Chapitre 4

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Le prince Clay ferma les yeux pour se protéger de la lumière bleuâtre qui l'éblouissait.

— Ne fais pas ça ! entendit-il.

Il rouvrit les yeux et son cœur se mit à battre la chamade. Il laissa retomber ses mains.

Les longs cheveux bruns de Dulcie cascadaient autour d'elle, et elle luttait contre les codes matriciels qui la repoussaient. Vêtue d'une doudoune noire, il reconnut la version future de Dulcie qu'il avait croisé sur Mars V 458, lors de sa première mission impliquant le Janieratar.

Elle tendit le bras vers lui. Instinctivement Clay chercha à la saisir. Même s'il s'agissait d'une version future de Dulcie. C'était Dulcie. Il voulait la toucher pour vérifier qu'il ne rêvait pas. Mais la force matriciel l'en empêchait, comme si les deux mondes ne pouvaient pas entrer en contact.

— Elle est toujours en vie ! déclara-t-elle alors. Lorsque je suis intervenue sur Mars, j'ai encore changé le futur ! Je n'ai pas beaucoup de temps Clay, mais sache qu'elle est toujours en vie ! Il nous a piégés parce que nous connaissions l'existence du virus !

Clay fronça les sourcils.

— Qui nous a piégés ?

La version future de Dulcie poussa un cri alors que la force l'entraînait dans son sillage.

— Écoute-moi, tu dois retrouvez Lucie. Elle seule pourra te conduire à Nanielrapa, à Reversal ! C'est là où se trouve Dulcie ! Il faut que tu empêches la Fluctuation ! Si tu bois ce breuvage, le futur que je connais ne changera pas et le tient empirera !

Clay sonda chacun de ses mots. Dulcie vivante ? Piégés ? Nanielrapa ? Reversal ? 

Retrouver Lucie ?

Son cœur s'accéléra.

— Lucie... tu me demandes de retrouver Lucie ?

— Clay c'est ça où la Fluctuation... Mais fais aussi attention aux jus... N'en bois aucun...

La force l'éloigna davantage du présent.

— Célestin, cria-t-elle avant que le tunnel matriciel n'explose, faisant apparaître un éclair qui déchiqueta son fauteuil, et disparaisse devant ses yeux.

Clay fixa le vide. Dulcie s'était à nouveau évaporée comme ses hallucinations dans la chambre de méditation. Sauf que cette fois, il avait la certitude que c'était la réalité. Son fauteuil blanc s'était fendu et la mousse laissait échapper de la fumée.

Il déposa la fiole sur la table dont quelques gouttes avaient arrosé son tapis et s'installa dans le fauteuil, posant la main sur la fente encore chaude, pour remettre ses idées au clair.

La porte s'ouvrit brusquement et un soldat apparut à l'embrasure de la porte, étudiant la pièce du regard. Il considéra ensuite le prince Clay.

— Nous avons cru entendre un bruit étrange.

— Je ne sais pas de quoi vous parler, répliqua le prince. Comme vous le voyiez il n'y a rien... rien d'autre que moi et l'Unimaj...

Le soldat jeta un dernier coup d'œil sur la fiole puis referma la porte derrière lui.

Clay soupira et se frotta les yeux. Durant toute une semaine où le temps s'était écoulé d'une lenteur insupportable, il avait cru Dulcie morte. Mais maintenant... maintenant la peine et la tristesse laissa place à une rage folle.

Elle n'était pas morte. On lui avait menti !

« Il nous a piégé, parce que nous connaissions l'existence du virus » avait dit Dulcie du futur. Qui?Seuls les Juges connaissaient l'existence du virus, seuls les Juges avaient ordonnés sa mort. Et depuis toujours, la version future l'avait mis en garde contre les Juges ! Les Juges étaient-ils des traîtres ?

Le prince Clay enfouit son visage au creux de ses mains. Les Juges avaient réussi à le rendre fou. Les Juges avaient réussi à lui faire perdre son estime. Et plus que tout, il s'apprêtait à commettre la plus grosse erreur de sa vie. S'il avait pris l'Unimaj, ciel que ce serait-il passé si un jour il se serait retrouvé face à Dulcie ? Sans savoir qui elle était, sans comprendre pourquoi elle possédait l'autre moitié de son tatouage. Et pire, il aurait passé sa vie à suivre les ordres de personnes qui ne voulaient peut-être pas le bien de Paralielna.

Ignorant les larmes qui roulaient sur ses joues, il attrapa la fiole et se dirigea dans sa salle de bains. Il se contempla dans le miroir et fronça les sourcils. Il ne pouvait pas jeter le breuvage dans la vasque, il se doutait que le miroir cachait une caméra. Il pivota légèrement la tête sur le côté et observa la porte des toilettes.

En se retournant, il apporta la fiole à sa bouche puis jeta la bouteille vide au sol et pénétra dans les toilettes. 

PARAL-LEL Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant