PARAL-LEL Tome 2

Chapitre 60

Clay

Clay traversa le couloir d'un pas rapide. Il devait à tout prix parler à Darko. Certes, il n'aimait pas qu'on lui dicte ce qu'il devait faire, Darko aussi, mais cette fois, cela concernait l'avenir de Paralielna. Darko pourrait peut-être éprouver des sentiments pour Athya, mais Clay se doutait qu'elle ressente les mêmes choses.

Il frappa à la porte de sa chambre.

Il patienta quelques secondes avant que Darko ne vienne l'ouvrir. Il était déjà vêtu de sa combinaison de Paral-lel.

Darko haussa les sourcils en le voyant.

— Clay ?

— Je peux entrer ?

Darko fronça les sourcils.

— Non, tu n'as qu'à m'attendre... J'arrive.

Clay plissa les yeux et pencha la tête pour entrevoir à travers la porte. Il vit une silhouette blonde se mouvoir sur le lit de Darko.

Clay attrapa son ami par le col et le poussa hors de sa chambre, refermant la porte derrière lui.

— Est-ce que tu as couché avec elle ?

Darko grimaça puis éloigna le bras de Clay de lui.

— Qu'est-ce que tu vas imaginer ?! Il ne s'est rien passé !

— Rien passer ?

— Écoute, elle est venue pleurer parce que oui, le Duc et sa mère lui ont appris la vérité ! Il ne lui reste que moi comme ami ! Elle avait besoin de réconfort ! C'est tout !

Clay dévisagea son ami. Il semblait dire la vérité mais il avait l'intuition qu'il ne lui avait pas tout dit.

— Tu sais que tu peux tout faire foirer ! Dulcie l'a dit le Duc...

La porte s'ouvrit brusquement derrière eux et Athya apparut. Ses yeux étaient cernés, elle semblait avoir pleuré toute la nuit !

— Bonjour, Clay, dit-elle. Darko, je vais rentrer. Nous nous reverrons tout à l'heure à l'Unité 2.

Fatiguée et presque anéantie par la douleur, Athya avait perdu de sa démarche leste et marchait d'un pas lent à travers le corridor. Clay ressentit de la pitié en la voyant ainsi.

— Tu vois, elle n'est pas bien ! Et moi, ça me dérange qu'on va l'induire en erreur ! C'est notre amie ! annonça Darko, une fois la princesse disparue.

— Pour toi, en tout cas... Si elle était vraiment mon amie, elle aurait accepté ma relation avec Dulcie. (Clay soupira et s'écarta de son ami.) Quoiqu'il en soit, tu vas me dire tout de suite si tu me suis, ou si tu décides d'aider Athya ! Et dans ce cas, aider les Intemporels !

— Je ne suis pas stupide, Clay ! Je sais quelles sont mes priorités.

Darko se dirigea vers la partie vitrée du Corridor qui donnait vue sur la ville. On ne voyait même plus la sphère de Charbons à cause des buildings qui n'étaient pas éclairés.

— J'ai eu du mal à le croire, hier, lorsque Dulcie nous a annoncé que le Duc était le véritable père d'Athya... Et lorsqu'elle est venue me voir, j'ai compris que tout allait se dérouler comme Dulcie l'avait prédit... (Il se tourna vers Clay). Je dois t'avouer qu'Athya s'est jeté sur moi et m'a embrassé.

Clay arqua un sourcil, pas si étonné que ça.

— Mais je l'ai repoussée... Je la considère comme ma petite sœur... et je sais que ce qu'elle cherchait, hier soir, c'était juste pour oublier ce qu'on lui avait appris, il n'y avait ni sentiments, ni tendresse, ni douceur dans son baiser.

— S'il avait eu des sentiments, je parie que tu t'aurais laissé emporter.

Darko haussa les épaules puis fixa à nouveau la ville.

— Athya m'a apprit que si son père, le roi Thalas, avait trahi l'Ordre, c'est parce que, lorsqu'il était encore un gardien du temps, il était tombé amoureux d'une femme rencontré dans un autre monde. Le Juge Bienfait... Le véritable Juge, l'a apprit et a tué cette femme.

Clay se mordit les lèvres. Lorsque l'on est un prince, futur roi, impossible de tomber amoureux d'une personne autre de sang royal ou d'une tribu... Il comprenait ce que Thalas avait pu ressentir lorsque le Juge Bienfait l'avait ordonné. Tout comme lorsqu'il a appris que Dulcie était morte, l'envie de vengeance s'était immiscée en lui comme un venin, mais il avait réussi à réprimer ses pulsions meurtrières. Maintenant, il se demanda si le roi Thalas n'était pas à l'origine de la mort du véritable Juge Bienfait. Il avait certainement planifié sa vengeance en rejoignant les Intemporels.

— Un Paral-lel n'a pas le droit de tomber amoureux d'une personne d'un autre monde... Un futur roi n'a pas le droit d'aimer qui il veut... Les tribus de Touamis et d'Hankjins n'ont pas le droit de s'unir... Ces histoires d'amour impossible ont causé beaucoup de mal... Il est tant que ça change. (Il se tourna vers son ami.) Nous sommes les futurs rois, les Juges de l'Ordre nous ont trahis, il est tant d'offrir une nouvelle constitution à Paralielna.

Clay sourit, content que son ami réalise que certaines lois de Paralielna méritent d'être revues.

— Tu oublies une chose, tu ne seras plus le roi de Widht... Il y a la reine Léna.

Darko pouffa de rire.

— À vrai dire, elle n'en a que le titre, ma mère prend encore toutes les décisions à sa place et je suis son conseiller. Plus tard, c'est comme si c'était toujours moi le roi.

Clay en rit et ensemble, ils se dirigèrent vers le salon.