PARAL-LEL Tome 2

Chapitre 5

Clay

Le prince Clay sentit une main ferme se poser sur la sienne. Instinctivement, il se redressa et saisit son potentiel agresseur par le cou.

— Clay ! Ce n'est que moi, le docteur Ross.

Il écarquilla les yeux en découvrant le docteur. Que faisait-elle là ? Elle qui semblait ne plus être sous l'effet d'une drogue quelconque.

Il la lâcha et regarda autour de lui. Il était dans sa chambre.

— Je voulais juste vous examiner, avoua-t-elle.

Il fixa l'oxymétrie qu'elle plaça sur son avant-bras et fronça les sourcils.

— Bien, le pouls est normal et le rythme cardiaque aussi.

— Que s'est-il passé ? demanda-t-il.

Elle se mordit les lèvres puis inspira profondément.

— Vous avez été victime d'un terrible accident, Clay. Mais fort heureusement, vous êtes toujours vivant.

— Un terrible accident ? Lequel ?

— Un accident de voiture... Il s'est passé quelque chose d'effroyable à Widht, il y a une semaine et malheureusement, vous avez perdu le contrôle de votre voiture... Vous êtes resté inconscient toute une semaine et avez repris connaissance hier. Je vais dire à la gouvernante de vous apporter une soupe. Vous devez avoir faim.

Clay ne répondit pas alors qu'elle l'étudiait. Rebecca lui fit ensuite un sourire avant de s'éclipser.

Clay posa les pieds hors de son lit et fut prit d'un vertige. Il s'assit quelques minutes avant de se diriger vers le fauteuil, dont la fente était toujours visible. Il tourna ensuite la tête vers la salle de bains. Il n'avait pas bu le breuvage et l'avait simplement fait tourner dans sa bouche. Dans les toilettes, il l'avait rejeté dans la cuve. Il avait ensuite fait semblant de se sentir mal et s'était réfugié dans son lit. La fatigue l'avait tout de suite emporté. Il avait très peu dormi dans la chambre de méditations et savoir que Dulcie était vivante, savoir qu'il avait encore une chance de pouvoir connaître le futur qu'il avait rêvé, l'avait ragaillardi. Cette fois, il allait tout tenter pour la sauver. Quitte à devoir mettre sa vengeance de côté.

La porte de sa chambre se rouvrit soudain. Aby s'immobilisa en le voyant, les yeux bouffis de larmes.

Clay resta impassible avant de lui faire un petit sourire et Aby se précipita dans ses bras, éclatant en sanglot.

Il la pressa contre lui et lui donna un baiser au front. Sa petite sœur avait dû terriblement s'inquiéter pour lui - à son retour leur rencontre avait été si brève. Elle avait dû retenir ses larmes jusqu'à présent.

— Princesse Abigaël, que faîtes-vous là ? s'écria la gouvernante. Votre frère est encore en convalescence ! Il faut le laisser se reposer !

— Je vais bien, rétorqua Clay alors que sa sœur se détachait de lui.

— Retournez dans votre lit, le docteur Ross ne vous a pas encore donné l'ordre de vous lever ! Elle me l'aurait dit, sinon !

Sans rechigner le prince s'exécuta et la gouvernante lui apporta son plateau repas au lit.

Un bol de soupe aux courgettes, deux tartines de pains grillées et un verre de jus de fruit. Il plissa les yeux. Dulcie du futur lui avait dit de faire attention aux jus.

— Vous devez reprendre des forces, le docteur reviendra vous ausculter ensuite. (Elle se tourna vers Aby) Princesse Abigaël, laissez votre frère...

— Non, lui coupa le prince. Je veux que ma sœur reste, prendre un repas tout seul n'est pas très amusant.

La gouvernante soupira puis laissa le prince et sa sœur.

Clay attrapa ensuite le verre de jus.

— Aby, peux-tu aller le vider, s'il te plaît ?

Elle arqua un sourcil.

— Tu ne veux pas ton jus ? Je vais le boire si tu veux.

— Non ! rétorqua Clay.

Aby haussa les sourcils, étonnée. Clay lui fit à nouveau un sourire puis tourna la tête vers sa fenêtre où les drones étaient postés. Avant ses amis, sa sœur était la mieux placée pour le connaître et quand elle croisa les yeux de son frère, elle comprit qu'il n'avait pas bu l'Unimaj et qu'il lui disait de faire attention...

— Aby, aujourd'hui, il ne reste que toi et moi dans ce palais, n'est-ce pas ?

Elle opina du chef.

— Alors, ne bois plus jamais de jus...

Sans lui poser de question, elle prit le verre et alla le vider dans la vasque de la salle de bains. Son frère et elle étaient surveillés, et sachant qu'il n'avait pas perdu la mémoire, il allait certainement mentir à son entourage. Elle devait entrer dans son jeu. Son frère avait peut-être des désirs de vengeance comme lorsqu'il avait appris la mort de leur père... Mais peu importe si c'était bien ou mal, elle allait le soutenir. Dulcie ne méritait pas de mourir comme ça et la société dans laquelle ils vivaient n'était pas parfaite. Elle savait que les mondes parfaits n'existaient pas, mais après le rituel du Kral, durant son séjour à l'hôpital, elle avait constaté que certaines personnes ne semblaient pas atteintes par la catastrophe, pire encore, le docteur Ross était apparu un soir dans sa chambre la regardant comme si elle était un met délicieux. Elle s'était souvenue des paroles de Dulcie lors de leur rencontre, le jus qu'elle avait apporté à Luca pour faire des recherches... elle avait bien dit que sa tante était devenue étrange et sa tante n'était autre que le docteur Ross. Comment était-elle revenue sur pieds du jour au lendemain ? Juste après l'incident ? D'ailleurs Luca avait trouvé étrange que les Juges ne décident rien, même après que Clay leur en avait parlé.

Elle contempla le jus couler dans la vasque. Le jus. Le virus que Luca avait découvert. Elle poussa un soupir de soulagement remerciant le ciel de n'avoir bu que de l'eau depuis l'arrestation de Clay.