Je dois admettre que pour la première fois depuis des jours, une petite vague de bonheur me submerge. Mon sac est prêt et ma voiture m'attend dehors prête à m'emporter jusqu'à chez moi. Allan vient me chercher jusque dans mon box et m'accompagner à travers l'entrepôt et à l'extérieur où d'autres entrepôts s'alignent. Je ne sais pas grand chose de cet endroit car je ne m'y suis pas intéressée mais je suis certaine qu'il est rempli de survivants que je n'ai pas envie de croiser. De hauts grillages entourent la propriété mais les portes sont ouvertes pour me laisser partir. William attend près de la voiture, il est toujours aussi sérieux voir même sinistre est un adjectif qui lui conviendrait mieux._ Vous avez de la chance qu'Allan m'ai convaincu que vous ne révélerez pas notre secret, grince-t-il.
_ J'aurai trouvé un moyen de m'échapper, avec ou sans votre consentement, raillé-je.
Je sors un petit bout de papier de la poche arrière de mon jean et je le tend à Allan.
_ Je sais que vous vous sentez coupable de me laisser partir dans mon état, voici mon adresse dans le Montana. Si vous souhaitez jouer un rôle dans la naissance du premier hybride humain-venimus, vous pouvez toujours me rejoindre. Mais pas avant quatre ou cinq mois, je ne veux pas vous avoir dans les pattes avant.
_ Vous savez que vous pouvez être très antipathique, ironise le docteur.
Sa remarque me fait glousser.
_ Merci. Merci de m'avoir soigné alors que vous saviez qui j'étais. Et d'avoir essayé de prendre soin de moi.
_ Je vous en prie. De toute façon on se revoit très vite, dit-il en agitant le bout de papier.
_ J'ai énormément de respect pour ce que vous faites. Heureusement qu'il y a encore des gens qui ont bon coeur et qui aide les autres dans des périodes difficiles comme celle-ci.
Mes paroles s'adressent surtout à William, un des fondateurs de ce refuge. Son expression s'adoucit un peu, il se racle la gorge, visiblement mal à l'aise.
_ Soyez prudente, dit-il simplement.
Je leur offre un petit sourire, le mieux que je puisse produire puis je m'engouffre dans la voiture, démarre le moteur et je passe les grilles sans aucune hésitation. Cet endroit n'est pas pour moi, j'ai une maison qui m'attend à l'autre bout de ce pays. Je rentre l'adresse dans le vieux GPS de la berline et il m'annonce la route à suivre, le temps de voyage est d'environ vingt et une heure. Si je conduis sans m'arrêter je peux y être demain matin. J'appuis sur l'accélérateur, j'anticipe déjà mon retour dans les montagnes que j'aime tant.
Je commence à piquer du nez, les grandes lignes droites des routes américaines ne sont pas assez distrayantes pour me garder alerte. Il est trois heures du matin, il me reste deux cents kilomètres à parcourir, le fait d'être pratiquement seule sur la route permet de rouler bien au-dessus de la limite de vitesse. De temps à autre je croise une voiture mais je ne cherche pas à m'attarder avec les humains qui sillonnent les routes. J'abandonne alors que mes paupières tombent encore une fois, je me gare sur le bas-côté, vérifie que mon véhicule est verrouillé puis j'abaisse légèrement mon siège. Le sommeil est instantané, ma grossesse n'arrange rien, les premiers mois sont souvent les plus éprouvants. Lorsque je reviens à moi, il fait jour depuis peu, je relance le moteur sans attendre, l'air du Montana m'appelle comme le chant d'une sirène. Je tente de me concentrer sur la route pour ne pas trop penser à ce que j'ai perdu, ce qui me manque à en crever. Je passe très rapidement les limites de l'état, le paysage est familier, réconfortant mais l'émotion est à son comble lorsque je me gare finalement devant mon chalet. Je ne peux m'empêcher de le détailler comme si c'était la première fois que je le voyais. Les larmes de joie et de soulagement s'écoulent enfin, probablement les hormones. Je sors à la hâte et je cours presque jusqu'à la porte qui mène à mon laboratoire. Une fausse pierre cache la clé, je la met dans la serrure et tourne la poignée. L'odeur me frappe, amenant avec elle son lot de souvenirs. J'allume la lumière, il y a encore des relents de désinfectants. Je pose mes yeux sur mon matériel comme si je venais de retrouver de vieux amis. Je traverse mon espace de travail, mon sac en main puis je rejoins le salon, tout est parfaitement comme quand je suis partie il y a presque un an. Mais l'étape la plus difficile fut quand j'ai pénétré ma chambre. Le parfum que j'aime tant, que je connais par coeur me submerge à ma grande surprise. L'odeur masculine de Nox est encore bien présente et peut-être que le fait de porter son bébé m'y rend encore plus sensible. J'avance lentement vers mon lit, je me laisse tomber sur le rebord, mes larmes ne sont plus joyeuses, mon coeur est lourd, mes poumons semblent avoir plus de mal à ingérer de l'oxygène. Je pose une main sur mon ventre, j'adore mon chalet mais cet endroit n'est pas le même sans lui. Il y a trop de souvenirs, trop de bons moments, trop de choses qui me rappellent à lui. Qui me rappelle que j'ai perdu mon seul et unique amour. Je reste un moment les yeux dans le vide, perdue, désorientée. Je sais que je dois commencer les préparatifs pour le bébé, tout doit être prêt rapidement au cas où mon état se dégraderai. Mais comment trouver la force quand cet endroit est infesté de souvenirs agréables qui me laissent un gout amère en bouche. Si seulement Nox avait attendu quelques jours de plus, mon enfant ne grandirait pas sans son père et je ne devrais pas avoir à le mettre au monde seule, loin de ma famille.
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Venimus : an alien romance
RomanceEt vous ? Que feriez vous si l'Humanité était sur le point de perdre la Terre ? Lorsque plusieurs vaisseaux aliens s'écrasent sur Terre et que des créatures commencent à fouler le sol, Callysta Blake quitte sa vie à L.A alors que tout lui sourit. El...