PARAL-LEL Tome 2

Chapitre 22

Dulcie

Dragh tombe à mes pieds alors que j'utilise la distorsion temporelle sur lui. Je pivote alors sur moi-même et lui assène un coup de pieds retourné. Aussitôt, il s'effondre et semble comme aspiré par la terre.

Il pousse un grognement de frustration puis frappe son bras musclé sur le sol faisant sautiller des grumeaux de boue.

Tout à coup, il puise dans ces dernières ressources pour se relever. Il me foudroie du regard et se concentre. Je sens sa distorsion, mais je ne la laisse pas m'anéantir. Je me concentre de plus belle pour lui rendre son attaque. Des éclairs zèbrent le ciel autour de nous et soudain des tunnels présentant des courbes irrégulières se dessinent. La rencontre de nos deux pouvoirs produit un redoutable champ quantique et bientôt une explosion.

Mon corps est catapulté dans l'un des tunnels et je me retrouve à flotter parmi les codes binaires du multivers.

Je lève la tête, braquant les yeux vers la minuscule brèche qui est sur le point de se refermer. Il faut que j'y retourne. Je dois y retourner et tuer Dragh.

Sur ce souhait, mon corps disparaît.

Me voilà de nouveau dans le monde figé. Mais les corps ont disparu. À leur place, des tas de cendres.

Mon cœur tambourine férocement contre ma poitrine, le choc de nos distorsions les auraient-ils exterminés ?

Je déglutis avec peine. Ce pouvoir est trop dangereux.

Brusquement, ma tête se met à tourner. Le paysage autour de moi tourbillonne et mes paupières s'alourdissent.

Je me sens très affaiblie lorsque je reprends conscience. Ma gorge est sèche et j'ai très soif, mais ce n'est pas de l'eau dont j'ai besoin.

— Yna ! murmuré-je d'une voix à peine audible, appelant ma servante. Yna !

C'est Corv qui apparaît à mon chevet.

— Oh, te voilà réveillé, Dulcie, jubile-t-il.

— Corv ! J'ai soif ! Mais j'aimerai de la liqueur.

— Bien entendu, sourit-il en disparaissant.

Quelques minutes plus tard, Yna entre dans ma chambre, un verre de liqueur sur un plateau. Je pousse un soupire de soulagement en le voyant. Ma servante me tend mon verre et je le bois avec avidité.

J'ai l'impression que mon cœur bat à une allure régulière et que mes forces me reviennent après avoir étanché ma soif.

— Désirez-vous autre chose ? demande Yna.

— Non, merci, vous pouvez disposer.

Elle incline la tête avant de tourner les talons.

Corv réapparaît.

— Comment te sens-tu ?

— Mieux, mais je ne me souviens plus de l'épreuve... enfin, je sais que je me battais contre une autre version de Dragh, mais je ne sais plus quel a été l'issu du combat.

— Tu l'as vaincu, sourit-il.

— Vraiment ?

— Oui.

Je pousse un cri de joie et frappe dans mes mains. Je suis si heureuse. J'ai enfin terminé ! J'ai réussi mes quatre épreuves !

— Nous organiserons bientôt un bal pour fêter cette victoire. En attendant, j'ai une surprise.

Corv fait glisser sa main dans le vide et l'hologramme de Léna vêtue comme une princesse avec une longue robe brodée et perlée apparaît en grandeur nature.

— Oh ! Bonjour ! s'écrie-t-elle en s'approchant de mon lit.

— Wah ! Bonjour Léna ! m'exclamé-je. Je suis contente de te revoir. Oh, merci pour cette surprise, Corv.

Il baisse la tête.

— Eh bien, je vais vous laissez discuter entre filles. J'ai plein de chose à régler.

Sur ces mots, il disparaît.

— Alors ? Tu as réussi ta dernière épreuve ?

— Oui ! C'est fini et bientôt, ce sera la Fluctuation et le peuple de Paralielna périra.

— Tu as vraiment envie de les tuer, on dirait, remarque Léna.

— Oui, ils m'ont fait du mal.

— Moi aussi, les Juges ont tué ma mère.

Je hausse les sourcils.

— Vraiment ? dis-je déconcertée.

Elle opine du chef.

— Je suis une Touamis et notre peuple a toujours vécu avec leur propre loi et leur propre culture. Cependant les temps ont changé, la mentalité de notre peuple aussi. Ma mère savait que rester un pays fermé n'était pas la bonne solution, alors elle a tout fait pour que nous entamions des relations diplomatiques avec Paralielna, mais les Juges ont cru que c'étaient une manigance pour que nous prenions le pouvoir ! Alors ils ont tué ma mère, en mettant une bombe dans sa voiture, nous faisant croire que c'était l'un des nôtres qui l'avait tué.

C'est vraiment horrible. Ces Juges, ils sont définitivement diaboliques.

— Mais alors, dis-moi, en ce moment, ce pourrait-il que tu vives sur Paralielna ?

— Oui, mais ne t'inquiète pas, avant la Fluctuation, ma famille et moi viendrons vivre ici.

Je haussais les sourcils.

— Tu vas venir vivre ici ?

— Oui, d'ici quelques semaines, lorsque ton père aura décidé de la date de la Fluctuation !

Cette nouvelle me réjouit, je pourrais parler à Léna en vrai et non par projection. J'aurais enfin une amie au palais ! 

Vous attendiez vous à voir Léna ici ? 

Je posterai la suite dimanche prochain, je ne pourrais pas samedi. 

Bon dimanche à vous!