Chapitre 43

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Je m'attendais à un champ de fleur ou un autre paysage pittoresque dans l'Après, non pas ce toit en taule et cette odeur âcre de métal. Mes yeux papillonnent mais la douleur me cloue sur place.

Si je suis morte pourquoi est-ce que j'ai si mal ?

Des sons me parviennent, un moniteur cardiaque, des voix lointaines. Je suis sur un lit de camp peu confortable et des rideaux blancs mais tachés autour de moi me cachent la vue sur le reste de ce qui semble être un entrepôt. Des flashs violents me reviennent, la lame de Nox qui me transperce, son regard froid comme si ça ne lui faisait rien d'assassiner sa compagne qu'il avait promis de protéger. Je me revois mourir dans ses bras, ma seule consolation. Ça n'explique pas pourquoi je semble être vivante dans cet endroit inconnu. Enfin vivante est un bien grand mot, mes larmes troublent ma vision. Il m'a rejeté et dois-je vraiment lui en vouloir ? Les raisons sont évidentes. Ce que je craignais dès le tout début de notre relation s'est concrétisé. Je n'ai pas pu offrir d'héritier à Nox alors il a décidé de passer à autre chose. Mais peut-être qu'il a changé d'avis et qu'il m'a ramené ici pour être soignée ? L'espoir toxique chemine dans mon esprit et je n'ai aucun contrôle dessus. 

_ Nox ? Gémis-je difficilement. 

Personne ne me répond cependant les voix lointaines se font plus nettes. 

_ On aurait jamais dû la ramener ici. Et si ils viennent la chercher ? 

_ J'en doute fort, c'est l'un d'eux qui lui a fait ça. Visiblement ils ont eu un désaccord et se sont débarrassés d'elle. 

Les voix masculines s'approchent encore, puis le rideau s'ouvre légèrement sur deux hommes, le premier à la trentaine, une allure athlétique et des cheveux cuivrés. Le second est plus âgé, une barbe, des cheveux grisonnants et son corps est maigre. Ils sont tous les deux habillés d'une blouse blanche. Immédiatement des souvenirs refont surface, la panique monte en moi et je cherche frénétiquement quelque chose pour me défendre. Plus jamais on ne me prendra quelque chose de force, cette fois je me défendrais corps et âme. Mais malheureusement il n'y a rien à ma portée qui pourrait faire office d'arme et de plus je suis clouée sur place par la douleur.  Le plus jeune semble étonné de me voir alerte. 

_ Callysta vous êtes déjà réveillée ? S'étonne-t-il. Je suis le docteur Allan Green et voici le docteur William Patel. Nous avons procédé à votre opération d'urgence. 

Mes yeux sont grands ouverts, prête à réagir à la moindre menace. Mais aucun mot ne franchit mes lèvres, j'ai perdu confiance en l'espèce humaine depuis qu'on m'a arraché mon bébé de mon propre ventre. 

_ Comment vous sentez-vous ? Continue le jeune médecin. 

Mon regard balance entre les deux mâles. Non, des hommes, ce sont des hommes. Visiblement j'ai besoin d'un temps de réadaptation pour côtoyer des humains.

_ Elle ne te dira rien, elle est avec eux je te rappelle, siffle le plus âgé. Nous sommes l'ennemi pour elle. 

Ma foi, il n'a pas tort mais je suis étonnée qu'il sache que j'ai changé de camp. D'un coup ma marque d'Union me brule, je la couvre de ma main même si ça ne soulage pas la sensation douloureuse. Je remarque seulement que je porte une blouse d'hôpital et non plus ma jolie robe à fleur.  

_ Votre cicatrice vous fait mal ? Vous voulez que je jette un coup d'oeil ? Propose Allan avec une réelle douceur dans la voix. 

_ N'approchez pas ! Grondé-je. 

Les mots sont sortis tous seuls tel un mécanisme de défense. Je serre la couverture plus fort contre moi comme si elle pouvait me protéger d'eux. 

_ Je vais devoir ausculter votre plaie, dit-il avec un plus d'autorité. Vous avez subi une ablation d'une partie du foi qui était endommagé et une reconstruction de l'estomac. C'est une chirurgie très lourde et nous devons surveillé tout signe d'infection. 

Venimus : an alien romanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant