Chapitre 25

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Dulcie

Je fais les cent pas dans ma chambre. Maintenant que j'ai passé les épreuves, je n'ai plus rien à faire. Je m'ennuie ! Et je ne peux pas voir Léna quand bon me semble, elle a ses occupations dans son monde.

— Corv ! l'appelé-je.

Il prend quelques minutes avant d'apparaître.

— Oui, qu'y a-t-il ?

— Ne pourrais-je pas sortir et visiter la ville ? Je n'y suis jamais allée.

Il plisse les yeux.

— Les textes de lois que je t'ai données à lire ?

— Je les ai terminées, je réponds en regardant les trois livres posés sur mon bureau.

— Eh bien, je vais te faire apporter les livres de langue. Sur Nadaron, ils parlent une toute autre langue que tu dois connaître.

Je soupire. Je n'ai pas envie d'étudier encore toute l'après-midi.

— Corv ! Je le ferais demain ! J'ai besoin de sortir ! Je veux prendre l'air, ou je risque de devenir folle si je ne fais rien.

Il se pince les lèvres avant de hocher la tête.

— Je vais faire venir quelqu'un. Tu pourras visiter Reversale.

— Oh, super ! Merci !

Il disparaît et je cours me rafraîchir dans les toilettes. Quelques minutes plus tard, une personne frappe à ma porte et Corv réapparaît.

Un jeune homme blond se présente. Il a l'air d'avoir un peu plus que mon âge. Vingt ans à tout casser. Il pénètre dans ma chambre et fait une révérence.

— Future impératrice, bonjour, déclare-t-il d'une voix très mature.

— Bonjour.

— Voici Stephen, annonce Corv. Il te fera visiter Reversale. Mais vous devrez être rentré pour le dîner.

— Ne vous inquiétez pas, nous serons rentrés pour le dîner, Maître Corv.

Corv lui répond d'un sourire avant de disparaître. Stephen se tourne alors vers moi et me dévore du regard. Ses yeux sont d'un bleu éclatant et je dois avouer qu'il n'est pas mal.

— Alors, pouvons-nous y aller ? Interrogé-je.

— À moins que vous préfériez rester ici ?

Je remue la tête en gloussant. Il a de l'humour, on dirait.

Il me propose son bras et je l'attrape sans gêne. Même si je ne connais rien de lui, il a l'air d'être sympathique. Il pourrait devenir mon nouvel ami ici, je ne connais personne au palais – à part ma servante. C'est l'occasion de faire de nouvelles rencontres.

— Alors ? Ce n'est pas dépaysant de se trouver ici ? demande-t-il lorsque nous sommes dans l'élévateur.

— Eh bien, légèrement, mais ce qui m'a perturbé le plus, c'est le soleil... je veux dire à Paralielna, là où j'étais il faisait toujours nuit et ici...

— Oui, le soleil inonde la ville 24 heures sur 24... Mais si tu veux passer une nuit... je parle d'une véritable nuit dans la pénombre, il faut se rendre à Dafalda.

— Eh bien, pourquoi pas, si un jour l'occasion se présentait, vous pourriez même m'inviter à dîner dans ce monde.

Il me répond d'un beau sourire et mon cœur se met à tambouriner dans ma poitrine. Mon Dieu, mais qu'est-ce qu'il me prend ? Je le connais à peine et c'est comme si j'étais en train de le draguer.

— C'est une excellente idée. On pourrait même programmer une date pour ça.

Je me sens rougir.

— Il va falloir la programmer avec Corv.

— Oui, c'est vrai, réplique-t-il en pouffant de rire.

— Quel âge avez-vous ?

J'ai soudain envie d'en connaître un peu plus sur ce garçon.

— Il y a un mois, j'ai fêté mon vingtième anniversaire.

J'avais donc raison.

— Eh bien, joyeux anniversaire, même si c'est un peu en retard.

Il me remercie puis je le bombarde de questions sur ce qu'il fait, l'endroit où il vit, sa famille. J'apprends ainsi qu'il est le fils d'un des Ministres de l'empire, qu'il a un petit frère de mon âge et qu'il est un Intemporel. En ce moment, Corv les a chargés de récupérer les Janieratars. C'est vrai, j'avais oublié que sans eux, le Vortex ne serait pas prêt pour la Fluctuation.

Nous arrivons dans un hall, ou se trouve un portique. Stephen passe son bras sur un scanner et ses yeux brillent d'une couleur rouge.

— A votre tour, dit-il. C'est juste pour savoir qui se balade dans ces lieux.

Je m'affaire.

Nous longeons ensuite une partie du palais dont je n'avais jusqu'à lors jamais mis les pieds et atteignons un jardin qui ouvre sur le fleuve.

— Le meilleur moyen de découvrir la ville, c'est en bateau, déclare Stephen.

Je ris puis observe le magnifique yacht qui nous attend.

Durant tout le voyage, je ne porte pas réellement attention aux tours en verre ou parfois aux paysages fantastiques qui se dévoilent à mes yeux. Je passe plutôt mon temps à discuter avec Stephen. J'ai toujours cru que mon genre d'homme était les bruns, avec des yeux verts, un corps svelte et musclé comme s'il avait été sculpté dans le marbre, et une cicatrice au visage signe qu'il était fort et intrépide. Je fronce les sourcils, ma salive devient amère dans ma bouche et les battements de mon cœur s'accélèrent. Mon estomac se noue. Je viens tout juste de décrire un garçon... un garçon à la cicatrice.

— Dulcie ? Est-ce que ça va ?

Je ne parviens pas à le répondre, ma respiration est haletante et j'ai la tête qui tourne.

J'ai oublié quelque chose... Quelque chose d'important et cela me taraude.

— Je ne me sens pas bien, dis-je. Pourrait-on rentrer ?

— Oui, bien sûr.

Prenant un verre d'eau, je fixe ensuite les tours et les arbres fleuris de Reversal. Je n'ai soudain plus envie de m'amuser. J'ai l'impression d'avoir perdu goût à la vie. 

PARAL-LEL Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant