PARAL-LEL Tome 2

Chapitre 47

Dulcie

Le prince Clay est expulsé de la brèche. Tombant sur ses jambes, il fait un roulé-boulé pour se remettre en équilibre.

Le souffle court, il se redresse tout en scrutant le lieu où il se trouve. Lorsque ses yeux croisent les miens, mon cœur bat la chamade. Maintenant que mes souvenirs me sont – pour la plupart – revenus, il suffit que je me trouve face à lui pour être emportée par une vague de sentiments féroces, incontrôlables et excitants.

— Dulcie, soupire-t-il.

Ses yeux sont presque larmoyants et il fait un pas en avant pour s'approcher de moi, mais s'arrête brusquement, pris d'hésitation.

Je n'ai pas répondu à ses étreintes lorsque nous étions à Nanielrapa et nos retrouvailles n'ont pas été aussi idylliques qu'il l'aurait certainement imaginé.

— Tu m'as retrouvé. J'ai cru que c'était juste le fruit de mon imagination. Je ne savais plus ce qui était réelle ou pas... D'ailleurs, je me demande si c'est la réalité, là en ce moment. (Il fixe le néant temporel tout autour de nous.) Corvin Tempus m'a coincé dans l'espace et le temps.

— Mais l'amour transcende les frontières, même s'il s'agit de celles de l'espace et du temps, proclamé-je.

Il arque un sourcil et je m'approche de lui, une larme roulant sur ma joue.

— Tu es le prince Clay Krieger 4ième du nom d'Altura, troisième monde de Paralielna. Tu as été mon tuteur à l'Unité 4. Tu m'as appris à renforcer mon mental et ma force physique parce que je voulais voyager dans le futur. Et je t'y ai emmené.

Ses yeux verts s'écarquillent puis ses fossettes se creusent révélant un beau sourire. Il se rapproche de moi pour combler la distance, levant une main pour la poser sur ma joue.

— Tu es réelle ?

— Oui, je le suis et je me souviens. Tu es l'homme que j'aime. Nous sommes connectés et c'est pour cela que je pourrais te trouver quelque soit l'endroit où tu te trouves.

Il s'esclaffe.

— Dire que c'est moi qui étais venu pour te sauver et te ramener, et au final...

— J'ai toujours su que tu étais un brin macho, mais je pense que la véritable héroïne de cette réalité, c'est moi.

Il pouffe de rire avant de ramener mon corps contre le sien pour me serrer contre lui.

Il se love au creux de mon cou et j'enroule mes bras dans son dos. Nos cœurs battent à l'unisson, aussi vite l'un que l'autre. Je me sens aussitôt apaisé et heureuse.

— Tu m'as manquée. Les Juges m'ont fait croire que tu étais morte. J'avais vu ton corps sans vie.

Il resserre son étreinte et je n'ose imaginer ce qu'il a pu endurer pendant tout ce temps.

Je passe la main dans ses cheveux et lui donne un baiser sur la tempe.

— Je suis vivante et je suis là maintenant. Je t'ai retrouvé. Je ne te quitterai plus.

Je le sens frémir, puis il m'embrasse au creux de mon cou, ses baisers remontent vers mon visage pour trouver ma bouche.

J'accueille ses lèvres chaudes et savoureuses, lui rendant tout l'amour qu'il me donne. Bientôt le baiser tendre et passionné se transforme en un baiser avide et vorace. Je sens même son bas ventre se durcir contre le mien.

Dans un gémissement, Clay met fin à notre baiser et s'écarte de moi. Ses joues sont en feu et son souffle est saccadé, tout comme le mien.

— Je pense que nous devrions remettre nos retrouvailles passionnelles à plus tard... Je ne sais même pas depuis combien de temps j'ai été dans la boucle temporelle et j'ai peur que Paralielna soit en danger.

J'inspire profondément et laisse tomber mes mains le long de mon corps.

— Je suis désolée. Corvin Tempus m'a utilisé pour initialiser la Fluctuation.

Un masque d'angoisse déforme les traits de son visage. Je repense à sa famille. Il a une sœur. Mon cœur se serre, j'espère qu'elle va bien.

— Écoute, ça n'a pas duré longtemps. Ma version du futur est venue me sauver... ainsi qu'une autre version future de moi-même. Je ne vais pas entrer dans les détails, mais si je suis là, c'est grâce à elles. Et je crois que cette Fluctuation servait à réveiller les Charbons. Je ne sais plus exactement comment ils ont pu réveiller les Charbons mais, Corv, l'intelligence artificielle a dit qu'il avait atteint son objectif et qu'un passage s'était ouvert entre les deux mondes.

Il inspire et expire pour garder son calme. Je lui tends la main.

— Nous allons rentrer sur Paralielna. Il faut arrêter tout ça.

Il opine du chef et attrape ma main.

Je me concentre et fais apparaître une brèche. Nous nous élançons aussitôt dans le tunnel matriciel.