PARAL-LEL Tome 2

Chapitre 5 bis

Aby revint dans la chambre et s'assit sur la chaise à son chevet. Clay avait commencé à entamer sa soupe.

— Est-ce que tu vas bien ? demanda-t-il.

— Oui, maintenant, oui, sourit-elle. Le palais est bien trop grand pour une personne... il y a la gouvernante, les domestiques et les gardes mais... j'étais toute seule.

Clay plissa les yeux et pensa aux jours où il partait en mission, aux jours où il dormait à l'Unité 4. Dulcie avait eu raison, sa sœur avait dû se sentir, elle aussi, orpheline.

La porte s'ouvrit brusquement et le docteur réapparut en compagnie de l'homme à la blouse blanche qui lui avait apporté l'Unimaj.

— Clay, voici le docteur Duval, il va vous faire quelques examens, je dirai... neurologique, annonça le docteur Ross. (Elle se tourna vers la princesse.) Abigaël, je sais que vous vous êtes beaucoup inquiétée pour votre frère, mais nous avons encore besoin de lui faire des examens.

Aby échangea un regard avec son frère avant de quitter la chambre.

Clay fixa le docteur Duval, s'il était censé avoir perdu les deux dernières années de sa vie, il n'aurait pas dû se souvenir de lui...

— Bonjour, prince Clay... Je vais juste vous poser quelques questions. Vous avez reçu un énorme choc crânien, et il est de mon devoir de faire le rapport de votre réveil au Juge, déclara-t-il. Quel est votre dernier souvenir ?

Clay pencha légèrement la tête, il devait jouer les amnésiques et il y a deux ans...

— Mon père, ses funérailles... Il s'est mis à pleuvoir et je me suis juré de retrouver Lucinia. (Il braqua son regard sur le docteur) Quand pensez-vous que je serai totalement rétabli ? Je dois la retrouver ! Je dois la tuer.

Le docteur Duval nota quelque chose sur la tablette qu'il tenait en main avant de répondre :

— Selon le docteur Ross, vous êtes en forme... Mais il en reviendra aux Juges de décider si vous pouvez partir à sa recherche. Quels sont les derniers souvenirs que vous avez de vos amis.

Le visage impassible, Clay répondit :

— Mes amis... Darko, Rick et Athya sont restés quelques jours au palais pour que ma sœur et moi nous ne soyons pas seuls. D'ailleurs, j'ai l'impression que c'était hier. Où sont-ils ?

Le docteur Duval cilla tout en notant sur sa tablette.

— Avez-vous l'impression qu'hier, vous vous trouviez avec eux ?

— Oui, j'en suis persuadé. Mon père est mort il y a quelques jours et mes amis sont venus séjourner au palais.

— Malheureusement, prince Clay, cela fait déjà deux ans que le roi votre père est mort. Comme je le craignais, vous avez perdu la mémoire des deux dernières années de votre vie.

Clay fronça les sourcils tandis que le docteur Duval étudiait chacune des ses expressions.

— Vous en êtes sûr ?

Le docteur Duval lui montra sa tablette pour qu'il puisse regarder la date. Le prince Clay fixa un long moment l'appareil, les sourcils plissés, espérant convaincre le docteur Duval qu'il avait perdu la mémoire.

— Pouvez-vous me laisser, je ne me sens pas très bien...

— Vous ne vous sentez pas très bien ? S'enquiert le docteur.

— J'ai mal à la tête. Je voudrais me reposer.

— Avant cela j'aimerai savoir ce que vous ressentez... qu'éprouvez-vous en voyant que nous sommes le 15 octobre 2065 et que cela fait deux ans que votre père est mort ?

— Je suis déboussolé, répondit-il. J'ai du mal à le croire... j'ai l'impression que c'est un mensonge.

Le docteur le considéra avant de sourire.

— Bien prince Clay, nous allons vous laisser vous reposer. (Il retira une petite boîte de sa veste et la lui tendit). Voici un médicament pour les migraines. Elles vont persister durant une quinzaine de jours. Prenez-en un chaque jours, tous les soirs, pendant un mois.

Le prince opina du chef et attrapa la boite de médicament. Il la déposa sentant le regard des médecins sur lui. Un malaise s'installa. Jamais il ne s'était senti si... épié, si incommodé.

La main sur sa tête, il s'allongea et ferma les yeux, inspirant calmement. Quelques minutes plus tard, il entendit la porte se refermer.

Quelque chose ne semblait pas rond chez les docteurs. Était-ce uniquement pour s'assurer qu'il avait perdu la mémoire ou était-ce pour autre chose qu'il l'avait lorgné ainsi ?

Clay inspira profondément et repris la boîte de médicament. Et ça ? Étais-ce vraiment pour des maux de tête ?