Alfred conserve son lit de camp. Simon veut être sur un bord. Il est de garde cette nuit, pour les pompiers. Il doit pouvoir bouger vite. Philippe sera au milieu. Il ne peut pas risquer de tomber entre deux matelas. Il aura besoin d’ aide pour se lever. Mick reste près de lui. Guilhem ne veut pas lâcher Simon. Kevin bougonne, il ira entre Guilhem et Catherine. Reste Nathan et moi. Je resterai sur le bord, pour ne pas être étouffé par tous ces géants.
Pour une première soirée pyjama sans pyjamas, je suis servi. Ils se marrent comme des gamins.
Les bruits s'étouffent .– mais arrête…
– tu n’ as qu'à changer de position.
– je dors toujours sur mon côté.
– ho, les gosses, on dort.
– ce qui se passe?
– il colle sa queue contre mes fesses, rale Simon.
Rire général.
On finit par s’ endormir.Un froissement, un chuchotement, un rire. Je me reveille. Je vois deux ombres se diriger vers la salle de bain.
Je suis mortifié. Mon corps s'étale sur celui de Nathan. Je veux bouger. Ses bras me retiennent… chut…dors.
Un gémissement discret nous parvient depuis la salle de bain.
Catherine bougonne. On veut dormir.
Gémissement. Mick s’interroge , qui ? Ton frère et Simon.
Les propos graveleux commencent à poindre.
Qui baise l’ autre. Ça ne vous regarde pas. Attention à pas défoncer la porte. Ils ont autre chose à défoncer. Je rougis. Un truc tombe dans la salle de bain.
–ouiiiii…
– putain !!! Ils me do la trique ces petits cons.
Rires tout aussi graveleux. Je sens le sexe de Nathan raide contre le mien, qui se gonfle à peine. Je me sens gêné. Je veux me décaler.
– Bordel, arrête de gigoter .
– C’ est ça Joshua, bouge bien tes fesses
– Connard…
Entre deux fous rires , la voix de Guilhem se lâche.
–Ouiii… plus fort…
– On sait maintenant qui baise l’ autre.
– Y a un enfant ici, taisez vous.
Rires.
Un enfant ? C’ est moi l’ enfant ?
–Attention y'a un vieux ici.
–Toi mon Joshua , tu perds rien pour attendre.
Mick chuchote Philippe ? Non. Rien ? Non. Je le sens se blottir contre son homme.
Dans tout ce rafus, les deux autres se lâchent complètement. Un cri monte dans les aigues suivit d’ un haaannn plus grave.
La Grande Catherine conclut par un tonitruant : amen, le jésus est dans la crèche.
Je mets mes mains sur mes oreilles, tout secoué par les rires de Nathan.
Les deux ombres reviennent. Les corps se cherchent un peu, s’ ajustent. Un ronflement, puis deux. Ils s’ endorment. La respiration profonde de Nathan me berce. Traître. J’ essaye de me convaincre. En vain. Sa main vient masser ma nuque. A mon tour , je plonge.Il doit y avoir une horde de piverts dans le salon ce matin.
Bâillements, ricanements, grognements selon le réveil de chacun. Alfred a fait du café. Le bel élan de la veille semble dissous dans les brumes de l'alcool.
– Il neige.
Les deux femmes arrivent avec des viennoiseries,des antalgiques, des moqueries.
Mick et Kevin veulent aider Philippe à se relever. Il réclame une chaise, prend appui avec son bras valide, pousse sur ses genoux. Il se redresse lentement. La compagnie applaudit. En bon cabotin, il fait une révérence. Les rires reprennentJ’ oscille sur mes pieds. Nathan me retient. On va à la douche ? Oui.
Je viens avec toi. J’ accepte, je ne me sens pas très solide. On se déshabille,il pince les lèvres, me pousse au fond de la cabine. Je n’ai pas pris de douche depuis deux mois. Toilette au lavabo. Il me savonne de la tête aux pieds; tourne-toi, au tour du dos, il frotte chaque recoin. Les cheveux maintenant. J’ ai gardé l' habitude de faire une natte, il la défait, masse mon cuir chevelu
Coller au carrelage, je savoure le plaisir de l’ eau sur ma peau. Il nous sèche, m’ enroule le bassin dans une grande serviette. Il se rhabille. On sort.
Les discussions cessent. Un putain, vite etouffé.
–On va dans la chambre , je l’ habille et on fait les cartons.
– Tu ne discutes pas ! Simon tient la balance.
– Montes. 55 kg pour un mètre quatre-vingt cinq.
Tu sais que, là, c’ est une urgence ? …je devrais t’ envoyer à l'hôpital…
– Simon, on va s’ occuper de lui avec Alfred.
– Tu as intérêt à avaler les canettes , et les soupes. si dans une semaine tu n’ as pas pris un kilo, je ne pourrais pas faire autrement.
– D’ accord Simon, je l’ aide à s'habiller.
– Tu n’ as pas de chaussures? Non. Des chaussons ? Ils ont fini en lambeau en allant voir Philippe.
Il me cale sur le canapé.
– Non, pas la couverture lestée, trop lourde pour lui.
Je me fais tout petit, je me force à grignoter un croissant et un thé. Simon me surveille, furibond.
Mick reprend son commandement. Les ordres fusent, secs, précis.Trouver une camionnette ; Alfred vient d’ appeler la mère de Nathan. Elle arrive avec la fourgonnette de sa ferme.
Déplier les cartons. Moi, mon capitaine, Julie, se précipite. Qui scotche ? Albert. Qui remplit quoi ? Les uns les livres, les autres les écrans, encore un pour les vêtements. Philippe tu veilles sur le gamin.
Marie prépare le repas.
Elle court faire des courses.
Joshua, tu veux tout prendre ? Oui.
Je pense à ma batterie, dans le cellier, derrière la cuisine. Je vérifie le carton.
VOUS LISEZ
Sortir
RomanceDepuis trois longues années, Joshua vit cloîtré dans sa chambre, volontairement. Il fait partie des invisibles, des hikikomori. Son rental brother ne peut plus l'accompagner. Un personnage inattendu, Alfred, va lui permettre d'ouvrir son cœur...