expliquer tout dans le moindre détail, sifflé-je. 

_ Vous avez fait une école vétérinaire Callysta, affirme-t-il avec un air sceptique. 

_ Et ? Je vous rappelle que l'homme est un animal comme un autre. Non, en faite je dirais que c'est le pire de tous !

_ Calmez-vous, je ne voulais pas vous vexer. Cependant, il va falloir que je vous garde un peu plus longtemps en observation. Nous n'avons pas le matériel pour faire un bilan sanguin donc je dois vérifier que votre état n'empire pas. 

_ Faites comme bon vous semble. 

J'attrape la bouteille d'eau à côté de mon lit et je me rince la bouche. 

_ Vous devez manger Callysta, dit Allan et me présentant à nouveau le plateau. 

Les relents me provoquent un nouveau haut le coeur. 

_ Foutez le camp et emmenez ça avec vous ! 

Il semble contrarié mais au fil des jours il a compris qu'il ne me forcerai à rien. Il disparait avec le plateau à mon grand bonheur et je peux me replonger dans ma mélancolie chronique qui ne me quitte plus. Les souvenirs sont ce qui me font tenir mais c'est aussi ce qui me tue à petit feu. Nox me manque mais ma famille également. Ces êtres que j'aimais du plus profond de mon coeur et que je doute revoir un jour. J'espère que Molly et Mozalor ne se disputent pas trop, j'espère que Nyxy et Zankra sont toujours heureuses malgré leur relation interdite, je souhaite que Triha et Ikan'ss profitent bien de leur bébé. J'espère qu'ils ne sont pas trop tristes à cause de moi, j'espère qu'ils n'en veulent pas trop à Nox même si je n'y crois pas trop. Les larmes s'échouent de nouveau sur mon visage, quand je pense avoir pleuré toutes les larmes de mon corps, de nouvelles apparaissent. 

Venimus : an alien romanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant