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Directement le lendemain, Jimin quitte son lit d'une humeur pas si mauvaise. Il s'habille simplement et s'assoit en face de sa mère qui mange une tartine beurrée. 

- Tu es déjà réveillé ? Tu es bien matinal aujourd'hui, s'étonne-t-elle en remplissant son verre de jus d'orange. 

- Ouais c'est mal ?

- Oh non du tout, s'empresse-t-elle d'ajouter en secouant la tête de gauche à droite.

Il vide le contenu de son verre et se relève près à quitter l'appartement. Il se passe une main dans les cheveux sous les yeux stupéfaits de Mi-Jeong. Elle se lève à son tour pour rappeler son fils juste à temps.

- Tu ne prends pas de petit déjeuner ? Et où vas-tu ?

- T'inquiète je vais m'arrêter quelque part pour manger. Je vais prendre l'air et puis acheter de quoi remplir les placards pour encore une semaine, souffle-t-il en se retournant vers elle, les yeux clos, le visage posé.

- D- d'accord, couvre-toi bien et envoie-moi un message si tu risques de t'absenter plus tard, comme hier.

- Ouais aller ciao, râle-t-il.

Il place une écharpe autour de son cou et part affronter le froid de l'hiver. Comme son ventre ne demande pas à manger pour le moment, le blond décide de marcher jusqu'à la superette la plus proche. Il entre dans le petit magasin, envoie un bonjour au vendeur et disparait derrière un rayon. 

Panier à la main, il met plusieurs articles à prix bas comme des paquets de nouilles, du kimchi, du riz et autres. Puis il part dans le rayon gâteau et sucrerie pour satisfaire le besoin de chocolat de sa sœur. Là il remplit sa corbeille de plaquette de chocolat noir, blanc, au lait, de sachet de bonbon quand son regard s'arrête sur une boîte en carton en hauteur. Peperos. Sa main se met légèrement à trembler face au flot de souvenirs qui le submerge. 

Ça fait si longtemps qu'il n'en a pas mangé un seul, en fait depuis un an et demi. Mais qu'est-ce qu'il aime ça. Ce n'est pourtant rien de spécial, juste un bâtonnet de biscuite enrober de chocolat. Il tend la main difficilement avant de la refermer dans le vide. 

- C'est stupide... pourquoi j'en voudrais, marmonne le garçon pour lui-même.

Oui, pendant plus d'un an il a réussi à ne plus s'attarder sur ces biscuits. Les biscuits préférés de son père et lui. Il a même réussi à les oublier alors pourquoi maintenant il en désirerait ? Il détourne son chemin, ajoute deux trois trucs au panier et part finalement payer.

- Désirerez-vous un sac avec ceci ? Demande gentiment la caissière.

- Et bien maintenant que vous le dîtes, je n'ai rien pour tout transporter alors oui je veux bien.

- Tenez, ajoute-t-elle une fois tous les articles à l'intérieur.

- Merci, au revoir.

Un faible bonne journée lui fut rendu, mais Jimin n'en tient pas compte. Il sait que cette jeune femme, à la vue de ses joues rouges et de son grand regard rond, est tombé sous son charme. Mais lequel ça il ne comprend pas. Car il ne voit pas ce qui peut bien il y avoir d'attirant dans un regard souligné de cernes, un visage si inexpressif et sinon si tordu par la colère et la souffrance. Non il ne comprend pas, il n'est même pas si beau que ça. A vrai dire, ça l'importe peu, que toutes les femmes de la Terre le regardent, il n'en a que faire. L'amour, il n'en veut pas. Pas de cette amour là, pas celui-là mais plutôt celui d'une présence paternelle. C'est de ça dont il a besoin. Et puis il n'est même pas sûr d'être attiré par les femmes.

