PARAL-LEL Tome 2

Chapitre 16

Dulcie

Un éclair fend le ciel, suivi d'un craquement qui me fait sursauter. Je n'ai pas vu le temps se couvrir, j'étais tellement absorbée par mes lectures. Je suis dans la bibliothèque et j'ai passé ma matinée à lire des ouvrages de Nanielrapa, de la poésie surtout, j'en raffole. C'est si agréable à lire, les émotions que l'on peut soustraire sont si puissantes, si merveilleux et magiques, qu'elles nous transportent dans un autre univers.

Je fronce les sourcils. Mes dernières pensées, c'est comme si j'avais entendu la voix sexy d'un garçon me souffler ces paroles à l'oreille.

— Dulcie ! s'écrie soudain Corv en s'introduisant dans la bibliothèque.

Je me retourne vers lui.

— Le Vortex est prêt pour ta troisième épreuve.

Je lui souris et le suis dans le laboratoire.

Les scientifiques me saluent et je pénètre dans le Vortex. Après le déploiement, je me retrouve dans une immense salle toute blanche, dallée de marbres, sans fenêtre, ni porte. Je pivote sur moi-même, m'interrogeant sur l'objectif de ma future épreuve.

— Corv ? Puis-je savoir qu'elle est ma mission ?

Mais aucune réponse.

Brusquement une brèche s'ouvre et le corps d'une fille est rejeté. Elle pousse un cri en tombant et bien vite, son corps s'élève et se retrouve à l'envers du mien, les pieds sur le plafond.

Je lève la tête vers elle, songeuse. Qui est-elle ? Son teint hâlé, presque cuivré, des cheveux bouclés, j'ai l'impression de l'avoir déjà croisé quelques part.

— Bonjour, on vient de m'apprendre que tu avais terminé ta seconde épreuve... et je n'ai même pas eu le temps de prendre mon déjeuner qu'on m'envoie ici !

— Bonjour, vous êtes ?

— Léna De Touamis ton adversaire, sourit-elle.

Les sourcils levés, je la détaille. Son prénom Léna, je crois l'avoir déjà entendu quelque part, mais je n'arrive vraiment pas à me souvenir d'elle.

Tout à coup, elle tend sa main droite vers moi et je sens une force inconnue me propulser. Je m'écrase contre le mur derrière moi. Stupéfaite, je la regarde. C'est qui cette fille ? C'est quoi ce pouvoir ?

À nouveau elle tend sa main droite et la puissance me repousse en arrière. Chaque fois que j'essaie de me lever, elle utilise son pouvoir.

— C'est pas si simple, n'est-ce pas ?

Je hausse les épaules.

— Qui es-tu ? Quel est ce don ?

Elle me sourit et me montre la pierre attachée à son cou.

— Je possède une pierre temporelle... Mes ancêtres l'avaient Jadis recherché pour combattre ton père, mais ils ont changé d'avis... Et aujourd'hui, moi, Léna, je suis ta troisième épreuve pour que tu puisses contrer les pouvoirs de cette pierre.

Je suis étonnée de l'apprendre, j'ai cru qu'il n'existait que quatre pierres temporelles, pas cinq. Mais on dirait que la pierre ne m'ait pas réellement nuisible, elle ne fait que me repousser...

Léna exploite à nouveau les pouvoirs de sa pierre. Je roule sur la dalle de marbre jusqu'à me cogner contre le mur. La jeune femme se précipite vers moi, bien qu'elle se trouve à l'envers. C'est étrange aussi... pourquoi suis-je à son opposée ? Je plisse les yeux et si c'était ça... L'espace.

Je me lève rapidement en me balançant les jambes puis me mets à courir sur ma droite, me concentrant jusqu'à ce que l'espace se déforme sous mon pied. Je gravis le mur et me retrouve la tête à l'envers.

Léna s'arrête et hausse les sourcils en me considérant. Je suis maintenant en face d'elle, dans son espace. Cette fois, c'est moi qui lui lance un sourire triomphal. Elle me répond d'un même sourire avant de s'avancer à vive allure vers moi. Sans attendre, je m'élance à mon tour.

À quelques pas de moi, elle projette ses bras tentant de me donner un de ses coups de poings violent. Fort heureusement, je parviens à le parer. Ça m'aurait écrasé le nez !

Abandonnant les poings, elle me lance un coup ascendant à quarante cinq degré avec le bol du pied. Malheureusement pour elle, je capture sa jambe. Elle arque un sourcil, étonnée, mais ne s'avoue pas vaincue. Prenant appui sur son pied libre, elle pivote pour me flanquer un coup de pied retourné.

Touchée au bras, je la lâche et chancelle sur le côté. J'ai un peu mal au bras, mais ce n'est pas ça qui me fera abandonner. Je ramène mes poings devant moi et passe à l'attaque.

Mes coups s'enchaînent, s'improvisent, m'adaptent à son jeu. Par moment, elle fait des sortes de mouvements de danse pour esquiver mes coups, on dirait la capoeira... Elle est si agile, si souple, si rapide que j'ai des difficultés à percer sa défense. Malgré tout, je ne baisse pas les bras.

Nous nous battons peut-être durant des heures, chacune décochant des coups de pieds et des coups de poings sans réussir à toucher l'autre. Je sue, tout comme elle, et nos vêtements sont trempés.

Essoufflées, nous prenons nos distances, les bras en position d'attaque.

— Tu t'en sors bien, dis donc.

— Merci, je suis pourtant une novice.

— On ne dirait pas... Je pensais que tu avais des années de pratique derrière toi.

Je secoue la tête.

— Tout juste six mois.

Elle arque un sourcil.

— De toute façon, les manipulateurs du temps apprennent vite.

Et sur ce, elle m'assène un rapide coup de pied dans le ventre. La petite peste ! Elle a profité de ce moment pour m'envoyer balader ! Et je valdingue vers le bas, mon corps se retrouvant à nouveau à l'envers.

Je me relève et lève la tête vers elle. Elle est vraiment rusée. Je lui souris et à nouveau a recours à mon pouvoir pour me retrouver à l'endroit. Je l'attaque de plus belle, en dépit de la fatigue que je commence à ressentir.

Bientôt mon acharnement porte ses fruits et je crie : « Alléluia » lorsque je lui assène un coup en plein visage et qu'elle titube en arrière. Sans lui laisser le temps de respirer, je lui porte un puissant coup de pied dans le ventre et elle percute le mur derrière elle.

Je lui laisse le temps de se reprendre, je ne veux pas agir comme une lâche et lui ruer de coups alors qu'elle ne peut pas se défendre et à mon plus grand étonnement elle frappe dans ses mains.

— Bravo ! Tu viens de passer l'épreuve avec succès.

J'écarquille les yeux.

— Hein ? Mais tu n'es pas encore K.O !

— Oui, mais je te l'ai dit, l'épreuve consistait juste à ce que tu contres mon pouvoir et tu as réussi à le faire deux fois en changeant d'espace.

Je reste coi. Finalement c'était bien plus facile que mes deux premières épreuves.

— Et puis ton père voulait que je t'entraîne un peu au combat... C'est pour cela que j'ai fait durer l'épreuve jusqu'à ce que tu me touches. Saches que je suis la plus forte combattante de tous les siècles ! J'ai même réussi à vaincre le prince Darko lors du rituel du Kral.

Une rafale de souvenirs m'assaille alors le cerveau, des images d'un garçon ressemblant à Jett Jackson, puis d'un autre, le jeune monsieur Brown et... mon cœur se met à battre à tout rompre de manière douloureuse. Une cicatrice, des cheveux noirs, des yeux verts.... Comme l'homme que j'ai tué lors de ma première épreuve. Soudain, mes jambes flageolent, je suis prise de vertige et je me sens partir.