Sa révélation me provoque un long frisson, j'ai envie de m'excuser de l'avoir forcé à me révéler ce drame mais je suis soudainement plaquée contre le plan de travail. Quatre bras s'abattent autour de moi si violemment que le meuble menace de céder sous la force extraordinaire du mâle qui me foudroie du regard. Il a des envies de meurtre c'est évident et j'aurais presque envie qu'il les mette à exécution. Sa respiration est erratique sûrement dû à la colère qui le ronge, son parfum est encore plus puissant que d'habitude, j'en ai presque du mal à réfléchir même si j'ai pleinement conscience de son corps qui me bloque douloureusement contre le marbre clair du plan de travail. Je gémis de douleur mais il ne recule pas pour autant._ Vous êtes dégoûtants, si imbus de vous-même. Fiers et sans discipline, vous prenez, volez, détruisez jusqu'à votre propre planète. Et toi, plus que les autres, tu te caches dans cet endroit confortable alors que tu pourrais mettre tes compétences à profit, soigner tes semblables au front par exemple. Tu n'es qu'une lâche et tu oses hausser la voix contre moi alors que je pourrais te broyer entièrement en une demi-seconde, on ne serait même pas capable de reconnaître si je te réduisais en bouillie.
_ Fais-le, grondé-je.
Ses yeux s'écarquillent légèrement quand il comprend que je suis déterminée. Je n'ai plus rien à perdre, ni d'avenir à envisager. Ce monde n'a plus besoin de moi et je n'ai plus besoin de lui non plus.
_ Fais-le ! Répété-je alors que je frappe violemment sa poitrine dure comme de la pierre avec mes poings. Fais-le ! Venge ta sœur en étripant un humain de plus. Mais ne pense pas que je ne sais pas ce que ça fait de perdre sa famille ! Que je ne sais pas ce que ça fait d'être seule !
Les larmes s'échappent de mes yeux alors que je redouble de force lorsque je le frappe mais ça ne lui fait rien, il est bien trop fort, protégé par ses écailles et cette peau qui ressemble à du métal. D'un coup deux mains griffues attrapent mes poignets et je suis immobilisée. Une troisième main glisse sur ma gorge et serre d'une poigne de fer, sa peau est si lisse et douce contre la mienne. J'agonise et ferme les yeux en espérant que cette fois sera la bonne. Mais je suis violemment projetée et je glisse au sol percutant le grand canapé du salon. Je relève les yeux par réflexe et il me domine de sa taille accablante.
_ A peine eut-elle mis un pied en dehors du vaisseau qu'elle fut abattue comme un animal. Une des premières à tomber dans cette guerre qui n'a pas de sens. Ne prétends pas savoir ce que je ressens alors qu'elle a agonisé dans mes bras avant de mourir. J'ai juré de massacrer chaque humain qui se tiendra à ma portée et tu ne fais pas exception, une fois ma dette payée et mon honneur sauvé, je prendrais ta vie, ignoble créature !
Ma vision se trouble et ce n'est pas que les larmes. Je vois sa silhouette s'éloigner mais la vague de haine que je viens de prendre de plein fouet me fait toujours suffoquer. Si je n'avais pas l'estomac vide, je rendrais mes tripes sous le choc. Il est l'incarnation de la haine pure et c'est bien plus que ce que je ne peux supporter. La nuit est désormais tombée dehors et je veux juste fermer les yeux pour ne plus jamais les rouvrir.
***
C'est la pause déjeuner sur le campus et je débats sur les cours que nous avons eus ce matin avec certains camarades de classe. Je ne cherche pas spécialement à me mélanger avec les autres mais il y a quelques individus qui sont aussi passionnés que moi et ça nous a un peu rapprochés. Nous échangeons des idées pour nos thèses que nous aurons à rendre d'ici la fin de l'année, j'ai hâte de passer à l'étape suivante de ma vie, un avenir où je pourrais sauver le plus d'animaux possibles et mes projets ont toujours été des moteurs pour moi. Encore quelques mois et je rentrerais chez moi coiffée de ma toque de diplômée, j'ouvrirais un petit cabinet à Springhill ou à Bozeman et je pourrais enfin vivre mon rêve. Toutes ces années à me défoncer, étudier et pratiquer pourront enfin payer. Mon père sera fier et nous pourrons de nouveau nous voir quotidiennement. Il a travaillé si dur pour me payer cette université privée hors de prix et je compte bien lui rendre au centuple lorsque j'aurais une situation confortable. Je profite du soleil automnal sur les bancs dispatchés sur le campus, j'ai encore un peu de temps avant notre prochain cours. Mon portable sonne dans ma poche, je le sors et vois le nom de Ray sur l'écran. Bizarre, on ne s'appelle que pour les fêtes et anniversaires, ou alors les urgences. Mes tripes se nouent sans que je ne comprenne pourquoi et j'accepte l'appel.
VOUS LISEZ
Venimus : an alien romance
RomanceEt vous ? Que feriez vous si l'Humanité était sur le point de perdre la Terre ? Lorsque plusieurs vaisseaux aliens s'écrasent sur Terre et que des créatures commencent à fouler le sol, Callysta Blake quitte sa vie à L.A alors que tout lui sourit. El...