Son ventre grogne et Jimin baisse les yeux sur ce dernier qui crie famine. Alors il attrape un paquet de biscuit qu'il vient d'acheter pour le manger tout en marchant librement dans la ville. Cette fois-ci, ses pas le mènent un peu plus loin que d'habitude, il marche sans s'arrêter en profitant de l'air frais qui lui rosit les joues. Il passe devant ce qui se souvient vaguement que l'endroit où se trouve la pizzeria de Minho. 

Il se rabat sur le trottoir en face et lève un instant les yeux vers le ciel. Une minuscule étincelle se met à briller au fond de ses yeux. Ses pensées ailleurs pendant une fraction de seconde, il se fait bousculer par les gens autour de lui. Mais il reste là encore un instant avant de reprendre sa marche apaisante. Finalement il fait une pause cinq minutes plus tard et s'assoit sur un banc. Il observe une université devant lui. Là-dedans, les étudiants grouillent et Jimin se remémore, lui, les années précédentes dans une école de médecine à Séoul. Il était heureux d'avoir réussi le dur examen d'entrée et puis il avait commencé les cours au côté d'un certain Eun-woo qui devint vite un ami de confiance. Après ça, il travaillait dur pour accéder à son rêve, il était loin des meilleurs de sa classe et avait une bande d'amis pareils à celle de Yoongi, puis c'est arrivé comme ça, sans prévenir et il a sombré, sans jamais retrouvé la force de se relever...

- Tiens, salut Jimin !

Ce dernier revient sur Terre et cherche du regard cette personne dont il connait la voix mais dont il ne parvient pas à mettre un visage dessus. Il tourne la tête, et voit un garçon châtain s'installer sur le banc à côté de lui.

- Toi !

- C'est sympa de te revoir, sourit-t-il malgré la surprise de son ainé.

- Et toujours un calvaire de t'entendre.

Pour approuver ses dires, le blond augmente le son de ses écouteurs pour dissimuler la voix joyeuse de l'autre. Mais celui-ci n'est pas dupe et les arrache sans perdre de temps.

- Qu'est-ce que tu fais dans le coin ? Je croyais que t'aimer pas sortir ?

- Ça te regarde pas Taeyang... Taehyu... Tae, putain c'est quoi déjà ton nom ? 

Au lieu de se défiler, le jeune homme sourit et répond.

- C'est Taehyung. Kim Taehyung. C'est pourtant pas très long comme nom ?

- J'ai du mal à me souvenir des prénoms des gens.

- Ah ouais ? Mais du coup tu n'as pas répondu à ma question.

- Parce que je n'ai pas de réponse à ta question, maintenant est-ce que tu peux me rendre mes écouteurs, réplique-t-il sa voix devenant légèrement plus sèche sur la fin de sa phrase.

- Ouais de toute façon, il faut que je me dépêche si je veux avoir le temps de manger et faire un coucou à Yoongi. Je sais que ça ne l'embête pas tant que ce qu'il le fait croire.

Taehyung est parti aussitôt. Le blondinet s'est relevé et s'apprête à faire le chemin inverse pour ranger les courses. Il fait quelques pas avant de s'arrêter. Ses oreilles viennent de lui jouer un tour, pourvu que ce ne soit qu'une hallucination de son cerveau. Ses muscles se raidissent. Il tourne difficilement la tête dans la direction du bruit. Il a peur, très peur, son cœur bat à deux mille et il sent un filet de sueur froide lui recouvrir la peau. Sa main crispée sur le sac plastique contenant ses provisions lâche, comme si ses doigts se transforment en poussière. Les articles rebondissent sur le goudron, certains roulent même sur la route avant de se faire écraser par les roues d'une voiture. Les yeux de Jimin se troublent et ses jambes lui semblent en coton, il fléchit. 

Le son d'une bouteille de soja qui explose au contact du sol ne le fait même pas tourner la tête, ni le liquide qui lui tache ses baskets et encore moins les éclats de verre qui couvrent le trottoir. Même le morceau transparent de verre coincé entre la chaire de son mollet et le sang qui coule de la plaie ne lui fait détourner son attention de cet horrible spectacle.

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Le Secret {YOONMIN}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant