PARAL-LEL Tome 2

Chapitre 56

Dulcie

Tous les yeux se dirigent vers la porte d'entrée où la princesse Athya fait son entrée.

La haine déformant son visage, elle me lorgne. J'ai l'impression même d'y voir des éclairs.

— C'est à cause de cette fille que nous sommes au bord de l'Apocalypse et vous voudriez lui accorder sa confiance ? gronde-t-elle.

Le duc Edouard s'approche d'elle.

— Voyons Athya, que fais-tu ici ? Comment es-tu arrivée jusqu'ici ?

— Les personnes sont généreuses en temps de guerre, répondit-elle. Ma grande sœur étant souffrante, et étant la seconde à l'ordre de succession, j'ai aussi le droit d'assister à ce Conseil d'urgence !

— Sauf que tu oublies que ton père est un traître ! proclame Léna.

— Je n'en dirai pas autant du vôtre, Léna !

Je vois Léna serrer sa mâchoire comme si elle se retenait de répliquer et de lui révéler ce qu'elle venait d'entendre. La situation est déjà assez tendue, j'imagine qu'elle ne souhaite pas la compliquer davantage. Au lieu de ça, elle croise les bras et se rassit à sa place.

Athya lui fait un sourire hautain et s'approche de Clay.

— Je suis contente de te revoir Clay, mais sache que tu m'as vraiment fait de la peine, et pourquoi ? (Elle pivote la tête vers moi). Pour une simple bâtarde d'Intemporelle qui a causé la mort de pauvres innocents !

Les mots me font toujours aussi mal, surtout provenant d'elle. Mais maintenant je la plains. J'ai même pitié d'elle. On lui a menti durant toute son enfance et elle va avoir le cœur brisé en l'apprenant. Alors tant pis si elle souhaite m'humilier, elle le sera davantage ce soir.

— Athya, Dulcie ne mérite pas qu'on la traite ainsi et ce n'est pas de sa faute si des personnes sont mortes ! Ton... Ton père le roi Thalas était derrière tout ça ! rétorque alors Clay.

— N'accuse pas mon père ! Je le connais ! Il n'aurait jamais fait une chose pareille ! Il a dû y être forcé ! (Elle se dirige vers la reine Inenka). Majesté, je pense que nous devrions accepter le marché proposé par le maître des Intemporels ! Père a certainement eu ses raisons ! Nous devrions le rejoindre !

— Même si votre père a eu ses raisons, je doute que nous allier aux Intemporelles par le biais de cette intelligence artificielle soit la bonne solution. Surtout qu'il s'agit de la copie conforme de Corvin Tempus ! Nous allons les combattre ! Général Lee, nous devons organiser une réunion avec toutes les troupes immédiatement !

— Attendez mère, intervient Darko. Il serait préférable d'avoir une réunion avec les troupes demain. Oui, demain vers 10 heures. (Il me regarde me faisant comprendre qu'il fait cela pour nous faire gagner du temps. J'imagine qu'il accepte notre proposition de tout à l'heure.) Nous sommes tous exténués et nous nous sentons affaiblis... Et nous le savons, la nuit porte conseille, peut-être que demain, nous aurons les idées plus claires et que nous aurons décidé autre chose... ou plutôt... trouvé une meilleure solution.

La reine arque les sourcils tandis que la princesse Athya, souriante, se rapproche de Darko.

— Est-ce parce que toi aussi tu penses qu'il faut qu'on se rallie aux Intemporels ?

— Je n'ai pas dit cela, c'est juste que nous ne devons pas prendre de décision précipitée.

— Je suis aussi du même avis, annonça la princesse Gabrielle, la nuit porte conseille... Organisons une réunion avec les généraux de divisions et les unités de Paral-lels demain.

— Bon très bien, dit la reine Inenka, nous nous reverrons demain à 10 heures avec toutes les troupes à l'Unité 2. L'assemblée est levée.

La princesse et son mari sont les premiers à quitter l'assemblée. Il faut que je la rattrape et lui parle au sujet de son intention...

— Clay, je reviens, je dois... enfin, je te retrouverai ensuite.

Sans attendre qu'il me réponde, je cours à la vitesse lumière vers l'ascenseur où le couple y pénètre. Avant que les portes ne se referment je suis à l'intérieur.

La princesse Gabrielle pousse un cri en me voyant.

— Mais comment êtes-vous... ? grogne le Vicomte.

— Il fallait que je vous parle avant que vous ne rentriez, lui informé-je.

— Je ne vois pas ce que vous avez d'autres à dire, rétorque la princesse Gabrielle.

— Eh bien, je sais quelle décision vous comptez prendre ce soir... et je sais que ce qu'à dit la reine vous a blessée.

Elle soupire et fronce les sourcils.

— Lorsque je vous ai quitté, je suis allée dans l'avenir. Il se peut que nous puissions trouver un antidote pour qu'ils redeviennent humains.

Cette fois, ces yeux retrouvent de leurs éclats.

— Vraiment ?

Les portes de l'ascenseur s'ouvrent.

— Puis-je discuter avec vous en privée ? Dans votre voiture par exemple. Les murs ont des oreilles.

Elle échange un regard avec son mari puis acquiesce.

Je les suis jusqu'à leur vaisseau, surveillé par une dizaine de soldats.

À l'intérieur, la princesse Gabrielle s'installe dans un siège à côté de son mari et je m'assieds en face d'eux.

— Alors que savez-vous de cet antidote ? interroge la princesse Gabrielle alors que le vaisseau décolle.

— Il y a des personnes qui n'ont pas muté même après avoir bu le jus qui contenait le virus. La clé de l'antidote doit se trouver dans leur sang.

— Vous en êtes sûre ? s'enquiert le Vicomte.

— Oui, mais ça risque de prendre beaucoup de temps avant qu'on trouve l'antidote...

— Peu importe si ça prend du temps ! Je veux que mes parents et Richard redeviennent ceux qu'ils étaient !

— Attends, on ne sait même pas si elle nous manipule, objecte le Vicomte, de la méfiance dans son regard. La princesse Athya et le Duc ont peut-être raison à son sujet...

— Je ne vous manipule pas ! Et si j'étais la méchante de l'histoire, je ne vous aurais pas parlé de ça... je vous aurais fait croire qu'il n'y avait plus rien à faire pour sauver les Charbons ! Corv, au contraire, lui vous mentira si vous décidez de le rejoindre en pensant qu'il vous fournira un antidote qui puisse libérer votre famille. (Je regarde la princesse Gabrielle dans les yeux). J'ai vu l'avenir et si vous choisissez de faire confiance à Corv plutôt qu'à moi. (Je fixe son ventre puis croise à nouveau son regard). Votre enfant ne verra jamais le jour...

La princesse écarquille les yeux, puis pose ses mains sur son ventre comme pour protéger son enfant.

— Je suis une manipulatrice du temps et de l'espace, certes, mais je peux aussi révéler le passé, le présent et le futur... Corv, lui, ne vous offrira qu'un funeste avenir. Si vous me faîtes confiance, vous retrouverez non seulement votre famille, mais vous pourrez aussi voir votre enfant grandir. Je souhaite juste obtenir votre soutien et votre confiance. Dans ce cas, vous devrez juste offrir à de jeunes scientifiques tout le matériel nécessaire pour qu'ils puissent avancer dans leur recherche. Mais tant que Corv n'est pas éliminé, vous ne devrez en parler à personne !

La princesse semble réfléchir.

Je me lève du fauteuil.

— Je vais rentrer. Si vous acceptez, rejoignez moi demain à 8 heures au Palais de Widht.

Elle opine du chef avant que je n'ouvre une brèche et disparaisse.