Chapitre 10 bis

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Je pousse un grognement en me levant. Ça ne va pas être possible ! Si ça continue comme ça, jamais je ne réussirai cette épreuve !

Je me projette dans le couloir et suis le même parcours. Je perds un temps immense à combattre mes assaillants ! Il faut que je trouve quelque chose pour aller plus vite. Plus vite ! Et soudain, j'ai ma réponse. Une manipulatrice du temps doit être capable d'aller plus vite que le temps !

J'inspire profondément et me concentre. Le temps est comme une matrice dans ma tête. Elle produit des sons, ce sont ces sons avec lesquels je joue, lorsque j'arrête le temps, alors peut-être que cette fois, je dois courir plus vite que chaque son.

Ting. Ting. Ting...

J'ouvre les yeux et me mets à courir. Autour de moi, des faisceaux lumineux bordent les couloirs, ce sont les matrices du temps. Je cours dépassant des gardes qui courent au ralenti. J'ouvre des portes, me faufile à travers les couloirs jusqu'à trouver un bureau avec des gardes qui surveillent des ordinateurs pas très sophistiqués et qui ont l'air paniqué par ma fuite.

J'entre dans la salle et fouille un peu partout, il doit bien y avoir un plan de ce fichu endroit ! Soudain, mes yeux sont attirés vers un extincteur de secours et à côté de lui, le plan d'évacuation. Bingo !

J'étudie la carte et détecte le bureau ! Sans attendre, je m'y précipite. Quand je me retrouve devant le bureau, il me reste huit minutes. En deux minutes, j'ai eu l'occasion de faire beaucoup de chose ! Oh, j'adore ce pouvoir.

J'utilise la carte magnétique pour déverrouiller la porte.

Le docteur est debout, dos tourné à son bureau, il semble rechercher des documents dans son armoire à casiers. Je m'approche de son bureau jetant un coup d'œil à ses pots à crayons. Je hausse un sourcil en discernant un ouvre-lettre en forme d'épée. Je le saisis, franchement ça fera une bonne arme de crime.

Je me rue sur le docteur Hotz et le retourne pour lui faire face. Un frisson dans la nuque me fait dresser l'oreille... J'ai un mouvement de recul en découvrant le docteur et le temps reprend son cours. Il écarquille les yeux et moi aussi. J'ai l'impression de l'avoir déjà rencontré quelque part, mais peut-être un peu plus jeune... des cheveux bruns, des yeux verts... Mon cœur s'affole et je ne comprends pas pourquoi.

Le docteur laisse tomber le dossier qu'il tenait en main.

— Minako...balbitue-t-il.

Je plisse les yeux.

N'oublie pas que tu es dans un autre univers, Dulcie. Peut-être que Corv m'a fait remplacé une de mes versions dans ce monde... Mais quoi qu'il en soit, même si cet homme ne m'a pas l'air inconnu, je dois le tuer.

Profitant de son air hébété, je lui donne un coup de pied dans le torse. Instantanément, il heurte l'armoire et tombe à la renverse. Je me jette sur lui à califourchon et plante la pointe du coupe-lettre dans sa poitrine. Il se met à hurler : « Minako pourquoi ? » sans cesse, et moi je continue de lui enfoncer mon arme dans sa chair jusqu'à ce que plus aucun son ne sorte de sa bouche.

La terreur parcourt soudain mes veines en voyant l'homme que j'ai tué de mes propres mains et je laisse tomber l'ouvre-enveloppe. Ce visage... Son visage plus jeune me traverse soudain l'esprit et une douleur me vrille le cœur.

Paniquée, je tourne la tête dans tous les sens, ne sachant plus quoi faire. Je viens de tuer un homme ! Je me suis déchaînée sur lui avec sauvagerie... c'est dérangeant, c'est horrible... J'ai l'impression de ne pas être moi ! Et soudain, mes yeux s'arrêtent sur un cadre photo sur son bureau.

Le scientifique est avec une femme. Les rythmes de mon cœur s'accélèrent. C'est une version de moi-même. Ils sont collés l'un contre l'autre et cette autre version de moi a un ventre rond.

Je sens le remord m'envahir. Je me redresse et recule observant le corps de cet homme, amorphe. Mon estomac se retourne ma respiration devient saccadée, je sue... Qu'est-ce que j'ai fait ? Et tout à coup, je sens mes forces m'abandonner. 

PARAL-LEL Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant