Le Secret {YOONMIN}

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Quand Jimin passe le pas de la porte, il repousse immédiatement Sunmi qui vient lui courir dans les bras. Il ignore les questions de sa mère, pose le sac de course sur la table en bois de la salle à manger et disparait d'un pas quelque peu tremblant dans sa chambre. Mi-Jeong essaye bien de le retenir, voyant bien que son fils ne va pas bien. Elle sait qu'il peut se retrouver à cran très facilement, mais là elle sent que c'est différent. Ce n'est pas une histoire d'allumette qui enflamme un gaz explosif, mais une histoire d'une luciole qui cache elle et sa lumière dans la nuit. Une bonne mère voit ce genre de différence comme le nez au milieu du visage. 

Elle rejoint sa fille devant la porte close du garçon, et toque sur celle-ci. Aucune réponse. Ce n'est pas étonnant, le blond a dû fixer ses écouteurs pour ignorer ses appels et puis même si ce n'est pas le cas, il ne répond plus aux appels depuis longtemps. La femme prend donc l'ambition d'ouvrir la porte, mais sans surprise elle est verrouillée. Elle soupire et pose son regard sur son deuxième enfant.

- Bon c'est pas grave, Sunmi est si tu m'aidais à ranger ce que ton frère à acheter.

- Et j'aurais le droit de manger des bonbons ?

- Si Jimin en à acheter, oui.

- Ouais, merci t'es la meilleure des mamans de tout le monde entier !

- Aller viens, sourit doucement la plus âgée.

De son côté dans cette chambre, seul, Jimin n'arrive pas à se concentrer sur la musique. Etendu sur son lit, il ressent encore sa peur, en fait il est pétrifié sur le matelas. Il fixe le plafond blanc, mais d'un coup il a l'impression que c'est celui de l'hopital. Il tourne violemment la tête sur le côté pour observer du relief avec des couleurs. Un frisson lui parcourt l'échine en recevant l'image d'un espace immaculé bondé de médecins, de chirurgiens et d'infirmiers. Et alors qu'il se retourne dans l'autre sens pour dégager ses pensées parasites de l'esprit, il sent ses yeux se bordé de larmes.

Non il ne devait pas pleurer ! Pleurer c'est pour les gamins !

Les gamins. Justement il avait pleuré ce jour-là comme n'importe qui et il avait bientôt dix-huit ans. Il avait pleuré et plus que ça, son monde s'était effondré, un voile noir s'était abattu sur sa pauvre vie. Les larmes lui piquent les yeux et il ne peut empêcher un vilain reniflement.

Il se souvient du corps de Sunmi serré contre le sien et celui de leur mère dans la salle d'attente le soir à pas d'heure. Elle pleurait beaucoup, Mi-Jeong ne tenait pas en place et ne faisait que ce répété que tout ira bien, les médecins réussiront à le sauver. Elle disait cela plus pour elle que pour eux, ses enfants. Tous les deux, ils avaient peur d'apprendre la nouvelle et leurs visages d'habitude si illuminés étaient terne et morose. 

Puis ils les ont vu sortir du bloque opérateur. Ils les ont vu se dispersé et vu l'un d'entre eux s'approcher la mine grave. Ils l'ont entendu annoncer la triste nouvelle et soudain Jimin n'entendait plus rien, il ne voyait plus rien, ne sentait plus rien. Enfin si, il sentait la solitude, la peine et l'impression d'avoir été abandonné. Au fond de lui il le savait, mais il avait préféré se rattacher à ce bout de lumière qu'on lui répétait tant.

Oui ce jour-là le 18 septembre 2012, son père est mort, à cause d'un accident de la route. Il pleuvait des cordes et travaillant de nuit, sa visibilité était réduite. Il a percuté de plein fouet un gros poids lourd, la voiture a été envoyée valser dans un dangereux fossé. Son père avait reçu un violent coup sur le crâne et la portière plié en deux avait transpercer son bras. Même s'il survivait à ce choc, même s'il survivait à son hémorragie il serait paralysé des jambes et aurait surement perdu la vue du fait que la zone de son cerveau qui s'en charge a été gravement touché. Finalement c'est peut-être mieux qu'il soit parti. Qu'est-ce qu'il aurait été triste assis sur un fauteuil roulant toute la journée et ceux dans le noir le plus total.   

Le blondinet secoue la tête et se passe une main couverte de sueur dans les cheveux. Il se redresse en reniflent et fait glisser ses doigts sous ses paupières pour y essuyer les larmes qui coulent à flot. Il lève les yeux au plafond comme pour rappeler toutes ses larmes. Mais son geste ne sert à rien, elles sont intarissables. 

Son père c'était son modèle, la personne qu'il admirait le plus. Il respirait la bonne humeur et la malice. Il se débrouillait toujours pour passer du temps avec lui malgré son travail de nuit. Ensemble ils faisaient les fous, ils riaient et faisaient rire leur mère et Sunmi. 

D'un geste monotone, il augmente le son de ses écouteurs jusqu'à ce qu'il ait l'impression que ses tympans saignent. Il veut à tout prix s'empêcher de se souvenir. Car il est si vulnérable seul dans cette chambre qui n'est pas la sienne. Il se sent si perdu, et même s'il continue de se voiler la face, il déteste la solitude qui lui rappelle sans cesse qu'il a tout perdu. Mais pourtant cette même solitude lui assure un refuge de calme et loin du monde extérieur, et de la vérité. Il préfère se mentir, paraitre fort, impassible et tout ce qu'il n'est pas, que dévoiler à quiconque son vrai visage. 

En fait il est pitoyable, il déteste les adultes parce qu'ils mentent, ne regarde pas la vérité en face et répète que tout ira bien, mais il est leur égal. 

Jimin retire le verrou de la porte, et se dirige d'un pas trimbalant dans la salle de bain en s'assurant de ne pas faire de bruit. Là seul, face à son reflet il fixe ses yeux bouffis et détourne rapidement le regard, incapable de soutenir ce regard sans expression. Il se jette de l'eau froide sur le visage et décide par la suite de prendre une douche. Ça aura le mérite de lui changer les idées une quinzaine de minutes.

Le blond garde le même rythme de vie pendant quatre jours. C'est à dire rien faire seul enfermé, manger en décalage par rapport à sa famille, rien faire, fixer le plafond, re-rien faire, se doucher, aller aux toilettes et continuer à errer dans l'appartement sans but et en faisant rien. Ce n'est pas fameux, mais c'est à peu près ce qu'il fait depuis plus d'un an et demi donc il est habitué. 

Mi-Jeong s'inquiète beaucoup pour lui, elle ne le voit presque plus et les rares fois ce n'est qu'une fraction de secondes et il fait une tête de déterré. Elle en vaguement parler à Dong-Yul et celui-ci s'est appliqué de la rassurer et que c'est normal que dans son deuil il fasse des hauts et des bas. Son inquiétude ne diminuer pas pour autant. Elle a peur de le laisser seul dans l'appart', même si elle reste loin de lui, elle est plus sereine. Au moins elle ne prend pas de risque, elle sort rarement voir Dong-Yul ou pour mener Sunmi au parc. L'état de son fils la préoccupe jusqu'à dans ses rêves.

Lundi ça à changer.

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