Chapitre 31 a

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Dulcie

J'avale de la liqueur et ça me fait davantage de bien. Après m'être reposée une journée entière, je me sens en forme, mais j'ai encore l'impression d'avoir oublié quelque chose.

Corv apparaît brusquement alors que je pose mon verre sur la table.

— Bonjour ! Comment te sens-tu aujourd'hui ?

— Bien, mais je ne sais pas ce que je vais faire de ma journée après avoir étudié les langues de Nadaron.

Il me fait un sourire.

— J'ai réfléchi... et pour ne pas que tu t'ennuies, que dirais-tu de rejoindre l'équipe de Stephen pour aller chercher le dernier Janieratar ?

Je me lève de ma chaise, surprise et excitée.

— Quoi ? Tu es sérieux ?

— Oui... Il est vrai que les journées sont longues et ce n'est pas bien pour la santé d'une personne de rester trop enfermée... J'ai donc décidé que tu pouvais rejoindre les Intemporels.

— Oh, merci ! Vraiment merci !

La porte s'ouvre brusquement, ma servante m'apporte mes vêtements.

— Je te laisse te changer, Yna te conduira au bloc de voyage.

J'opine du chef tout sourire et retire mes vêtements.

Dire que j'attendais ce moment depuis si longtemps. Partir en mission !

J'emprunte une navette. Je ne savais pas qu'au sein du palais j'en trouverai. Elle a l'air de s'engouffrer dans les profondeurs de la terre. Lorsque la navette s'arrête, je me retrouve dans un immense hall avec des soldats – ou plutôt des Intemps qui partent en mission – empruntant des escalators menant à différents « blocs ». Yna me fait entrer dans le bloc 8. La salle n'est pas si dissimilaire à la pièce du Vortex, c'est juste qu'il y a des plateaux de téléportations un peu éparpillés ça et là.

Stephen vient alors à ma rencontre.

— Bonjour, prête pour le grand départ ?

— Oui, j'en suis toute excitée !

Il me sourit puis me présente à son équipe. Des Intemps' entre 20 et 30 ans.

Corv apparaît soudain derrière nous.

— Intemporels ! Ceci est votre dernière mission concernant le Janieratar. (Il passe la main dans le vide pour révéler un écran virtuel). Vous serez dans le monde de la Terre V 5004, an 4250. Les humains font la guerre depuis plus d'un siècle pour récupérer le Janieratar. (Des photos de terriens ressemblants aux chevaliers de la table ronde brandissant leur épée s'affichent.) Certains de ces guerriers peuvent invoquer une force nécromancienne. (Des chevaliers colossaux avec des casques, mais sans visage, ayant simplement des petites boules scintillants d'une lumière bleue en guise d'yeux, apparaissent à l'écran). Selon ce peuple, posséder ce Janieratar leur permettrait de décupler les forces de leurs nécromanciens ou même de les anéantir. (Corv écrase les images pour en faire apparaître une nouvelle, celle d'une terre montagneuse où, autour d'un volcan endormi, des torrents de chevaliers s'affrontent). Le Janieratar se trouve ici, dans ce volcan, le peuple qui le gardait avait frayé des chemins, menant à notre objectif, tous piégés. Depuis, les hommes qui ont pénétré à l'intérieur du volcan ne sont jamais ressortis. Nous avons déjà perdu six hommes depuis que nous avons découvert cet emplacement. Mais je pense que... (Il se tourne vers moi.) Dulcie pourra se charger seule d'aller récupérer le Janieratar tandis que vous vous occuperez des chevaliers qui se battent autour du cratère et tentent d'y pénétrer.

Les Intemporels s'échangent des regards avant de s'arrêter sur moi et d'acquiescer. En effet, s'il y a des pièges grâce à mes pouvoirs, je pourrais certainement les déjouer.

— Avez-vous des questions ? s'enquiert Corv.

— Non, empereur ! répondent les soldats.

— Bien, lorsque vous arriverez sur ces terres, vous vous trouverez en plein combat. Vous devez protéger Dulcie pour qu'elle puisse atteindre le volcan.

Ils opinent du chef et se dirigent vers les étagères où ils se ravitaillent d'armes. Corv s'approche de moi.

— Te sens-tu capables d'accomplir cette mission ?

— Oui, ne t'inquiète pas, dis-je en m'équipant d'armes à feu.

Je place également deux poignards dans mes bottes et une épée dans mon dos. Si on nous envoie dans une époque où la chevalerie existe encore, alors pourquoi ne pas en profiter !

Stephen me tend ensuite un casque que je mets sur ma tête. Nous nous dirigeons vers les plateaux et la première vague d'Intemps' bondit la barrière.

Je me positionne en face du plateau et dès que j'aperçois le tunnel matriciel, je m'élance.

Un destrier, paré d'une armure, s'effondre à quelques mètres de moi.

Des claquements de sabots contre un sol rocheux, des bruits de métal contre métal, des boules de feu qui fissurent le ciel, des grondements assourdissants d'explosion qui atténuent les cris de ralliement des guerriers, une pluie de flèches, des têtes qui voltigent un peu partout. Je suis en pleine guerre.

Les chevaliers nécromanciens s'affrontent, leurs épées s'entrechoquent entre elles produisant des étincelles. C'est à en couper le souffle. J'ai l'impression d'être en plein cœur d'une cinématique d'un jeu d'heroïc fantasy !

Brusquement, une boule de feu se dirige sur nous. Inopinément, un des soldats lance une sorte de capsule dans le ciel et une barrière se forme au-dessus de nos têtes nous protégeant du canon qui détonne.

Le sol se dérobe sous mes pieds et je chancelle.

Dès que la barrière disparaît, des chevaliers se tournent vers nous et crient : « Envahisseurs » ! Aussitôt, les Intemporels tirent des rafales de mitraillette pour les empêcher de nous atteindre.

— On conduit Dulcie au volcan ! intime l'un d'eux.

Les Intemps m'encerclent et, tout en avançant à vive allure vers l'entrée du cratère – à une cinquantaine de pas plus loin –, ils déciment les chevaliers qui s'approchent de nous.

J'entends soudain le son d'un cor. Je tourne la tête vers la source de bruit. Une fumée noire se forme dans l'atmosphère et, tout à coup, prend la forme d'un énorme cheval noir vêtu d'une lourde armure. L'étalon se met debout sur ses deux pattes arrière et dès qu'il se laisse tomber, il piétine des guerriers faisant trembler le sol sous mes pieds. Il hennit de rage et se précipite vers nous.

— On se dépêche ! crie un officier. Il semblerait qu'ils l'aient invoqué pour nous !

— Je peux me rendre seule au cratère, répliquais-je. Pourquoi n'utilisez-vous pas de transformateur pour vous fondre dans la masse ? Je peux y aller seule !

— Mais...

— Laissons-là, lieutenant Grills ! lui coupe Stephen. N'oublions pas qu'il s'agit de la manipulatrice du temps et de l'espace ! Elle seule peut atteindre le cratère en moins d'une seconde !

Le lieutenant Grills me considère puis m'y autorise. Il se tourne vers les autres soldats.

— Faisons-nous passer pour des chevaliers et vite !

Sans attendre, je m'élance vers le cratère à la vitesse lumière, esquivant des flèches, évitant les pointes d'épées, et enjambant des guerriers tombant de leur monture.

À l'entrée de la bouche du volcan, un éclair foudroie le ciel et j'arque un sourcil... c'est comme dans un film d'horreur... mais je n'ai même pas peur.


PARAL-LEL Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant